À quelles conditions peut-on comparer le vivant et la machine ?
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Définition des termes du sujet:
MODÈLE: Le terme recouvre des réalités et des utilisations différentes selon les disciplines dans lesquelles il
intervient.
Au sens courant, il est ce qu'on imite (modèle de comportement, de vêtement, etc.) ; au sens
scientifique, il est plutôt ce qui imite, ou évoque.
Il désigne alors la représentation simplifiée, qui recourt
fréquemment au symbolisme mathématique, des relations et des fonctions intervenant entre les éléments d'un
ensemble ou d'un système.
De ce point de vue, on peut affirmer que l'élaboration de modèles est devenue une
pratique présente dans toutes les disciplines scientifiques.
Au XXe siècle, la modélisation se déploie
particulièrement dans les recherches relevant du structuralisme.
Parce qu'il schématise, le modèle autorise une compréhension plus précise ou efficace.
Mais, dans la mesure où
il laisse de côté les qualités propres des éléments constituant l'ensemble auquel il correspond, il ne peut être
confondu avec la réalité.
VIVANT: L'être vivant est un organisme.
Il n'est pas constitué d'une juxtaposition de parties ajoutées les
unes aux autres.
Ces parties forment un tout car elles sont interdépendantes (le fonctionnement d'une partie
est tributaire de celui des autres) et paraissent toutes participer à une fin commune : le maintien de l'être
vivant en vie.
Parce qu'il est un organisme, l'être vivant est un organisme.
Tout être vivant est un individu au
sens où il forme une unité distincte, ne ressemblant exactement à aucune autre, qui ne peut être divisée sans
être détruite.
Leibniz au XVII ième avait énoncé l'existence d'un principe, nommé principe des indiscernables,
selon lequel il n'y a pas deux êtres identiques dans la nature.
Qu'est-ce qui différencie les organismes vivants des choses naturelles ou objets fabriqués ? Jacques Monod,
généticien, prix Nobel de médecine en 1965, retient dans Le hasard et la nécessité trois critères qui doivent
être présents simultanément dans un être pour que celui-ci puisse être qualifié de vivant.
Le premier est la téléonomie (du grec télos : fin et nomos : loi).
L'être vivant est toujours un être qui, pris
dans son ensemble ou chacune de ses parties, répond à une fonction, donc apparemment à une fin.
Du point
de vue de l'ensemble, l'être vivant semble "fait pour" se perpétuer.
Se perpétuer lui-même, du moins le temps
nécessaire à la reproduction, et perpétuer son espèce.
Du point de vue de chacune des parties, ces dernières
semblent "faites pour" accomplir telle ou telle fonction.
L'oeil est "fait pour" voir, la langue du fourmilier "pour"
attraper les fourmis ...
comme si une fin à réaliser était à l'origine de chaque organe, comme si la fonction
créait l'organe.
Le second critère retenu par Monod est la morphogenèse autonome (du grec morphé : forme et genesis
développement).
L'être vivant est en relation constante avec un milieu extérieur ; néanmoins, le processus de
formation et de développement d'un être vivant est indépendant du milieu extérieur.
Même si, pour son
entretien et sa croissance, un organisme vivant a besoin d'assimiler des substances étrangères (nourriture,
oxygène, gaz carbonique, etc.), même si, sans ce type de relations la vie ne pourrait ni exister, ni se
développer, toujours est-il que sa forme et sa croissance sont régies par une programmation interne qui n'est
pas le résultat des forces extérieures qui s'exercent sur l'être vivant.
Par exemple, un poisson rouge ne peut
survivre sans eau et daphnies, mais aucune force physique ne peut transformer ce dernier en éléphant.
Les
manifestations principales de cette morphogenèse autonome sont l'auto-formation, l'autorégulation et l'autoréparation.
Cette dernière, bien qu'elle ne concerne pas tous les organes, s'étend cependant à un nombre infini
d'agressions et de blessures.
C'est ainsi que l'écorce du pin entaillé se refait, que la pince du crabe repousse et
que les blessures se cicatrisent.
Le troisième critère est l'invariance reproductive.
Les êtres vivants se reproduisent.
En outre, cette
reproduction est marquée par l'invariance, soit complète en cas de reproduction par sissiparité (division des
cellules), soit partielle en cas de reproduction sexuée.
Il existe alors des différences individuelles (à l'exception
des jumeaux univitellins) mais les caractéristiques de l'espèces sont conservées.
Il ne faut pas confondre la
variabilité des individus et l'invariance propre à l'espèce.
Ces trois critères, présents en un même être, nous permettent-ils de distinguer assurément le vivant de l'inerte
? Après tout les machines sont également des objets téléonomiques, les machines peuvent s'autoréguler et les
ordinateurs, en raison de la programmation, ont une certaine autonomie.
Il est moins aisé qu'il ne le paraît au
premier abord de dégager des critères permettant de différencier un être vivant d'une machine complexe
toutefois, la machine ne se reproduit pas, ne croit pas et connaît une autonomie très limitée.
COMPRENDRE / EXPLIQUER : Comprendre, c'est connaître un phénomène de l'intérieur, par son sens, en
déchiffrant sa singularité.
Dans les sciences, expliquer c'est ramener la diversité des phénomènes à des causes
(leurs conditions de production) et à des lois permettant d'en faire des cas particuliers.
Machine
Du grec, mèchané, « ruse ».
Traditionnellement, la machine est considérée comme une ruse contre la nature.
Elle sert de modèle à la science et notamment à la physique.
La nature entière peut ainsi être considérée
comme une machine dont il s'agit de percer les rouages.
Le vivant, à partir du XVIIème siècle, commence à être vu comme une machine : on se passe de toute notion
d'âme, de propriétés qualitatives, etc.
En somme, la notion de vie elle-même devient inutile.
L'idée de
mécanisme, et ses avantages (démystification de la nature, puissance dans le domaine médical), est un bon
point de départ.
Cependant, le modèle mécanique n'est pas sans défaut : la machine est fabriquée par un être
intelligent, l'homme, et dans un but.
Le vivant ressemble à cela ; de là à en inférer que le vivant obéit à des
causes finales et est le fruit d'une intelligence supérieure, il y a un pas délicat.
Problématique par excès, ce
modèle l'est peut-être aussi par défaut : peut-on rendre compte de la spontanéité, de la capacité d'adaptation.
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