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L'Ange Raphaël quittant Tobit et sa famille de Rembrandt
Certains personnages de la Bible fascinaient Rembrandt.
Il les suit durant tous les épisodes de leur histoire.
Tobit, le
vieillard aveugle, son fils Tobie et sa femme, font partie de ces familiers du peintre.
Ici, Rembrandt raconte l'histoire
de la rencontre de l'ange Raphaël avec la famille de Tobit.
Ce dernier avait envoyé son fils Tobie en Médie chercher
une somme d'argent.
En chemin, il rencontra un mystérieux personnage qui le guida.
Arrivée en Médie, Tobie épousa
Sara puis rentra chez lui célébrer ses noces.
A la fin du repas, le compagnon de voyage de Tobie lui révéla sa
véritable identité :
"Je suis Raphaël, l'un des sept anges qui se tiennent toujours prêts à pénétrer auprès de la Gloire du Seigneur"
(Tobit 12, 15.)
Tobie et Tobit, "remplis d'effroi", se prosternèrent.
L'ange leur dit alors : "Ne craignez rien, la paix soit avec vous.
Bénissez Dieu à jamais.
(Tobit, 12, 17.) Je vais remonter à Celui qui m'a envoyé.
Ecrivez tout ce qui est arrivé.
Et il
s'éleva." (Tobit, 12, 20.)
Rembrandt décrit la scène avec une infinie délicatesse.
Il a merveilleusement su traduire l'expression de chacun des
personnages.
Le vieillard qui tombe dans l'adoration de Dieu, Tobie étonné et admiratif, Sara qui joint les mains pour
prier, la mère qui s'évanouit d'émotion et même le chien recroquevillé d'effroi.
Mais c'est de l'ange de Dieu qu'émane
la lumière.
Personnage divin qui capte l'attention et crée cette incroyable atmosphère qui ne peut que frapper le
spectateur.
La vie de Rembrandt est tendue par deux ambitions.
Jusqu'en 1642, Rembrandt n'a d'autre volonté que
d'être le premier des peintres d'Amsterdam.
Jusqu'en 1669, année de sa mort le 4 octobre, Rembrandt
veut être le premier des peintres de son temps.
Jusqu'en 1642, c'est à la fortune et à la renommée qu'il
voue son oeuvre.
A partir de 1642, il ne rend plus de comptes qu'à la peinture.
Jeune peintre associé à Jan
Lievens à Leyde, il ne songe à vingt ans qu'à prouver qu'il est peintre d'histoire et qu'il est capable de
peindre des portraits qui répondent à l'attente de modèles sûrs de leur foi comme de leur fortune.
C'est
que la peinture d'histoire est le premier des genres dans la hiérarchie que les guildes et les académies ont
instaurées en Europe depuis presque deux siècles.
C'est que le portrait est le plus sûr moyen d'attirer à soi
une clientèle bourgeoise qui veut tenir tête à la noblesse de l'Europe.
Dès 1631, Rembrandt est à
Amsterdam.
Il a vingt-cinq ans.
La Leçon d'anatomie du professeur Tulp, qu'il peint un an plus tard somme
que l'on reconnaisse immédiatement la puissance et la pertinence de sa peinture.
Cette toile est l'une des
premières qu'il signe de son seul prénom, Rembrandt.
Signer ainsi c'est vouloir être confondu dans la
gloire avec ceux que l'on nomme de la même manière par leurs seuls prénoms ou surnoms, comme
Masaccio, Leonardo, Michelangelo, Rafaelo...
Rembrandt sait encore que seule la gravure, parce qu'elle
circule à plusieurs exemplaires, est en mesure de faire connaître son oeuvre aux amateurs de toute
l'Europe.
Aussi Rembrandt grave.
Pendant des années, posent devant Rembrandt des théologiens et des
armateurs, des marchands et des banquiers, des couples aux pourpoints et aux robes parés de dentelles,
des fonctionnaires de la Compagnie des Indes orientales.
Et dans son atelier, Rembrandt, peintre
d'histoire, peint la Sainte Famille comme L'Enlèvement de Ganimède ou Le Sacrifice d'Abraham.
Et il peint
encore des personnages qui ne sont ni des portraits ni des prophètes des Saintes Écritures mais des
philosophes, mais des hommes coiffés de turbans, chargés de chaînes, personnages d'un Orient inventé...
En 1642 il présente à ceux qui ont été ses modèles le tableau le plus vaste qu'il ait jamais peint qu'est La
Compagnie du capitaine Frans Banningh Cocq (La Ronde de nuit).
Nul ne doute que la peinture qu'il vient
d'achever soit un chef-d'oeuvre.
Mais les miliciens qui entourent Cocq et qui ont payé pour que la toile
rende comme il convient hommage à leur civisme, ne peuvent admettre que les mouvements et les
ombres cachent presque leurs visages.
Par cette toile Rembrandt congédie ses modèles, refuse que la
peinture continue de ne servir que leur vanité.
En cette même année 1642, meurt sa femme Saskia.
Quatorze ans plus tard, en 1656, la Haute Cour d'Amsterdam nomme un liquidateur judiciaire qui est
chargé de vendre tous les biens du peintre.
Quatre ans plus tard, Rembrandt doit quitter la somptueuse
demeure qu'il a pendant des années encombré de chefs-d'oeuvre et doit s'installer dans le quartier
populaire du Jordaan, sur le Rozengracht.
Rembrandt, ruiné, ne cesse pas de peindre et de graver.
On sait
dans toute l'Europe quelle exception il est.
Depuis Messine, l'amateur qu'est Don Antonio Ruffo lui
commande un portrait d'Homère, un autre d'Alexandre.
Le grand duc de Toscane, de passage à.
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