dissertation philosophie
Publié le 27/12/2022
Extrait du document
«
Conseils de méthode pour élaborer
une dissertation philosophique
Définition de l’exercice :
Le programme de philosophie précise que : « La dissertation est l’étude méthodique et
progressive d’un problème que l’analyse d’une question permet de construire.
L’élève travaille à
sa formulation explicite.
Il développe, en vue de l’élaboration d’une réponse fondée à la question
posée, une réflexion étayée par des analyses conceptuelles, des références et des exemples
pertinents.
Il met en œuvre une pensée propre, déployée en un discours continu dont il prend la
pleine responsabilité.
»
Rédiger une dissertation ce n’est nullement se contenter de répondre immédiatement à la
question qui vous est posée (le sujet) en donnant votre opinion.
Bien au contraire, rédiger une dissertation, c’est avant tout, construire un problème à
partir de l’analyse d’une question (le sujet).
Analyser le sujet, c’est le décomposer en ses termes et rechercher les divers sens que
peuvent receler chacun de ces termes.
Le but d’une telle analyse et d’un tel travail de définition, n’est pas de lister gratuitement
les divers sens possibles des termes du sujet, mais de permettre de montrer que la
question posée peut être comprise de diverses façons, peut être interprétée en divers
sens, selon le sens que l’on donne aux termes qui la compose.
Dès lors, si le sujet peut être interprété ou compris de diverses manières, c’est que la
question posée est donc susceptible de recevoir plusieurs réponses possibles, qui
peuvent être contradictoires, mais qui paraissent vraisemblables.
Le travail d’analyse du sujet doit donc permettre de montrer en quoi la question du
sujet est problématique et déboucher sur la formulation d’un problème.
Les diverses réponses (vraisemblables) à la question posée, que le travail d’analyse aura
permis de découvrir, seront autant d’hypothèses (idéalement 3) qui pourront être
défendues par une argumentation rationnelle (formant ainsi chaque partie du devoir).
Première étape : la lecture du sujet et le travail d’analyse de la question au brouillon :
La première chose qu’il est conseillé de faire, face à un sujet de dissertation est de lire
plusieurs fois la question posée (afin de s’assurer que l’on a bien compris sur quoi elle
portait – notamment sur quelles notions du programme).
Puis, il est conseillé de se demander si cette question contient un présupposé.
o Un présupposé (une supposition préalable) est une hypothèse admise comme
point de départ de la réflexion.
Si le sujet contient un présupposé, il sera
indispensable d’en tenir compte pour construire votre problème et votre
argumentation.
Le présupposé guide et détermine déjà en partie les réponses
possibles à donner au sujet.
o
Exemples :
Il convient ensuite d’interroger les termes du sujet, de distinguer les différents sens
possibles que chaque terme peut recevoir.
o Par exemple, si le sujet porte sur la liberté, il ne faut pas se priver de
remarquer que ce concept est polysémique et peut recouvrir des sens aussi
différents que l’autonomie, l’indépendance, le libre-arbitre, la permission,
l’absence de contrainte…
La question « Suffit-il d’obéir aux lois pour être juste ? » revient à se
demander ce qu’est le juste.
Mais cette question contient déjà une réponse : la
formulation du sujet présuppose déjà qu’être juste consiste en effet à obéir
aux lois, mais demande si ce n’est que cela, ou bien si c’est aussi autre chose
de plus.
La question « Doit-on renoncer à la passion ? » revient se demander si ce peut
être un devoir de renoncer à toute passion, et cela présuppose donc qu’il est
possible de le faire.
La question « A quelles conditions est-on libre ? » présuppose que la liberté
n’est pas inconditionnelle.
Le sujet présuppose donc qu’il y a nécessairement
des conditions à remplir pour être libre, il implique de déterminer lesquelles.
On remarque, en effet, qu’un sujet tel que : « Etre libre, est-ce s’affranchir de
toute autorité ? » peut recevoir diverses réponses, à première vue
vraisemblables, selon que l’on envisage la liberté comme autonomie ou
comme indépendance.
Etre libre, au sens d’être indépendant, c’est être affranchi de l’autorité
des autres personnes ;
En revanche, être libre, au sens d’être autonome, c’est se soumettre à
l’autorité de la raison.
Il peut en outre être utile pour analyser le sujet :
o d’opérer
des
rapprochements
entre
concepts
voisins
(ex.
:
contrainte/détermination/limite ; autonomie/indépendance) et des distinctions
ou des oppositions conceptuelles (ex.
: contrainte/obligation ; passion/raison ;
indifférence/désir ; droit/devoir).
Par exemple, le sujet « Etre libre, est-ce ne rencontrer aucun obstacle ? » peut
recevoir plusieurs réponses contradictoires selon que l’on envisage l’obstacle
sous l’angle de la contrainte ou sous l’angle de l’obligation : une contrainte
est subie (sa source est extérieure à la raison et à la volonté) tandis qu’une
obligation est choisie (on s’oblige volontairement à faire son devoir parce
qu’on en comprend la raison – mais on pourrait toujours y renoncer).
o de recourir aux repères qui figurent au programme (ex.
: en acte/en puissance ;
en fait/en droit ; nécessaire/possible/contingent, essentiel/accidentel).
Par exemple, le sujet « L’art est-il un langage ? » peut recevoir différentes réponses
selon que l’on s’interroge sur la modalité d’existence de l’art :
L’art est-il en puissance un langage ? (permet-il potentiellement de
transmettre des idées ?)
ou l’art est-il en acte un langage ? (toute œuvre d’art communique-t-elle
nécessairement une idée ?).
Ce travail d’analyse, s’il est mené avec rigueur et finesse, devrait donc vous
permettre de mettre en lumière divers sens possibles ou divers manières de comprendre la
question qui vous est posée ; en faisant cela, vous montrez donc que cette question est
problématique.
Vous êtes dès lors en mesure de construire un problème en vous appuyant sur
les éléments que votre analyse vous a permis de dégager.
Prenons le sujet « Peut-on tout dire ? » à titre d’exemple.
o L’analyse du sujet devrait vous conduire à vous interroger sur le sens du verbe
« pouvoir » (ainsi que sur le sens du terme « dire » et sur la signification de
l’expression « tout dire »).
o Le verbe « pouvoir » peut recevoir au moins deux sens différents :
avoir le droit ou la permission de faire quelque chose ;
avoir la capacité ou la faculté de faire quelque chose ;
o Dès lors, la question (le sujet) peut s’interpréter d’au moins deux manières
différentes :
si l’on définit le verbe « pouvoir » comme le fait de disposer d’une
permission, alors la question revient à se demander : A-t-on ou la permission
de tout dire ?
si l’on définit le verbe « pouvoir » comme le fait d’avoir la capacité de tout
exprimer par le langage, alors la question revient à se demander : A-t-on la
capacité de tout dire ?
o On montre ainsi que la question posée est problématique (qu’elle n’a pas une seule
réponse possible puisqu’il y a diverses manières de la comprendre) et l’on est alors
désormais en mesure de formuler un problème :
Si l’on n’a sans doute pas le droit de tout dire, n’a-t-on pas néanmoins la
capacité de tout dire ? En effet, outre les limites sociales, morales et juridiques
que notre volonté de communiquer pourrait se voir opposer, n’y a-t-il pas
aussi des limites inhérentes au langage lui-même qui viendraient restreindre
notre capacité de communiquer nos idées par la parole ?
o Le problème soulevé nous donne donc les pistes (les hypothèses) à suivre et à
développer pour répondre à la question :
Une première partie pourrait ainsi être consacrée à développer l’idée qu’il y a
des limites juridiques, morales et culturelles à liberté d’expression (première
hypothèse défendue) ;
Une seconde partie pourrait être consacrée à développer l’idée que, malgré
ces limites, le langage semble nous permettre tout de même d’exprimer toutes
les idées possibles (deuxième hypothèse défendue) ;
Une troisième partie pourrait toutefois venir montrer les limites de la seconde
hypothèse défendue : le langage commun permet sans doute d’exprimer des
idées, mais seulement des idées générales et communes ; peut-être que seul le
langage poétique nous permettrait de communiquer des idées singulières.
Deuxième étape : la rédaction du devoir :
Conseils de méthode pour élaborer
une dissertation philosophique (suite)
Deuxième étape : la rédaction du devoir :
Le devoir se compose de trois éléments :
L’introduction : Elle a pour fonction d’amener naturellement au problème auquel
renvoie la question du sujet en mettant en lumière (à partir de l’analyse faite au
brouillon) les différentes manières d’interpréter la question posée et les différentes
réponses qui vont nécessairement découler de ces différentes manières de comprendre
la question.
o L’introduction prend la forme d’un paragraphe qui peut débuter par une
accroche permettant, par exemple, de situer le sujet dans son contexte.
Par exemple, pour le sujet « Est-il raisonnable de croire en Dieu ? » : Bien que la
raison, qui est, si l’on en croit Descartes, la chose la mieux partagée entre les
hommes, ne cesse de jeter – à travers les réflexions de certains philosophes (Marx,
Nietzsche, Freud, par exemple) et hommes de science – un soupçon de plus en plus
systématique depuis quelques siècles, sur le caractère raisonnable de la croyance en
Dieu, celle-ci n’a pourtant pas disparu entièrement de l’esprit des hommes ou du
fonctionnement de toutes les sociétés.
Peut-on pour autant soupçonner
nécessairement ces hommes ou ces sociétés de refuser de recourir à la raison ?
o Puis, il peut être, au terme de cette accroche, pertinent de reformuler la
question (de manière à montrer sa portée générale et montrer que vous avez
cerné les notions auxquelles elle se raccroche) :
Ex.
: Le sujet revient en effet à se demande si la croyance en Dieu, telle qu’elle
apparaît chez certains individus ou au sein de certaines sociétés, ne résulterait pas
d’une démission de la raison ? Serait-elle seulement le signe de l’irrationalité des
hommes ou des sociétés ?
o Puis, vous pouvez, en vous appuyant sur le travail d’analyse effectué au
brouillon, énoncer la réponse la plus logique ou la plus évidente à la....
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