A quelles conditions une pensée est-elle libre ?
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Introduction:
La pensée est souvent représentée comme le siège de la liberté, dans une cellule de prison, notre corps n'est plus
libre mais notre pensée peut faire ce qu'elle veut.
Mais si la pensée était elle même conditionnée?
Il y a des idées reçues, des certitudes que nous prenons pour des évidences et que nous ne remettons jamais en
question.
La pensée semble libre, elle se voit libre de circuler entre le idées, d'imaginer à l'infini, de délirer, mais ce
sentiment de liberté n'est peut être que le rêve d'un contrôle volontaire.
Peut être que la pensée suit
inconsciemment des lois rigoureuses et qu'elle est, comme le dit Leibniz, comparable à l'aiguille d'une boussole
ignorant les lois du magnétisme qui croirait se mouvoir librement.
Je suis libre de faire des liens entre les idées, mais suis je libre de décider des idées qui sont dans ma pensée?
La liberté est une propriété métaphysique, elle n'est pas palpable, ce n'est pas un objet, le sentiment de la liberté
ne suffit donc pas à dire qu'une pensée est libre, il ne renvoie peut être à rien.
C'est pourquoi on ne peut que
réfléchir sur la liberté et chercher ses conditions.
Problématique:
La pensée est la condition de la liberté, mais la liberté n'étant pas une propriété évidente ou immédiate de la
pensée, celle ci doit s'acquérir selon certaines conditions.
I: Les conditions métaphysiques de la liberté de la pensée.
1.
L'autonomie de la pensée.
Pour que la pensée soit libre, il faut qu'elle ait une part d'autonomie, qu'elle ne soit
pas totalement conditionnée par des causes externes (« hétéronomie »).
La condition métaphysique de la
liberté de la pensée est la capacité produire des séries d'idées selon ses propres lois.
2.
A l' « en soi » des processus naturels, la pensée s'oppose comme le « pour soi », c'est à dire la capacité à se
réfléchir soi même.
Une pierre est « en soi », elle ne peut pas prendre conscience de soi et se mettre elle
même en mouvement.
Un être doué de pensé vit sur le mode du pour soi: il se représente lui même dans le
monde et décide de ses mouvements.
Le « pour soi », le fait de se représenter par la pensée est la condition
de la liberté.
Par exemple comme le dit Sartre, l'expérience de l'imagination montre que la conscience n'est pas
« engluée dans les choses », mais qu'elle est capable de « néantiser » le monde tel qu'il se présente
immédiatement aux sens pour constituer des mondes imaginaires.
3.
La pensée réflexive se distingue de la pensée instrumentale.
Qu'est ce qui distingue la pensée de l'homme de la
pensée d'un ordinateur? C'est la propriété de réflexivité, c'est à dire la capacité à se réfléchir soi même.
Lorsque que l'ordinateur effectue des calculs complexes, il reste dans le champ aveugle de l' « en soi », tandis
que la pensée réflexive ouvre le champ du pour soi et avec lui la possibilité d'interpréter et de donner un sens à
ses opérations au sein du milieu où elle se trouve.
II: Les conditions méthodiques (ou « épistémologiques ») de la pensée libre.
1.
La cohérence.
Pensée incohérente et pensée cohérente se présentent comme deux genres de liberté.
La
première est la liberté de l'absurde, elle manifeste l'indépendance de la pensée vis à vis de tout ordre.
La
deuxième, plus constructive, permet de mener à bien un raisonnement.
Elle permet de critiquer et de dépasser
les idées reçues en ouvrant le champ de la philosophie et de la science.
2.
La méthode.
La progression méthodique évite l'éparpillement, elle trace un chemin pour éviter que la pensée ne
se perde.
Elle porte sur la forme logique des énoncés scientifiques (cohérence interne) et sur les informations
qui y sont contenues (cohérence externe).
Par exemple: la méthode expérimentale consiste à formuler une
hypothèse logique à partir d'une observation puis de la tester empiriquement avec un contrôle rigoureux du
phénomène isolé et testé.
3.
Si la pensée cherche la cohérence et la méthode, c'est par ce qu'elle vise la connaissance.
Connaître, c'est
prendre conscience des causes et intégrer les lois de la nature au pour soi.
La pensée est libre si elle connaît
le monde, qu'elle cesse de le contempler et de le subir comme une pure extériorité.
III: Les conditions éthiques et politiques.
1.
La publicité, c'est à dire le fait de pouvoir rendre publique ses pensées et ses connaissances est selon Kant la
condition politique de la pensée libre.
Il faut que l'information puisse circuler, que l' on ne propose pas que les
idées de l'idéologie officielle.
2.
La pensée doit se libérer de l'opinion.
Tout d'abord d'un point de vue scientifique, les représentations.
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