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À quelles conditions peut-on comparer le vivant et la machine ?

Extrait du document

« 1.

La science compare le vivant et la machine. Un certain nombre de conclusions spécifiques conduisent à penser le vivant sur le modèle de la machine.

Il y a alors « modèle mécanique » (le mot « mécanique » vient du mot « machine »). Exemple 1 : au XVIIe siècle, Harvey met en évidence le rôle du coeur, en s'inspirant du modèle de la pompe. Exemple 2 : aujourd'hui, la notion de « programme » est empruntée par la génétique aux machines à calculer électroniques. 2.

Cette comparaison suppose une réduction du vivant à l'inerte. — Le vivant obéirait, comme les machines, aux lois du mouvement.

Il y a alors modèle mécanique au sens strict du mot, car la mécanique est la partie des mathématiques et de la physique qui étudie le mouvement.

Exemple : Descartes, les « animaux-machines ». Le corps n'est que matière ; l'essence de la matière c'est l'étendue.

Les corps s'expliquent donc par les lois du mouvement.

Les animaux sont comme des machines. La cinquième partie du "Discours de la Méthode" expose la physique cartésienne, forme résumée du Traité du monde ; c'est une déduction rationnelle des principales lois de la nature à partir d'un chaos initial fictif.

« Démontrant les effets par les causes » (V), il s'appuie sur le principe mécaniste d'une nature explicable par figure et mouvement, et fait ainsi l'économie du recours à la notion d'âme (il développe l'exemple de ses travaux sur les fonctions cardiaques).

C'est particulièrement dans l'étude du vivant qu'un tel geste se trouve mis en relief.

De là, le modèle de la machine ou de l'automate pour penser le corps animal et ses divers mouvements, l'image technique ayant pour vocation de souligner ici l'approche mécaniste du monde naturel.

Mais, là où l'animal peut s'y réduire complètement (car il est tout matière), on doit reconnaître en l'homme, et en l'homme seulement, une composition de deux substances : machine jusqu'à un certain point (le corps), ce qui le caractérise en propre reste l'exercice de la pensée qui, elle, est immatérielle.

Parler avec à propos est le signe extérieur d'une telle spécificité. — O n peut généraliser : on explique le vivant, non plus seulement par la mécanique au sens strict, mais par l'ensemble des « mécanismes » physiques et chimiques. — Ces thèses sont matérialistes et réductionnistes : le plan supérieur de la vie se réduit au plan inférieur de la matière inerte.

La biologie n'existe pas ou n'est qu'une sous-partie de la physique et de la chimie. La biologie, chapitre de la physique (Descartes). Descartes, préoccupé de physique et, en particulier, de mécanique (= étude de l'enchaînement des causes, qui se dit en grec : mékanè), a considéré curieusement que les animaux sont des machines (théorie de l'animal-machine).

« C'est la nature qui agit en eux, selon la disposition de leurs organes; ainsi qu'on voit qu'un horloge (— une horloge), qui n'est composé que de roues et de ressorts, peut compter les heures, et mesurer le temps, plus justement que nous avec toute notre prudence » (Discours de la Méthode, 1637). Le problème de l'union de l'âme et du corps. a) La hiérarchie des âmes selon Aristote.

Aristote distinguait, dans son Traité de l'Ame : • L'âme végétative, principe de la nutrition et de la croissance des plantes; • L'âme sensitive, principe de la sensation et de la locomotion chez les animaux; • l'âme rationnelle (ou dianoétique), qui — chez l'homme — couronne les deux précédentes. b) Chose qui pense ou matière brute.

Descartes rejette absolument ces distinctions.

« Il n'y a en nous, écrit-il, qu'une seule âme, et cette âme n'a en soi aucune diversité d e parties : la m ê m e qui est sensitive est raisonnable, et tous ses appétits sont des volontés » (Traité des Passions, art.

47; 1649). Ceci implique que les animaux, qui ne pensent pas, ne connaissent ni le plaisir ni la douleur. c) L'insoluble question de l'union de l'âme et du corps. • Le corps de l'homme aussi est donc en tous points comparable à une machine (un médecin du XVIIIe s.

écrira même un ouvrage intitulé : L'Homme-machine, 1748). L'homme-machine dérive de l'animal-machine de Descartes mais La Mettrie entend pousser le mécanisme cartésien jusqu'au maximum d e s e s conséquences logiques: tout ce que la métaphysique cartésienne attribuait à l'âme (pensées, ides innées) peut être expliqué matériellement.

Tout en l'homme n'est que mécanisme et il revient à la science d'en rendre compte. • Comment expliquer alors l'union vécue de la « substance étendue » (= la matière) du corps et de la « substance pensante » (= l'âme) ? Descartes localise bizarrement dans la glande pinéale (petite glande située au-dessus du cerveau moyen, que nous nommons aujourd'hui : épiphyse), le point de jonction entre les volitions de l'âme et les mouvements du corps de l'homme.

(Evitez : « le gland pinéal », perle célèbre rencontrée dans certaines copies !) • « Toute l'action de l'âme consiste en ce que, par cela seul qu'elle veut quelque chose, elle fait que la petite glande à qui elle est étroitement jointe, se meut en la façon qui est requise pour produire l'effet qui se rapporte à cette volonté » (Traité des Passions, art.

41; 1649). 3.

Cette comparaison suppose que le vivant s'ordonne à une fin. — La comparaison avec la machine suppose pourtant autre chose.

La machine utilise des mécanismes physiques, mais les utilise en vue d'une fin.

La machine est une invention d e l'intelligence humaine qui en agence les parties en vue d'un effet à produire.

Donner un modèle mécanique du vivant, c'est donc aussi affirmer la finalité de celui-ci : par exemple, l'oeil sert à voir. — Conclusion : la comparaison du vivant et de la machine véhicule deux exigences contradictoires. • Montrer comment l'inerte, par une série de processus aboutit à la vie.

C'est une explication par les causes. • Montrer comment, dans le vivant, tout s'ordonne à un but.

C'est une explication par les fins. Or, comment une aveugle nécessité peut-elle, d'elle-même, donner lieu à des êtres dans lesquels tout s'ordonne à une fin ? On pourrait certes pousser l'image jusqu'au bout : comme la machine est le produit de l'intelligence humaine, le vivant serait l'oeuvre d'un grand Artisan.

Mais cela ne dispense pas de comprendre comment, en Dieu, la causalité et la finalité s'accordent en un unique principe.. »

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