A quelle condition la loi est-elle condition de la liberté?
Extrait du document
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1.
Les lois, limites pour la liberté
a) Les lois scientifiques
• La définition traditionnelle de l'homme comme sujet libre, c'est-à-dire capable de choisir ses actes par sa volonté
propre, indépendamment de toute contrainte extérieure, suppose toujours qu'il échappe en quelque sorte aux lois et
déterminismes naturels.
Ainsi, dans la philosophie de Descartes, l'homme, en tant qu'il a un corps, est soumis aux
lois naturelles ; mais son âme, ou conscience, est posée comme une volonté radicalement libre.
• Les sciences humaines contemporaines dénoncent l'illusion d'une conscience libre.
Sociologie, psychanalyse ou
linguistique cherchent à découvrir les lois qui définissent à son insu les conduites de l'homme et qui les rendent, en
droit, prévisibles comme n'importe quel phénomène naturel.
• Ainsi, semble-t-il y avoir incompatibilité, en première analyse, entre l'existence d'un sujet libre et celle de lois qui le
déterminent.
b) Les lois morales et politiques
• Si l'on considère l'individu comme un être qui vit nécessairement à l'intérieur d'une culture, d'une société, on
soulignera que sa liberté «s'arrête où commence celle des autres.
Cette limite à l'exercice de la liberté individuelle
est fixée par des règles morales et/ou juridiques, sous forme d'impératifs, de devoirs, d'obligations, d'interdictions,
etc.
• Schopenhauer pouvait donc écrire : "On n'est libre qu'étant seul.
Les lois de la société, quelle qu'en soit la forme,
circonscrivent ma liberté : je n'ai pas le droit de faire tout ce que je serais capable de faire si j'en décidais seul".
• Ces perspectives sont proches de celles de l'opinion.
Ne sont-elles pas contestables, malgré leur apparente
évidence ?
2.
Les lois, moyens de réaliser la liberté
a) Les lois scientifiques Spinoza
• Pour ce philosophe, être libre, c'est agir selon les lois de la nature.
La liberté
d'affirmer ou de nier est une fiction : -Les hommes se trompent en ce qu'ils
pensent être libres, et cette opinion consiste uniquement pour eux à être
conscients de leurs actions et ignorants des causes par lesquelles ils sont
déterminés.
L'idée de leur liberté, c'est donc qu'ils ne connaissent aucune
cause à leurs actions.
Car il disent que les actions humaines dépendent de la
volonté, mais ce sont des mots, qui ne correspondent à aucune idée".
(Éthique, II, 25, scol.) La liberté authentique se donne comme l'intériorisation
de la nécessité.
• D'autre part, la connaissance des lois de la nature, parce qu'elle rend
possible une prévision rationnelle, ne permet-elle pas de construire des
techniques qui en sont l'application et qui peuvent être libératrices ? Ainsi
peut-on d'autant mieux prévenir ou guérir une maladie, donc s'en libérer,
qu'on en connaît mieux les mécanismes et les lois.
b) Les lois morales et politiques
Rousseau
• Si l'homme naturel parait plus libre que l'homme qui vit en société, il est en
fait comme un animal soumis à "l'impulsion du seul appétit".
(Contrat social, 1, 8).
Seule l'existence sociale rend
possible intelligence, maîtrise de soi et donc liberté authentique.
• Dans un État idéal, la volonté individuelle ne serait pas simplement limitée par les volontés des autres individus.
Chaque individu a en effet la capacité et l'intelligence de vouloir le bien commun ; obéir à des lois qui seraient
l'expression de la Volonté générale, ce serait donc obéir à sa propre volonté bien comprise et ainsi être libre.
Dans
ce que nous pouvons nommer une démocratie idéale, il n'y aurait plus incompatibilité entre une liberté essentielle à
l'humanité et une solidarité non moins vitale.
Les lois seraient ce par quoi s'accomplit la liberté des hommes.
• Cet idéal politique est inséparable d'une problématique morale.
Ainsi selon Kant : le Devoir authentique est
l'obéissance à la loi que pose la raison ; faire son devoir, c'est être autonome et donc libre.
Le principe de la moralité réside dans l'autonomie, soit la faculté de se déterminer soi-même de par une législation
rationnelle.
L'homme est lié à son devoir par une loi qui ne lui est pas extérieure.
Aucun intérêt ne vient le forcer à
faire son devoir, aucune force étrangère à sa propre volonté ne vient le contraindre.
Si le devoir procédait d'une contrainte, l'homme ne serait pas libre mais hétéronome, c'est-à-dire sous la
dépendance d'une loi qui ne procède pas de lui-même.
Le devoir ne se définit que par l'autonomie de la volonté.
Être
libre et moral, c'est agir conformément à sa propre volonté législatrice universelle.
Cette loi du devoir, bien qu'en nous, vise l'universalité.
Le principe suprême du devoir est inconditionné et absolu.
La
volonté n'y est pas intéressée, et elle n'est pas non plus motivée par la crainte d'un châtiment ou d'une sanction s'il
y a désobéissance.
Dans l'accomplissement du devoir, la volonté est fondée sur un principe d'autonomie :
"L'autonomie de la volonté est cette propriété qu'a la volonté d'être à elle-même sa loi (indépendamment de toute
propriété des objets du vouloir).
Le principe de l'autonomie est donc : de choisir de telle sorte que les maximes de
notre choix soient comprises en même temps comme lois universelles dans ce même acte de vouloir.".
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