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Peut-on, aujourd’hui encore, voir exister dans notre pays cette conception humaniste de la médecine ?

Publié le 15/10/2022

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« Dans la revue Que Choisir Santé de juillet-août 1993 Luc Jacob-Duvernet rapporte ce que devrait être la relation entre le patient et son médecin : « La consultation est décrite comme ʺla rencontre d’une confiance et d’une conscienceʺ, ce qui laisse bien rêveur.

» Peut-on, aujourd’hui encore, voir exister dans notre pays cette conception humaniste de la médecine ? Les indications entre crochets ne sont là que pour éclairer l’équilibre et la structuration du contenu, mais ne doivent en aucun cas figurer sur la copie de concours. [Introduction] La pratique médicale du docteur Knock (Knock ou le triomphe de la médecine, pièce de Jules Romains, 1923) se fixe comme impératif de déceler le malade qui sommeille chez tout bien portant, incarnant ainsi la ligne anti-hippocratique de la démarche de soin.

Luc Jacob-Duvernet résume, dans un article de 1993 extrait de la revue Que Choisir Santé, une tout autre philosophie thérapeutique lors d’une consultation, moment privilégié entre le soignant et le soigné : le premier, selon cette approche, devrait être reconnu et accepté par le second pour l’exercice éthique de son savoir.

La symbiose d’un patient s’en remettant totalement à la déontologie du médecin est-elle concevable pour la médecine contemporaine ? Si l’impératif humaniste demeure un objectif de tous les instants dans cette discipline, les contraintes cumulées s’érigent comme autant de rappels à ce que doit être l’âge réaliste d’une médecine idéalisée. [13 lignes] [I – Un impératif humaniste devant être cultivé en médecine] [A – Les fondements hippocratiques, une base primordiale] L’humanisme, tel que défendu par Montaigne ou Rabelais, exige de considérer la personne humaine comme une fin.

L’acte de soin, par essence, relève de cette attention de chaque instant.

Raoul Dautry, en 1929, dans une allocution aux médecins du Réseau de chemin de fer de l’Etat, rappelle un principe professionnel fondamental : « (…) la meilleure façon de bien exercer son métier est de vivre quelque chose de plus grand que le métier lui-même ».

Ce souci d’une démarche englobante trouve son écho antique chez Hippocrate de Cos : son serment amorce l’éthique d’une démarche médicale qui s’abstient « de tout mal et [de] toute injustice ».

Le Conseil de l’ordre des médecins, loin de délaisser ce message primordial, lui a conféré un statut référentiel, à l’image de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen dans le domaine politique, et sa formulation sacralise l’humanisme exigé du soignant : « Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences.

» [14 lignes] [B – Le cœur de l’efficacité médicale : la teneur du lien médecinpatient] Au-delà de l’attitude humaniste propre au thérapeute, c’est bien le lien cultivé entre médecin et patient qui parachève le modèle de la démarche de soin à suivre lors d’une consultation, instant révélateur de l’état éthique de notre médecine. Sans verser dans la dévotion évoquée dans Le Docteur Pascal d’Emile Zola (« Ces pauvres gens lui serraient les mains, lui auraient baisé les pieds, le regardaient avec des yeux luisant de gratitude ») le rapport entre ces deux êtres, en rencontre médicosociale, ne peut tolérer la méfiance. Certes, nous ne sommes plus à l’époque paternaliste de la médecine qui infantilisait le patient, mais pour que cette « confiance » trouve un répondant sincère, il faut qu’en face une « conscience » se dessine afin d’intégrer la complexité des ressentis de celui qui consulte.

Kant prônait la réceptivité à la souffrance dans une distance maîtrisée et la mise en commun de la parole mutuelle.

Là réside tout l’équilibre humaniste de la consultation. [13 lignes] [C – Prendre en compte un patient de plus en plus « ressentant »] Cette approche humaine offre à la discipline médicale l’opportunité de prendre en compte le discours du patient, tant dans son contenu que dans sa façon de l’exprimer.

Cela contrecarre le portrait que Celse (Ier siècle) avait fait du chirurgien, technicien hors pair mais imperméable à son alter ego soigné : « il doit tout faire comme si aucune plainte du patient ne l’affectait ».

Le patient ne peut plus être, aujourd’hui, celui qui endure sans mot dire.

L’humanisme requiert l’écoute analytique, laquelle facilite le diagnostic et améliore la qualité de la décision thérapeutique. Le ressenti du soigné participe donc bien à l’élaboration de ce qui doit ressortir d’une consultation, premier acte déterminant d’une maïeutique médicale. [Transition] Tous ces préceptes déontologiques,.... »

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