A quelle condition la loi est - elle condition de la liberté?
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Introduction
-Etre libre, c'est être indépendant par rapport à ce qui peut nous déterminer de l'extérieur.
-Or, cela ne signifie pas que la liberté doive se passer de la soumission à certaines lois, car la liberté n'est pas
l'indétermination totale : pour pouvoir être indépendant par rapport à certaines lois extérieures, il faut obéir à
d'autres lois qui nous permettent de nous arracher au déterminisme externe.
-Quelles formes de lois constituent-elles les conditions de l'exercice de la liberté ? Peut-il y avoir une forme de
correspondance entre diverses formes de lois pour pouvoir rendre la liberté possible (celle-ci constituant une forme
d'indépendance par rapport à un autre type, encore, de lois) ?
I.
L'obéissance aux lois de la cité constituent la condition de la liberté du tout politique, sous la forme de
l'autarcie (Platon).
-Livre IX des Lois : les lois sont nécessaires, car elles instaurent une hiérarchie entre ce qui est favorable à l'intérêt
commun, et ce qui est favorable aux intérêts personnels.
Ces derniers constituent un élément de désunion sociale
(c'est la le danger interne de toute démocratie), tandis que la loi, qui vise l'intérêt commun, en constitue l'élément
unificateur.
L'obéissance aux lois permet de maintenir la cohésion sociale.
-Livre III et IV de la République : les hommes doivent collaborer pour subvenir à leurs besoins communs, c'est
pourquoi ils constituent un groupe, au sein duquel chaque membre doit s'occuper d'une tâche particulière qui doit
s'articuler organiquement avec toutes les autres tâches particulières traitées par les autres membres.
C'est au prix
d'une telle division des fonctions sociales qu'une société unie peut prendre forme et subvenir à ses propres besoins.
Elle devient ainsi autarcique, et donc libre.
Et cette autarcie dépend de l'obéissance de chacun des membres de la
Cité aux lois qui régissent l'ensemble du corps politico-social, ces lois étant fixées par l'élite philosophique, qui
occupe ainsi une fonction directrice au sein de la Cité.
Ainsi que le rappelle Léo Strauss en tête de son ouvrage « La cité et l'homme », la tradition tient Socrate pour le
fondateur véritable de la philosophie politique.
Cicéron aurait dit de lui qu'il « fut le premier à faire descendre la
philosophie du ciel pour l'établir dans les cités, pour l'introduire également dans les foyers, et pour l'obliger à faire
des recherches sur la vie et les manières des hommes aussi bien que sur le bien et le mal ».
en ce sens, il n'est pas
d'histoire de la pensée politique qui ne doive commencer avec ce livre majeur que constitue la « République ».
Rédigé par Platon, ce livre expose la conception de la justice de Socrate.
Tout y est présenté sous la forme
habituelle mais hautement complexe du dialogue.
Répondant aux questions de ses interlocuteurs, Socrate
développe une image de la cité idéale.
Socrate n'est-il que le porte-parole de Platon, un simple personnage dont le
philosophe se sert pour exprimer ses propres idées tout en restant masqué ? A l'inverse, Platon n'est-il rien d'autre
que le fidèle secrétaire du maître dont il se contente de noter scrupuleusement la pensée ? Et dans ce jeu mobile et
contradictoire où s'enchaînent et s'entraînent questions et réponses sans que l'ironie soit jamais totalement
absente, est-il seulement légitime de dégager une doctrine ? Derrière la fausse simplicité d'une conversation entre
philosophes, l'art du dialogue soulève d'insurmontables difficultés qu'il nous faudra ici ignorer pour tenter de cerner
l'image du politique qui se dégage de la « République ».
Dans cet ouvrage, Socrate présente donc l'idée qu'il se fait de la cité idéale.
Il décrit une société fortement
hiérarchisée au sein de laquelle les « gardiens » forment une classe dans laquelle règne une communauté parfaite.
Au livre V, Glaucon, qui est l‘un de ses principaux interlocuteurs, demande à Socrate si une cité aussi parfaite que
celle qu'il a décrite peut exister dans la réalité.
Avec beaucoup de prudence, car il sait ce que sa réponse peut avoir
de ridicule et de scandaleux, Socrate répond qu'une seule réforme est nécessaire à qui veut changer radicalement
la société: il suffit que se conjuguent le pouvoir politique et la philosophie.
Socrate déclare : « Tant que les
philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelle aujourd'hui rois et souverains ne seront pas
vraiment et sérieusement philosophes ; tant que la puissance politique et la philosophie ne se rencontreront pas
dans le même sujet ; tant que les nombreuses natures qui poursuivent actuellement l'un ou l'autre de ces buts de
façon exclusive ne seront pas mises dans l'impossibilité d'agir ainsi, il n'y aura de cesse, mon cher Glaucon, aux
maux des cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain, et jamais la cité que nous avons décrite tantôt ne sera
réalisée, autant qu'elle peut l'être, et ne verra la lumière du jour.
Voilà ce que j'hésitais depuis longtemps à dire, prévoyant combien ces paroles heurteraient l'opinion commune.
Il est
en effet difficile de concevoir qu'il n'y ait pas de bonheur possible autrement, pour l'Etat et pour les particuliers.
»
Socrate va s'attacher à justifier une proposition qui, aux yeux de ses interlocuteurs, ne peut être reçue que comme
un insoutenable paradoxe.
Pour ce faire, il entreprend de construire une définition de la philosophie.
En ce sens, la « République » est autant
un traité de la philosophie qu'un traité de la politique.
Par là même se marque combien, aux yeux de Platon, sont
indissociables ces deux dimensions : celle du savoir et celle du pouvoir.
Encore faut-il s'entendre sur ce que sont les « vrais philosophes ».
Socrate les présente comme « ceux qui aiment
le spectacle de la vérité ».
Mettant en place l'opposition, fondamentale dans la doctrine Platonicienne, entre la
science et l'opinion, il oppose les vrais philosophes à ceux qui, amoureux des apparences, sont incapables de
s'élever jusqu'à la vision du Beau et du Juste, et qui ne méritent pas le nom de « philosophe » - «qui aime la
sagesse » - mais celui de « philodoxe » - « qui aime l'opinion ».
C'est aux philosophes et non aux philodoxes que doit revenir le gouvernement de la cité.
Au début du livre VI,
Socrate trace des premiers un portrait particulièrement élogieux : le philosophe est « par nature, doué de mémoire,
de facilité à apprendre, de grandeur d'âme et de bonne grâce » ; il est « parent de la vérité, de la justice, du
courage et de la tempérance ».
Comment dans ces conditions, lui refuser le gouvernement de la cité ?.
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