À quelle logique obéit l'État totalitaire ?
Extrait du document
«
Définition des termes du sujet:
LOGIQUE: a) Comme nom, science des lois de la pensée.
b) Comme adjectif, se dit d'un discours dans lequel les
arguments s'enchaînent de façon cohérente.
État
Ensemble durable des institutions politiques et juridiques qui organisent une société sur un territoire donné et
définissent un espace public.
Le problème essentiel est celui de la légitimité des fondements de l'État.
Toutefois, cette conception libérale de l'État ne peut-elle pas être soupçonnée de dissimuler en fait un rapport de
force ? Selon Marx, tant que règnent la propriété privée des moyens de production et l'exploitation de l'homme par
l'homme qui en est la conséquence, la classe possédante se sert de l'État pour imposer sa domination par la force
matérielle et par l'idéologie qu'elle impose à la société tout entière.
Sous le régime capitaliste, l'État, en théorie
expression de l'intérêt général de la société, est en fait le gérant des intérêts de la bourgeoisie.
L'existence de l'État
ne découle pas d'une tendance de la nature humaine mais d'une forme particulière de propriété.
C'est pourquoi,
selon Marx, une façon plus radicale d'en finir avec « le gouvernement des hommes » réside dans l'espoir d'une
disparition complète de l'État, ce qui est inscrit, selon lui, dans la logique de l'histoire humaine.
Selon la conception
marxiste, l'histoire des sociétés a toujours été celle de la lutte des classes.
Si les classes disparaissent, les causes
des conflits sociaux disparaîtront aussi, et l'État, ayant perdu sa raison d'être, pourra dépérir comme un organe
inemployé.
Mais pour parvenir au communisme, ou société sans classes, disent les disciples de Marx, on ne peut se
contenter de décider, comme le veulent les anarchistes, disciples de Proudhon et de Bakounine, la disparition
immédiate de l'État.
Pour déloger la classe capitaliste de sa position dominante et pour réorganiser la société sur
une base collectiviste, le prolétariat devra exercer à son tour sa dictature.
La dictature du prolétariat chez MARX
De la même manière que le passage du féodalisme au capitalisme a été
fort lent, le passage du capitalisme au communisme ne saurait être
immédiat et il y a, à partir de Marx, un véritable débat sur la transition
entre les deux modes de production.
Ce débat porte en fait sur deux
étapes étroitement confondues que l'on peut distinguer pour l'analyse :
celle de la révolution, c'est-à-dire des voies par lesquelles le prolétariat
remplace la bourgeoisie comme classe dominante (en s'emparant des
moyens de production et de l'État), et celle de la dictature du
prolétariat, processus long durant lequel ce dernier transforme la
production et l'État selon ses intérêts de classe pour aboutir au
communisme.
La phase transitoire est celle du socialisme.
Ce double débat a occupé Marx dans la Ife Internationale des
travailleurs contre les anarchistes ou contre les réformistes, puis dans le
parti social-démocrate allemand contre les partisans de Ferdinand
Lassalle (1825-1864), socialiste réformiste de tendance nationaliste
[Critique du programme de Gotha, 1875].
Au début du xx siècle, il est au
coeur des écrits des socialistes européens et de ceux de Lénine [L'État
et la Révolution, 1917] toujours en lutte contre les réformistes ou les «
gauchistes » [La Maladie infantile du communisme — le « gauchisme »,
1920].
Le même débat et les mêmes désaccords conduisent à la scission des partis ouvriers en « partis
révolutionnaires » (communistes) et « partis réformistes » (socialistes ou sociaux-démocrates).
Après 1960, les
affrontements théoriques reprennent de plus belle, en particulier en France, en Italie et en Amérique latine, sur
les modalités de la révolution (insurrection populaire ou voie pacifique, c'est-à-dire essentiellement par le
suffrage universel).
En même temps, le débat s'approfondit sur la transition vers le communisme à partir non
pas seulement des pays du socialisme réel d'Europe et d'Asie, mais surtout des pays nouvellement
indépendants (Algérie, Congo, Corée du Nord, Égypte...) ou ayant réalisé leur révolution (Cuba, Chili...).
Chez Marx, la dictature du prolétariat possède des aspects assez différents selon les textes : plutôt jacobine
et centralisée dans la Critique du programme de Gotha (1875), elle apparaît plus décentralisée dans La Guerre
civile en France, qui rend compte de la Commune de Paris.
La dictature révolutionnaire du prolétariat, proposée
dans le premier texte, est la mise en oeuvre du programme du Manifeste : «Le prolétariat se servira de sa
suprématie politique pour arracher petit à petit tout le capital à la bourgeoisie, pour centraliser tous les
instruments de production entre les mains de l'État, c'est-à-dire du prolétariat organisé en classe dominante et
pour augmenter, au plus vite, la quantité des forces productives.
Le pouvoir politique, à proprement parler, est
le pouvoir organisé d'une classe pour l'oppression d'une.
autre.
Si le prolétariat, dans sa lutte contre la
bourgeoisie, se constitue forcément en classe, s'il s'érige par une révolution en classe dominante et comme
classe dominante détruit par la violence l'ancien régime de production, il détruit en même temps que ce régime
de production les conditions de l'antagonisme des classes, il détruit les classes en général et, par là même, sa
propre domination comme classe » [Manifeste du parti communiste, p.
67 et p.
69].
Si, dans ce texte, l'analyse
en termes de lutte de classes est plutôt abstraite, c'est-à-dire qu'elle n'accorde pas d'intérêt à la mise en
oeuvre concrète de la dictature du prolétariat, l'analyse de la Commune de Paris comble cette lacune par.
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