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Publié le 30/09/2024
Extrait du document
«
Texte 1
Extrait de Manon Lescaut, roman de l’Abbé Prévost (1731)
Situation de l’auteur : Comme son héros Des Grieux, Antoine François Prévost
étudie dans un collège de Jésuites et hésite entre carrière militaire et religieuse, il
se fera ecclésiaste, prononcera ses vœux monastiques en 1721 et ordonné prêtre
en 1726.
Il a une vie aventureuse au cours de laquelle il écrit une série de
romans intitulée Mémoires et Aventures d’un homme de qualité qui s’est retiré du
monde.
L’histoire de Manon Lescaut constitue le 7e tome de cette série.
Il y raconte un amour ravageur : Des grieux, alors qu’il devait devenir abbé,
abandonne tout pour sa maîtresse (référence à Hélène Eckardt, dite Lenki) qui
l’oblige à mener un train de vie démesuré et à commettre des malhonnêtetés.
Leur amour est guidé par la recherche du bonheur libre et de toute crainte sociale
et religieuse s’achèvera tragiquement.
Situation de l’œuvre : c’est une autobiographie fictive où Des Grieux insiste sur
les évènements marquants de sa vie.
Le livre est interdit en France car jugé
immoral.
Notre extrait est le début de son récit, la rencontre avec Manon, un
coup de foudre amoureux.
Problématique : Nous verrons comment ce passage constitue une scène
de rencontre amoureuse.
On repère 2 mouvements dans cet extrait :
1- Une rencontre romanesque (lignes 1-16)
2- Une rencontre fatale (lignes 16 à 25)
1- Une rencontre romanesque (lignes 1-16)
Lignes 1 à 3 : Le pronom personnel « j’/ je » marque le fait que c’est Des Grieux
qui parle et qui raconte l’histoire au Marquis de Renoncour qui rapporte les
paroles de Des Grieux au lecteur.
Le déterminant « mon » renforce cette idée.
L’emploi du plus que parfait d’antériorité « j’avais marqué » marque un moment
révolu.
L’indication spatiale situe l’action au Nord de la France (Amiens), cela permet de
« planter » le décor.
L’interjection « Hélas » marque le désespoir de DG qui a déjà
vécu toute l’histoire.
C’est un retour en arrière (flash-back= une analepse)
La phrase exclamative « Hélas ! […] tôt ! » accentue sa tristesse car cet
enchainement d’évènements est dû à une seule circonstance : le départ retardé
d’Amiens.
1
Les COD « toute mon innocence » montre que ce détail a pu changer toute sa
vie : il aurait préservé et gardé sa pureté.
Le registre pathétique, voire tragique
est déjà présent.
Cette rencontre est décrite comme une erreur.
Lignes 3 à 6 : Les circonstances de la rencontre sont mises en avant grâce à
l’indication temporelle « la veille ….
ville » et à l’incise « étant … ami ».
Elle
permet d’indiquer le temps et la situation.
Le personnage de Tiberge est introduit
par le nom propre.
Les verbes de perception et d’action suivis de leur
complément d’objet constituent les éléments déclencheurs de toute la suite de
l’histoire.
C’est la 2e circonstance : l’arrivée du coche d’Arras comme l’indique le
GN.
C’est la curiosité naturelle qui a été la plus forte chez les 2 amis comme
l’indique précisément la négation restrictive « nous n’avions pas d’autre motif que
la curiosité ».
Nous pouvons constater un aspect religieux et moral derrière cette
action (comme un pêcher).
Lignes 6 à 10 : Le COD « quelques femmes » permet de s’imaginer une petite
foule de personnes qui donne une impression ou un effet de masse.
La
conjonction de coordination « mais » annonce l’arrivée de Manon avec un léger
effet de surprise.
L’indication numérique « une » crée une opposition avec le
COD, ce qui permet de la mettre particulièrement en valeur.
ML va apparaitre aux
yeux du lecteur.
L’intensif et son adjectif « fort jeune » commencent à décrire physiquement cette
personne.
Celle-ci est physique car elle n’est pas encore connue du personnage.
La proposition subordonnée relative « qui s’arrêta seule dans la cour » écarte
définitivement les autres femmes et laisse Manon prendre toute la place face à
DG.
Les yeux dans les yeux, un évènement d’une ampleur titanesque va se
produire : le coup de foudre.
Lignes 10 à 13 : Tout d’abord cette phrase décrit le coup de foudre intérieur :
les sentiments de DG sont exposés.
La double négation « n’avais jamais….
ni
regardé….
» a pour objectif de montrer l’innocence de DG.
Les GN « la sagesse »
et « la retenue » rapportent les qualités morales du personnage : il n’a pas
encore connu l’amour ni ses plaisirs.
La répétition de « moi » révèle bien que
nous parlons de ses sentiments : le lecteur est focalisé sur lui.
Enfin, l’intensif et
d’adjectif « si charmante » révèlent qu’il est amoureux de Manon comme le
montre la métaphore « je me trouvais enflammé ».
En effet, le coup de foudre
visuel a provoqué l’étincelle de l’amour à travers son corps.
Lignes 13 à 16 : L’adverbe et l’adjectif « excessivement timide » expriment
encore une fois les sentiments de DG : ils sont toujours exagérés car ils veulent
rendre compte de la violence physique et morale qu’il subit.
Le groupe adjectival
« facile à déconcerter » renforce cette idée : c’est une révolution sentimentale.
La
conjonction de coordination « mais » renvoie au fait qu’il est prêt à se dépasser,
passer au-delà de sa nature pour prouver son amour à Manon, il repousse ses
limites.
Le verbe d’action « je m’avançai » symbolise la révolution qui s’opère en
lui : il passe à l’action et va enfin lui déclarer sa flamme.
Enfin, la métaphore « la
2
maîtresse de mon cœur » révèle déjà que DG est sous l’emprise de Manon : il est
soumis à son amour.
2- Une rencontre fatale (lignes 16 à 25)
Lignes 16 à 17 : Le comparatif d’infériorité « Quoiqu’elle fût … moi » nous
donne des précisions sur l’âge de Manon, elle est donc plus jeune que DG.
La
métaphore « elle reçut mes politesses » met en avant l’éducation stricte et
parfaite de DG qui dénote avec celle de Manon.
Deux rapports de valeurs se
confrontent ici.
Le CCM « sans paraître embarrassé » (subordonnée concessive)
révèle l’expérience de Manon face au discours de DG car elle semble parfaitement
habituée à entendre ce type de discours amoureux.
Lignes 17 à 19 : Le verbe de parole « répondit » associé à l’adverbe
« ingénument » renforce cette idée que Manon est presque désabusée par cette
situation : elle est face à un discours qu’elle a déjà entendu et semble aussi
lassée par le but de son voyage qui est d’entrer au couvent.
La relation de cause
à effet est mise en valeur par l’expression « par ses parents » (cause) et par
l’expression « pour être religieuse » (conséquence).
En effet, le complément
d’agent « par ses parents » révèle que ce sont eux qui ont décidé de son destin,
c’est donc qu’elle le subit.
Sa position est délicate, elle est contrainte, elle n’est
pas libre.
Lignes 19 à 23 : Ces lignes soulignent la réaction de DG face à la raison du
voyage de Manon (le couvent).
Cela apparaît pour DG comme un obstacle à son
amour.
La première phrase met en avant une relation de cause à effet : la cause
est celle de l’amour, sentiment puissant chez DG comme nous l’explique le
groupe adjectival « si éclairé » et la conséquence en est hyperbolique : « un coup
mortel pour mes désirs » qui exprime la violence des passions.
Le verbe de
sentiment « rendait » permet de faire le lien entre la cause et la conséquence.
L’indication temporelle « depuis un moment » explique au lecteur que cet amour
est durable dans le temps.
Finalement, la comparaison résume ses sentiments : il
est désespéré.
C’est une comparaison hyperbolique.
Ensuite, la seconde phrase
met aussi en avant une relation de cause à effet dans laquelle DG déclare sa
flamme à Manon grâce au GN « mes sentiments » mis en rapport à l’expérience
séductrice de Manon qui est expliquée à travers le comparatif de supériorité
« bien plus expérimentée que moi ».
DG n’a aucune expérience tandis qu’elle en
a beaucoup.
Lignes 23 à 25 : Le présentatif « c’était … qu’… » qui est aussi l’introduction
d’une phrase emphatique permet de mettre en avant le personnage de Manon qui
est contrainte dans ce voyage puisqu’elle est envoyée au couvent.
Le GP met en
avant les raisons pour lesquelles elle est envoyée : le texte révèle le caractère
lubrique de Manon qui a déjà eu l’expérience du plaisir, c’est-à-dire des
expériences sexuelles pratiquées hors du mariage.
Enfin, la première PSR « qui
3
s’était déjà déclaré » renforce cette idée tandis que la seconde « qui a … miens »
prépare le lecteur à la suite de l’histoire.
La prolepse souligne la fatalité au passé
composé au moment du récit et donne un effet annonciateur d’un couple maudit.
Nous comprenons donc que notre héros DG va subir de multiples aventures qui
vont le conduire à plusieurs déconvenues.....
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