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A quelles conditions peut-on croire au progrès de l'humanité dans l'histoire ?

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« Le thème de cet énoncé porte sur la relation qu'entretient l'homme, pensé comme humanité, à son histoire qui doit être l'Histoire (personne n'aurait à l'esprit ici de questionner le rapport de l'humanité à l'histoire de l'évolution biologique en tant que constitutive du devenir humain).

Dans cet énoncé, l'humanité définie par ce rapport (à l'histoire) s'inscrit essentiellement dans la temporalité.

Cette temporalité (l'histoire de l'humanité) est-elle progrès ? Il est à souligner que, plutôt que de s'interroger sur l'objectivité effective d'un progrès dans l'histoire de l'humanité, il s'agit, en conformité aux termes de l'énoncé, de penser les conditions de la croyance au progrès.

Ainsi, le progrès est d'emblée circonscrit comme ce qui ne participe pas des faits, mais se situe dans l'orbe de la croyance comme étant l'un des ses objets (croire au…). Dès lors, le problème que pose cet énoncé est en relation directe avec la question des conditions de la croyance : en effet, parler en termes de conditions est un lexique qui suppose une certaine rationalité, voire se réfère à l'exigence de fondation et de démonstration (" quelles sont les conditions de possibilité…" caractérise la démarche critique dès avant Kant) ; mais comment alors fonder en rationalité l'irrationnel de la croyance ? Le paradoxe consiste en la contradiction apparente entre la rationalité des " conditions" et l'irrationalité du " croire". Deux enjeux peuvent structurer le développement du propos : premièrement, interroger le sens du syntagme " l'humanité dans l'histoire" pour en débusquer les impensés ; puis, dans un second temps, tenter de déterminer la signification de l'acte de croyance au progrès pour en juger les fondements, c'est-à-dire les conditions. I.

L'humanité dans l'histoire Parler d'humanité est déjà porteur de lourds présupposés.

Car l'emploi du terme même d'humanité suppose la possibilité d'essentialiser l'homo humanus qui ainsi se trouve substantifié par le tas de son humanitas.

L'humanité se constitue alors comme l'essence à laquelle participe tout homme individuel dans sa singularité, ou individualité. L'humanité se pose ainsi comme l'essence de l'homme.

Relativement à cette essence (ou opération lexicale d'essentialisation), la temporalité de l'histoire se trouve spatialisée par l'emploi de la préposition " dans".

L'essence de l'homme (l'humanité) prend place dans le temps de l'histoire devenu espace. Ces deux opérations (essentialisation de la singularité et spatialisation du temps) sont proprement métaphysiques. En tant que telles, elles sont les instruments (idéologiques) de la raison.

Ainsi pensé comme Histoire de l'humanité, l'histoire de l'homme est rationalisée.

Y faire intervenir la notion de progrès permet simplement d'assigner une dimension eschatologique à ce processus de rationalisation du temps (de l'histoire) et de l'être (qu'est l'homme). Cependant, un problème est de suite soulevé : ledit procès de rationalisation ordonné au progrès historique de manière eschatologique fonde la téléologie du déploiement du temps (de l'histoire) en la croyance – l'eschatologie étant le règne des fins supposant l'espérance dans la foi.

La rationalisation, pour se donner sens, autrement dit orienter le progrès aurait à se fonder en l'irrationnel de l'espoir et de la croyance. En conséquence, les conditions de la croyance au progrès sont constituées par la terminologie même de l'énoncé. Parler de l'homme en termes d'humanité, et de l'histoire spatialisée suppose que l'histoire de l'homme (individuel) soit ce déploiement constant de son essence dans le temps (de l'histoire) dont l'atteinte du terme se fonde en l'espérance.

Penser l'histoire de l'homme comme " humanité dans l'histoire" est déjà la penser en tant que progrès. Ainsi, la condition de la croyance au progrès se trouve être la rationalité crédule.

Rationalité crédule qui, au lieu de procéder à l'examen de ses propres impensés, repose sur l'optimisme et la croyance. II.

La croyance en le progrès La rationalité du progrès, contenue dans les termes d' "humanité" et d' "histoire", se fonde en l'irrationalité de la croyance.

Pour croire au " progrès de l'humanité dans l'histoire", il faut croire, et, qui plus est, croire que l'homme dans son essence soit humain (c'est-à-dire participe de l'humanité) et qu'en tant que tel il se déploie dans la temporalité spatialisée de l'histoire. Le problème consiste ici en ce que la rationalité (ou le susnommé processus de rationalisation) procède de son contraire (l'irrationalité).

Croire au progrès implique d'avoir foi en la raison.

Mais ‘avoir foi en la raison' n'est que la manifestation incidente de l'abdication même de la rationalité.

Cette abdication étant elle-même la condition de l'espoir en la rationalité.

La croyance au progrès n'est ainsi que la conscience qu'a la raison de ne point se suffire à elle-même (dans sa volonté d'auto-fondation) – raison certainement pour laquelle Hegel exclut obstinément l'irrationnel de son système (La raison dans l'histoire). En conséquence, la condition de la croyance en le progrès de l'homme, compris sous sa modalité d'essence (l'humanité), dans l'histoire est la cécité volontaire de la raison, l'aveuglement réflexif de la rationalité à ses propres principes, qui, en dernier lieu, recourt à l'irrationalité de la croyance pour se fonder (et se légitimer). Conclusion - Pour croire en le progrès…, il faut éviter la déconstruction des entreprises tant nietzschéenne – qui nous apprend que toute idéalisation est idolâtrie, ainsi que toute vérité (celle du progrès, par exemple) une illusion qui s'oublie – que foucaldienne – lorsque l'appréhension linéaire de l'histoire est relativisée, et le temps historicisé.. »

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