Cours et méthodologie
Publié le 16/10/2024
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Chapitre 1
Méthodologie
de la dissertation
Une dissertation doit mener un raisonnement progressif, construit, qui réponde
à une problématique dégagée d’un sujet posé, presque toujours, sous la forme d’une
citation ou d’une question.
Elle comporte une introduction, un plan progressif,
généralement en trois parties, chacune composée de plusieurs sous-parties, des
exemples bien développés et judicieux pour étayer le raisonnement, et une conclusion.
L’évaluation privilégiera :
la pertinence de l’analyse de la question dégagée à partir du sujet ;
l’intérêt et la qualité de la réponse apportée à cette question initiale ;
la clarté de la démonstration, voire sa finesse, et sa progression ;
la solidité de la culture littéraire de l’étudiant(e) ;
la justesse, la variété et la qualité de développement des exemples proposés
pour illustrer la démonstration ;
la qualité de l’expression (correction grammaticale et lexicale, orthographe).
Ces premières pages vont vous donner des principes généraux pour lesquels vous
trouverez des exemples détaillés dans les chapitres suivants.
• Présupposés
On distingue essentiellement trois grands types de dissertations : la dissertation
générale (Hypokhâgne, Université, CAPES de Lettres, École des chartes), la dissertation sur
une œuvre précise (Université, agrégations de Lettres et de Grammaire) et la dissertation
sur un corpus précis et réduit d’œuvres qui suppose de recourir aussi à des œuvres hors
corpus (concours des ENS).
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Il faut évidemment vous familiariser, au cours des années d’études, avec les grands
problèmes littéraires (les dissertations qui suivent et les annexes vous donneront des
pistes mais il faudra surtout avoir une approche personnelle), avec l’histoire littéraire et
les grands mouvements esthétiques et littéraires, avec la critique littéraire, et accroître
votre culture littéraire en lisant les œuvres « incontournables », sans négliger vos goûts
personnels.
Une bonne dissertation est le fruit d’une culture autant que d’une pratique.
On vous dit qu’il faut, dès l’introduction, dégager la « problématique » du sujet : mais
qu’est-ce qu’une problématique ? C’est l’angle du sujet qui va produire une discussion
pertinente, riche et variée.
Il faut dégager, sous forme de problème, ce qui, dans le sujet,
mérite une discussion donc va permettre une argumentation.
Une dissertation est une argumentation qui vise à la fois à persuader le correcteur
de la pertinence de votre analyse, de votre réflexion et de votre maîtrise du domaine
littéraire, et à montrer que vous êtes capables de construire un discours cohérent et
dynamique au service d’une problématique dégagée du sujet.
• Bien lire le sujet
Le lire et le relire à plusieurs reprises.
Prendre du temps pour bien évaluer ce qui est demandé.
Ne négliger aucune des informations données : auteur, date, ouvrage dont la citation
est tirée, question qui suit…
Repérer les termes-clefs : il faut toujours partir des termes mêmes du sujet et ne
pas leur en substituer d’autres, même s’ils vous semblent proches.
Bien réfléchir aux sens des termes aussi bien par eux-mêmes (penser à l’étymologie,
souvent révélatrice) que dans le contexte de la phrase et, éventuellement, dans un contexte
historique et littéraire (parfois, aussi, le sens par rapport à la position de celui qui parle).
Réfléchir à la polysémie éventuelle de certains termes.
Chapitre 1.
Méthodologie de la dissertation
Cerner le domaine concerné donc le champ d’application des exemples.
Bien analyser la phrase hors citation qui suit ou précède la citation.
En voici
quelques exemples : Peut-on dire que… ? Que pensez-vous de l’opinion… ? Partagez-vous
l’affirmation… ? Dans quelle mesure… ? Ces formulations supposent de prendre position
de façon réfléchie et construite, voire d’évaluer quelles sont les conditions d’application
de la citation.
Une formule comme « Commentez et discutez… » suppose d’évaluer la
justesse du propos qui suit, son adéquation à votre lecture de l’œuvre ou des œuvres,
c’est-à-dire en quoi il s’applique à l’œuvre et quelles en sont les limites.
Malgré ces nuances,
quel que soit le sujet ou presque (seule exception : les sujets, rares, du type « Qu’est-ce
qu’un bon lecteur ? », « Qu’est-ce qu’un poème ? », etc.), le plan supposera toujours de
valider/démontrer puis de nuancer/contester l’idée proposée.
Se demander d’emblée si la définition, la proposition ou l’affirmation que présente
la citation du sujet est conforme à la pensée commune (la doxa) ou s’y oppose, provoque,
choque : est-ce un sujet « doxique » ou paradoxal ? Attention, le plan exigé ne va pas
vraiment changer puisqu’il s’agira toujours de valider l’affirmation puis de la nuancer
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(dans le cas d’un sujet paradoxal, le II sera généralement plus qu’une nuance : une
contestation).
Il convient surtout de se méfier des sujets paradoxaux qui risquent de
provoquer une réaction immédiate de rejet alors même que le I doit justifier la citation
de départ.
Vous ne pouvez contester avant d’avoir démontré, pénétré la pensée de
l’auteur de la citation, analysé les raisons qui peuvent la justifier.
On ne conteste pas une
position avant de l’avoir comprise.
• Les types de sujets
La plupart des sujets recourent à une citation de départ car elle permet d’exposer
immédiatement une proposition, un point de vue qu’il va falloir analyser dans ses enjeux
comme dans ses présupposés et dont il va falloir évaluer la validité, les conditions
d’application.
On peut distinguer, en gros, deux grands types de sujets à citation :
Les citations courtes dont il faut scruter tous les termes, sans en perdre aucun,
pour bien comprendre la position, le point de vue exprimés et la façon de les
remettre en cause, la question à traiter.
Vous avez peu d’éléments donc analysezles tous et réfléchissez bien à leurs enjeux.
Les citations longues, voire très longues.
Dans ce cas, il faut tout d’abord éviter
le piège de la « glose » : il ne s’agit pas simplement de confirmer les propositions
de l’auteur mais de faire preuve de pensée critique ; on n’attend pas de vous une
explication de texte, même si repérer les articulations logiques et dégager les
concepts importants sont évidemment des prérequis : il faut avoir une perspective
globale et synthétique qui permette de formuler l’enjeu essentiel de la citation.
• Élaborer une problématique
Comment les termes-clefs se relient-ils, s’articulent-ils entre eux ? Jouent-ils les uns
par rapport aux autres de manière paradoxale, polémique ou problématique ? Où se
situe la tension, la contradiction, le paradoxe, le problème ?
Bien découper les propositions, les articulations, le jeu entre les termes dans des
citations longues : penser à bien prendre en compte tous les termes et les liens logiques.
Se poser diverses questions-clefs :
Quels sont les enjeux exacts de ce sujet ?
Quel est l’intérêt de la citation ?
Qui parle et de quel point de vue ? Est-ce un auteur ? Un personnage littéraire ?
Un critique ?
Il s’agit de bien distinguer le thème (ce dont l’auteur parle) de la thèse (ce qu’il en dit).
La problématique est-elle simple (question unique) ou complexe (entrelacs de
plusieurs questions) ?
Y a-t-il un contexte précis (historique, culturel, littéraire, idéologique…) à prendre
en compte dans la citation ? Le nom de l’auteur, l’œuvre d’où est tirée la citation et sa date
Partie I • La dissertation
Quelles sont ses limites ?
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sont généralement donnés : en tirer parti (quel sens prend cette position par rapport à
sa propre œuvre ?) sans non plus faire une dissertation d’histoire, d’histoire littéraire ni
proposer une réflexion portant exclusivement sur l’auteur et son œuvre.
Y a-t-il une légère distorsion entre la citation du sujet et la question qui l’accompagne,
concernant le sujet lui-même ou le champ des exemples ?
Y a-t-il un ton particulier (ironique, caricatural, polémique) qui sera à prendre en
compte ?
• Élaborer un plan
Une dissertation repose presque toujours sur la citation d’un auteur, donc sur
une opinion que vous partagez ou non : dans tous les cas, il s’agit de bien comprendre
la pensée de l’auteur, de penser avec lui et contre lui (mais de ne jamais l’oublier).
Pour être sûr(e) de ne pas perdre de vue sa pensée, il est nécessaire que les termes de
la citation reviennent sans cesse dans votre copie.
Un plan comporte idéalement trois grandes parties, de longueur proche, avec
trois sous-parties, quatre éventuellement (si une doit être divisée en deux du fait de sa
richesse) mais pas deux… Le nombre deux est à proscrire car il témoigne d’une pensée
trop « binaire » et le quatre n’est à utiliser qu’exceptionnellement.
À l’intérieur de chaque partie, on essaie de suivre une progression du plus évident
au plus profond ou au plus subtil, du moins intéressant au plus intéressant.
Le plan le plus fréquent est le plan dialectique (Thèse/Antithèse/Dépassement,
relance ou approfondissement du sujet).
Le III n’est que rarement une synthèse.
Mais il
faut veiller à ce que :
le II ne soit pas l’exact inverse du I : il ne le nie pas, il le nuance, le conteste sur
certains points (la thèse défendue dans la citation peut être lacunaire, limitative,
excessive ou caricaturale,....
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