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A qui dois-je obéir ?

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« Discussion : La question soulevée n'apparaît pas immédiatement comme une question philosophique, si l'on considère une question philosophique comme une quête, une recherche de la vérité.

Il semble qu'une telle formulation soit très pragmatique et qu'elle appelle des réponses claires, sous une forme comme celle-ci : les parents, l'État, le patron...

Il faudrait donc tendre à une reformulation de l'énoncé. Suggestion de plan : Première partie : L'obéissance est-elle nécessaire ? Le verbe obéir a immédiatement une connotation négative, il suppose asservissement, négation de soi, renoncement à ses prérogatives. On ne voit donc pas comment il pourrait apparaître autrement que comme une action qui répugne à chacun.

Par ailleurs, l'obéissance peut intervenir dans une multiplicité de domaines, comme celui du privé ou du public, de l'ordre moral ou politique.

Il n'y a d'obéissance que s'il y a du pouvoir o u d u commandement : « Il est toujours facile d'obéir, si l'on rêve de commander.

» Situations (1947) Sartre.

L'un accompagne l'autre, et même, selon la formule de Sartre, l'un facilite l'autre. La posture de l'obéissance est celle de l'homme discipliné et soumis, elle est celle de l'esclave : « Le philosophe n'obéit ni ne commande. Il cherche à sympathiser.

» BERGSON.

L'hypothèse serait donc que l'indépendance s'acquiert à force de liberté de réflexion et que l'obéissance n'est pas le fait de l'esprit libre. « L'esprit ne doit jamais obéissance.

Une preuve de géométrie suffit à le montrer ; car si vous la croyez sur parole, vous êtes un sot ; vous trahissez l'esprit.

» Propos I, 12 juillet 1930 Alain. Deuxième partie : L'obéissance incontournable Le présupposé couramment admis est que le commandement est le propre du chef et l'obéissance le propre du subordonné.

L'obéissance s'incarne tout autant dans le rôle du chef et dans celui du subordonné.

Devoir obéir est pourtant le fait de tout un chacun dès lors que je participe à la société civile. J'obéis au système de lois qui régit le groupe et je ne peux m'en affranchir sauf à risquer la prison ou les effets de la justice.

" Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit, et l'obéissance en devoir.

[...] La force est une puissance physique ; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets.

Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté ; c'est tout au plus un acte de prudence.

En quel sens pourra-ce être un devoir ?" Jean-Jacques Rousseau.

Il n'est donc pas question d'obéir aveuglément à l'expression brutale d'un pouvoir mais d e comprendre que le monde n'est vivable que comme une association d'intérêts qui contraignent les hommes mutuellement.

« Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu'on n'est obligé d'obéir qu'aux puissances légitimes.

» Rousseau, Du contrat social, 1762.

Il existe donc de l'obéissance, mais dont les effets sont alors à penser comme bénéfiques. Troisième partie : L'obéissance comme essor « Quiconque refusera d'obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps : ce qui ne signifie autre chose sinon qu'on le forcera d'être libre.

» Rousseau, Du contrat social, 1762.

Ce qui est vrai à l'échelle sociale est vrai à l'échelle individuelle.

En effet, il n'y a p a s d'enfant qui ne tire profit d'une certaine règle.

L'existence est une expérience continuelle de l'obéissance : celle aux tuteurs, aux maîtres, aux pédagogues puis plus tard aux patrons, voire a u x représentants d e la religion.

« Nous s o m m e s nés dans un royaume : obéir à la divinité, voilà la liberté.

» La vie heureuse, Sénèque. L'apprentissage de l'obéissance est d'abord celui de l'enfant.

Un enfant est naturellement un dictateur en puissance et c'est le rôle des parents d'initier les enfants à l'art d'obéir.

L'école, le monde du travail et la vie en général sont les occasions où poursuivre ou réapprendre l'obéissance. En revanche, l'obéissance comme avilissement, déni de soi et sacrifice de soi à l'autre, n'a évidemment pas d e sens.

Obéir n'est pas subir, se soumettre ni renoncer.

Obéir c'est comprendre et accepter, comprendre les motifs d'un commandement en analysant une situation, confronter cette analyse à nos valeurs et enfin accepter le commandement.

Obéir est donc un acte d'intelligence.

Abordée avec le même recul, la désobéissance est tout autant un acte chargé d'intelligence. De la m ê m e manière, commander n'est pas imposer.

Celui qui commande attend d'être obéi, commander suppose donc d'apporter suffisamment de matière pour le nécessaire travail d'obéissance.

Mais la particularité du commandement est qu'il est à la base un acte d'obéissance.

Dans une entreprise, toute personne amenée à faire acte de commandement le fait en obéissance à un commandement plus haut.

Toute la subtilité de l'acte de commandement est dans cette dualité entre commandement et obéissance. Conclusion : En conclusion on insistera sur l'emploi du verbe « devoir » ; devoir obéir n'est pas la même chose qu'obéir.

Ce sentiment de la contrainte montre qu'il ne s'agit pas d'une reconnaissance du bien-fondé du pouvoir qui s'exerce.

Le sujet trouve alors sa résolution : les hommes sont menés continuellement à des situations d'obéissance, mais celles-ci n'ont de valeur que si celui qui s'y plie en reconnaît la force et la nécessité.. »

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