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A quelles conditions l'affirmation je sais" est-elle légitime?"

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« Introduction : Kant l'a bien souligné, la raison humaine est toujours portée à se poser des questions et à chercher à connaître ce qu'elle ne pourra jamais atteindre.

L'homme est avide de savoir, et ne se satisfait jamais pleinement des réponses qui lui sont offertes.

Il aimerait pouvoir affirmer « je sais » sur toutes choses.

Hélas, c'est souvent lorsqu'on commence à savoir des choses que l'on mesure encore plus l'étendue de notre ignorance, et l'apparente impossibilité à savoir.

Comment peut-on dire « je sais » sur une chose si l'on ne connaît pas toutes choses ? Ne peut-on supposer que ce que l'on ne sait pas pourrait invalider ce que l'on croit savoir ? Comment être sûr de ce que l'on sait vraiment ? A quelles conditions l'affirmation "je sais" est-elle légitime, c'est-à-dire, à quelles conditions a-t-on le droit d'affirmer « je sais » ? 1ère partie : Seul l'homme ignorant affirme « je sais ». -Lorsqu'on affirme « je sais », on s'implique soi-même, nous sommes seuls maîtres de ce que nous avançons.

On peut alors dire que cette affirmation est légitime dans la mesure où nous sommes convaincu de savoir, où nous n'avons aucune intention de mentir et que nous sommes au contraire dans une démarche d'honnêteté envers nousmême et les autres, d'intégrité et de franchise.

Dans ce cas, quand bien même l'affirmation sur ce que l'on dit savoir serait fausse, c'est en toute légitimité que nous avons affirmé « je sais », car nous étions convaincu du bien-fondé de nos propos. -« Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien », avait coutume de dire Socrate à ses interlocuteurs.

Il semble qu'on ne peut jamais être certain de savoir, mais que l'on doit seulement chercher à savoir, en restant humble sur la force de vérité de nos acquis. Je sais que je ne sais rien. Cette phrase est attribuée à Socrate par son disciple Platon.

On en trouve la source dans l' « Apologie de Socrate » qui narre le procès intenté à Socrate par la ville d'Athènes alors que notre homme était âgé de 70 ans.

Dans ce beau texte, Platon fait le récit de la vocation philosophique de son maître et des raisons véritables de son procès. On y voit Socrate enquêtant auprès de ses concitoyens pour savoir pourquoi l'oracle de Delphes l'avait déclaré le plus sage des hommes.

Il s'attire ainsi des inimitiés qui amènent sa condamnation à mort. Socrate est en quelque sorte le patron des philosophes, au point que l'on appelle « présocratiques » les penseurs antérieurs, comme si Socrate était l'origine de notre calendrier philosophique, à la façon dont Jésus-Christ l'est de notre ère. Or, Socrate, que l'on considère encore aujourd'hui comme « le plus pur penseur de l'Occident » (Heidegger), est un personnage qui n'a rien écrit, dot toute l'activité s'est concentrée sur le dialogue avec ses concitoyens.

Les renseignements que nous avons concernant sa vie et sa pensée proviennent donc essentiellement de ses deux principaux disciples, Xénophon et surtout Platon. La déclaration de Socrate : « Je sais que je ne sais rien » est une pièce centrale de son procès. Ce procès, qui allait voir la condamnation à mort de l'homme « le plus sage et le plus juste », n'est pas seulement resté comme un exemple du courage de l'homme face à la mort, comme un exemple du juste injustement persécuté. Il n'a pas seulement alimenté les parallèles avec la fin de Jésus ; il a signé le divorce entre la philosophie et la politique.

Qu'une cité comme Athènes, démocratique et respectueuse des lois, ait pu commettre un pareil crime, une telle injustice, cela allait détourner Platon de la politique, et plus fondamentalement entraîner la conviction que : - les affaires humaines et notamment la politique sont indignes et de peu de prix. - Puisqu'antagonisme il y a entre le philosophe et la cité, et que la dernière persécute le premier, il n'y aurait de cité bien organisée et de philosophie possible dans la paix « que quand les philosophes seront rois et les rois philosophes ». On trouve la phrase étudiée dans le contexte suivant : Socrate explique que l'un de ses amis était allé à Delphes demander à l'oracle s'il y avait un homme plus sage que Socrate, et la réponse fut non. Socrate se trouve alors confronté au sens des paroles du dieu, car, s'il ne se croit pas lui-même sage, il ne peut remettre en cause les paroles d'Apollon.

Il décide alors de se livrer à une enquête auprès de tous les hommes sages ou prétendument tels de sa ville : les hommes d'État, puis les poètes, puis les artisans.

Dans tous les cas, la conclusion de Socrate peut se résumer ainsi : « Je suis plus sage que cet homme-là.

Il se peut qu'aucun de nous deux ne sache rien de beau ni de bon ; mais lui croit savoir quelque chose, alors qu'il ne sait rien, tandis que moi, si je ne sais pas, je ne crois pas non plus savoir.

Il me semble donc que je suis un peu plus sage que lui par le fait même que, ce que je ne sais pas, je ne pense pas non plus le savoir.

» Il faut prendre au sérieux cette définition d'une sagesse « toute humaine », et la relier à son art du dialogue et à sa conception de la philosophie.

Socrate, interrogateur infatigable et grand « bousilleur » d'idées reçues, tente toujours de dénoncer les idées toutes faites, les clichés, bref l'illusion de savoir. Socrate, dialoguant avec ses concitoyens, ne cherche pas à leur délivrer une vérité préfabriquée qu'il ne possède d'ailleurs pas.

Il cherche à mettre en évidence l'insuffisance de réponses traditionnelles, et à retrouver avec son interlocuteur, par un effort de pensée véritable, la signification réelle des notions communes.

Ainsi tous les citoyens d'Athènes croient-ils savoir ce qu'est le courage, ou la liberté, ou la vertu.

Ainsi, en réponse, Socrate passe-t-il son temps à leur montrer que leurs définitions n'en sont pas, qu'ils se contredisent.

On comprend que ses concitoyens se soient crus agressés, d'où l'origine véritable du procès. Mais ce travail de « déblaiement » n'est pas entièrement négatif.

Il s'articule autour de la volonté réelle de chercher ce qu'est un acte juste, ce qu'est la justice.

Il s'articule autour du désir de comprendre les actes des hommes et. »

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