Compte rendu de lecture sur Jean-Pierre Vernant : L’univers, les dieux, les hommes
Publié le 14/11/2022
Extrait du document
«
Compte rendu de
lecture sur Jean-Pierre Vernant : L’univers, les dieux, les hommes.
Jean-Pierre Vernant (1914-2007) est un homme de notre temps.
Agrégé de
philosophie en 1937, il s’engage activement dès 1940 dans la Résistance.
En 1948,
il entre au CNRS (centre national de la recherche scientifique), et se spécialise dans
l’anthropologie de la Grèce Ancienne.
Entre 1975 et 1984, il occupe au collège de
France la chaire des études comparées des religions antiques.
Il est aussi l’auteur de
nombreux articles et ouvrages portant sur l’Antiquité Grecque.
En 1999, les éditions du Seuil, publient dans la collection « la librairie de XXe
siècle, un des derniers ouvrages de Jean-Pierre Vernant : L’univers, les dieux, les
hommes.
C’est un ouvrage qui prend place dans la dernière partie de la vie
de
l’auteur, et qui a connu un certain succès puisqu’il a été traduit dans trente-deux
langues.
Ce livre est une synthèse des mythes grecs, dans laquelle ont été mobilisés
les savoirs du chercheur, la pédagogie de l’enseignement et la modestie de l’homme
sage.
Cet ouvrage, dont le sujet est exprimé clairement dans le sous-titre
(p.5)
« Récits grecs des origines », ne s’inscrit pas spécifiquement dans un débat de la
communauté scientifique.
Néanmoins dès la fin des années 1960, l’anthropologue
avait été, à regret, le témoin du déclin de l’apprentissage des langues anciennes à
l’école dont la fonction est « de transmettre des savoirs, d’ouvrir des fenêtres sur
l’inconnu, d’aiguiser la curiosité ».
Avec L’univers, les dieux ,les hommes , JeanPierre Vernant veut transmettre, comme il le faisait lorsqu’il racontait ces mythes à
son petit fils.
Les mythes grecs sont la principale matière de l’ouvrage.
La table (p.247 à
p.249) indique que le livre est divisé en huit chapitres eux-mêmes
découpés en plusieurs « sous chapitres ».
Néanmoins le titre de l’œuvre suggère une
chronologie.
L’auteur en effet s’attache d’abord à évoquer la formation de l’univers, puis il retrace
la généalogie des dieux, en s’attachant surtout sur les conflits qui les opposent.
Enfin
Jean Pierre Vernant pénètre dans le « monde de l’humain », cela va occuper la plus
grande partie du recueil.
Tout commence par une Cosmogonie et une Théogonie qui sont des échos
d’Hésiode.
Il est question de la conception de l’univers.
Une fois le décor planté, les
dieux prennent place et se font la guerre.
C’est Zeus qui s’impose comme souverain
et exerce sa domination grâce à une forme de justice, c’est ainsi que son règne
s’établit.
Arrive alors le temps où il faut séparer les dieux des hommes qui n’en sont
pas encore vraiment.
C’est Prométhée qui organise cette séparation.
En
puisant
dans l’Illiade et l’Odyssée, Vernant oppose, au travers des personnages d’Achille et
d’Ulysse, deux choix d’existence : pour le premier le choix d’une vie brève mais une
gloire immortelle dans la mémoire des hommes, pour le second un périple long et
pénible afin de rejoindre le monde des hommes et sa patrie.
L’histoire de Thèbes
s’ouvre sur la fondation de la cité par Cadmos, un phénicien qui cherche sa sœur
Europe enlevée par Zeus.
Thèbes est aussi l’endroit où Dionysos « veut assurer »
son culte, c’est le moyen aussi d’envisager une réflexion sur l’altérité, mais aussi sur
le rapport de l’Homme aux cultes.
C’est toujours à Thèbes que débute le mythe
d’Œdipe.
Laïos, descendant de Cadmos roi maudit de la cité est l’époux de Jocaste,
stérile.
Pourtant de cette union naît Œdipe qui sera éloigné de sa cité natale pour
que la terrible prédiction ne s’accomplisse pas.
Œdipe est le coupable innocent.
Coupable d’avoir tué son père, épousé sa mère, engendré des fils qui sont
ses
frères, brisé le rythme des générations.
Il se rendra aveugle et finira ses jours sur les
terres sacrées d’Athènes.
Le dernier chapitre concerne le mythe de Persée,
cet
enfant est le fils de Zeus et de Danaée la fille du roi d’Argos, Acrisios qui avait
enfermé sa fille afin qu’elle ne puisse enfanter celui qui le tuerait.
A travers le périple
de Persée, qui aidé des dieux parvient à tuer méduse et à ramener sa tête au roi
Polydictès, sont posés différents questionnements à propos de la mort, et de sa
conception.
L’ouvrage de Jean-Pierre Vernant s’ouvre sur : «Il était une fois…», phrase
d’ouverture des contes de fée et phrase d’ouverture envisagée par l’auteur comme
titre de son livre.
C’est que Jean-Pierre Vernant a envie de raconter des histoires à
ses lecteurs, mais pas n’importe quelles histoires.
Il s’agit des récits mythologiques
ceux dont le lecteur possède une vague réminiscence au travers d’un fatras de noms
(quelquefois confondus avec des noms latins), et d’évènements nimbés
de
merveilleux.
Jean-Pierre Vernant confie la mythologie grecque, comme un
conte
avec pour credo la modestie.
Il puise sa narration chez les poètes Grecs, ceux qui
ont figé les mythes dans l’écriture.
Au détour d’une phrase, il signale
Hésiode,
Homère, Eschyle.
Mais voilà Jean-Pierre Vernant veux s’adresser au plus
grand
nombre et sa narration se veut à la portée de tous.
S’il s’éloigne de la poésie antique
grecque, il plonge son lecteur dans une « poésie du quotidien » où le
lecteur
s’étonne d’abord puis se délecte de rencontrer ici et là un vocabulaire, courant et
familier.
Ainsi la narration est-elle émaillée de mots comme « estafette, petit jeunot,
bedaine, planquer, coco, pichenette, roublard, châtrer… ».
Vernant installe une connivence avec son lecteur et rétablit les récits mythologiques
pour un lectorat de l’époque actuelle dans une atmosphère de proximité, qui rappelle
le contexte originel
de l’oralité du mythe.
Plusieurs traces d’oralité sont présentes « Voyons
la
scène(…) », « laissons là un instant », « que raconte t’il cet affreux monstre ? », « à
quoi bon ! ».
Dès lors la photo de la première de couverture prend tout son sens, le
lecteur face à un « vieux monsieur » habillé simplement en train de raconter des
histoires merveilleuses un après midi d’été.
Notons au passage l’habileté de l’éditeur
qui fait apparaître le sous-titre « Vernant raconte les mythes » en surimpression sur
les vestiges d’un mur comportant des écritures de grec ancien.
Si Vernant s’éloigne
des genres littéraires qui ont « fossilisé » les mythes et préfère les révéler dans une
écriture modeste, l’œuvre n’est pas une œuvre de vulgarisation ni une
œuvre
romanesque.
L’auteur dans son avant-propos concède qu’il n’a pu oublier qu’il est un
« savant en quête du soubassement intellectuel des mythes(…) ».
Derrière la modestie d’un narrateur qui prend plaisir à rendre la
tension
dramatique, il y a un helléniste qui....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- LES PAUVRES Georg Simmel Compte rendu de lecture
- Compte rendu de lecture: MARTIN HEIDDEGER ET SON OUVRAGE : Etre Et Temps
- La Fontaine définit ses Fables comme « Une ample comédie à cent actes divers / Et dont la scène est l'univers / Hommes, dieux, animaux tout y fait quelque rôle.» Dans quelle mesure les fables que vous avez étudiées, justifient-elles cette affirmation du
- Dans la préface de « Pierre et Jean », Maupassant s'en prend aux romanciers d'analyse qui s'attachent « à indiquer les moindres évolutions d'un esprit, les mobiles les plus secrets qui déterminent nos actions ». Il leur oppose la manière des « écrivains
- Expliquez, et s'il y a lieu discutez, cette pensée de Jean Guéhenno : «On ne juge jamais mieux qu'à vingt ans l'univers : on l'aime tel qu'il devrait être. Toute la sagesse, après, est à maintenir vivant en soi un tel amour. » (Journal d'un homme de quar