Synthèse sur le rouge et le noir
Publié le 13/10/2022
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Synthèse sur le Rouge et le Noir
Roman en deux volumes publié en novembre 1830 et dont le sous-titre « Chroniques du XIX siècle »
affiche une intention réaliste à l’œuvre.
HISTOIRE ET GENESE : LES SOURCES DU ROMAN
Les sources
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L’affaire Laffargue (un ébéniste condamné en mars 1829 pour avoir assassiné sa maitresse).
L’affaire Berthet : Antoine Berthet, fils d’un artisan de Brangues en Isère, est envoyé au
séminaire qu’il doit quitter par la suite en raison d’ennuis de santé ou de lectures jugées
pernicieuses.
Il est pris comme précepteur chez Michoud de la Tour et ne tarde pas à
devenir l’amant de Madame Michoud.
Ne pouvant garder sa place, il entre au grand
séminaire de Grenoble où il n’est pas gardé.
Il devient alors précepteur de Monsieur de
Cordon d’où il se fait congédier après une aventure avec la fille de la famille.
Il se révolte
contre la famille Michoud qu’il rend responsable de ses échecs successifs et il envoie une
lettre de reproches et de menaces à celle qui fut sa maitresse.
Le 22 juillet 1827, dans
l’Eglise de Brangues, il tire un coup de pistolet sur Mme Michoud au moment de la
communion.
Il retourne l’arme contre lui, mais survit à sa tentative de suicide.
Il est jugé,
condamné à mort et guillotiné le 23 février 1828, à l’âge de 25 ans.
Certains des aspects de l’affaire peuvent être mis en parallèle avec le récit de Stendhal ; par
ailleurs l’aspect physique de Berthet et son caractère ressemblent étrangement à Julien
Sorel :en effet , Berthet dans La Gazette des tribunaux est décrit « d’une taille au-dessous de la
moyenne, mince et d’une complexion délicate ; sa pâleur contraste avec de grands yeux noirs » ;
quant aux traits moraux et intellectuels , Berthet est dépeint comme un ambitieux qui se sent
attiré par un grand destin et très intelligent.
Lors de son procès, il avoue sa culpabilité, s’accuse d’avoir calomnié Madame Michoud.
-
L’épisode Mary de Neuville, scandale provoqué par la nièce d’un ministre de Charles X qui
s’est enfuie à Londres avec un roturier en janvier 1830, a servi de base à la relation entre
Julien Sorel et Mathilde de la Môle.
Stendhal a élaboré son œuvre à partir de transpositions de chronique judicaire qu’il a recomposée
par le travail de créativité et d’imagination qui lui est propre.
D’ailleurs, il écrit à Balzac sa manière de
composer un personnage « Je prends un personnage de moi bien connu, je lui laisse les habitudes
qu’il a contracté dans l’art d’aller tous les matins à la chasse au bonheur, ensuite je lui donne de
l’esprit ».
Il affirme ainsi s’appuyer sur des observations de la vie réelle, sur son expérience qu’il
retranspose, réinvente pour donner de l’épaisseur à ses personnages et à son récit.
Un peu d’histoire …
-
-
Une description surtout dans le livre II d’un système ultra-conservateur des vieilles familles
aristocratiques rentrées d’exil qui s’inquiètent et redoutent une nouvelle révolution
(chapitre XIII, livre II).
L’essor de la bourgeoisie de plus en plus puissante qui conquiert tous les lieux de pouvoir.
Les manifestations dans la société des idées républicaines, libérales.
L’ancrage dans la Restauration : régime mis en place après la chute de Napoléon en 1815.
Après la mort de Louis XVIII, Charles X son frère favorise le triomphe des ultras face aux
libéraux.
Les ultras sont des royalistes extrémistes qui souhaitent le retour de l’Ancien
Régime.
Ce sont des aristocrates et de grands bourgeois refusant l’existence d’une charte,
-
instaurée par Louis XVIII permettant d’associer un pouvoir royal fort à un pouvoir législatif.
Ils s’opposent aux libéraux qui soutiennent cette charte qui sont partisans d’un pouvoir
démocratique fondée sur la séparation des pouvoirs.
Ils sont pour une monarchie
constitutionnelle et acceptent de nombreux acquis de la Révolution et de l’Empire.
Les
ultras craignent la jeunesse de la petite-bourgeoisie et tentent de prévenir toutes formes de
journées révolutionnaires qui auront bien lieu en 1830.
Cette société est aussi dominée par le Congrégation, une société secrète réactionnaire
nommée « l’ordre des chevaliers de la foi ».
La Restauration ne laisse guère de possibilités d’ascension sociale aux jeunes issus de milieu
populaire ou modeste.
LE RECIT
LE TITRE, LE ROUGE ET LE NOIR
La juxtaposition des termes renvoie au sens d’une opposition, d’une alternance incompatible, d’un
dualisme (personnages, situations).
Pistes de réflexion
A sa parution le titre déconcerta et fut l’objet de multiples interprétations, en voici un
échantillonnage :
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Concession à la mode littéraire de l’époque utilisant des noms de couleurs ?
Référence aux jeux de hasard faisant alterner le rouge et le noir de manière aléatoire =
représentation symbolique de la vie de Julien Sorel où le hasard l’emporterait sur les calculs
du héros ?
Le bourreau et le prêtre : la tache de sang vue par Julien Sorel dans le bénitier de l’Eglise de
Verrières, annonciatrice du bourreau et de la condamnation à mort ; le noir de la soutane.
Le noir = le monde ecclésiastique, la congrégation représentant un univers hypocrite, du
secret, d’intrigues …≠ Le rouge : éclat, la violence (passion amoureuse, passion pour
Napoléon Bonaparte, action, énergie, gloire militaire, le libéralisme politique, seul espoir
de changement pour les jeunes générations de cette époque).
Titre ambigu, polysémique.
LE SOUS- TITRE « CHRONIQUE DU XIXEME SIECLE », « CHRONIQUE DE 1830 » :
CHRONIQUE : Récit mettant en scène des personnages réels ou fictifs, tout en évoquant des faits
sociaux et historiques authentiques, et en respectant l'ordre de leur déroulement.
Stendhal, dans son roman, fait des allusions précises à des événements réels : l’affaire de note
secrète, la visite royale, le bal du duc de Retz, ou à des réalités de la vie à cette époque (la
Congrégation, les rivalités dans les sphères de pouvoir, l’opposition libérale impuissante…).
Du point de vue temporel, il ne s’agit pas d’une véritable chronique puisque l’auteur ne suit pas la
chronologie des événements ou faits évoqués dont il fait allusion dans le récit.
Il s’en sert pour
amplifier le caractère romanesque de l’œuvre.
En revanche, la narration suit la chronologie du parcours de Julien Sorel : elle suit les étapes de la vie
du personnage, elle se fait par une succession d’épisodes.
Le roman est divisé en deux livres : chacun
d’eux comporte une histoire sentimentale, présente une ascension suivie d’une chute.
Le livre 1 marque le désir du personnage à vouloir s’extraire de son milieu d’origine.
Il y parvient en
devenant le précepteur des enfants de M.de Rênal, il fréquente alors la bourgeoisie et la noblesse de
province.
Il devient l’amant de Mme de Rênal (ce qui causera sa perte) à cause d’une lettre anonyme,
leur relation amoureuse est dévoilée.
Pour éviter tout scandale, M.de Rênal le renvoie.
Son rêve
d’ascension se brise.
Il entre alors au séminaire mais son intégration est difficile ; étant protégé par
l’abbé Pirard, Il obtient un poste de secrétaire auprès du Marquis de la Môle.
Cette nouvelle
opportunité relance l’action et offre au personnage un nouvel espoir d’ascension sociale.
Le livre 2 constitue l’accomplissement définitif de son rêve d’ascension sociale.
Julien Sorel espère
intégrer la haute société grâce à l’amour qu’il suscite auprès de Mathilde de la Môle.
Cet espoir est
sur le point de s’accomplir puisque le marquis de la Môle a consenti au mariage entre les deux jeunes
amants mais une lettre de Mme de Rênal vient ruiner ses espoirs et le conduit à un acte désespéré
entrainant sa chute et sa mort.
DUREE DE L’HISTOIRE ET REGARD CRITIQUE DE L’AUTEUR SUR LE SOCIETE DE 1830
L’histoire se déroule sur 4 ou 5 ans, Julien a dix-huit ou dix-neuf ans au début du récit et à la fin il en
a 23 « je mourrai à vingt-trois ans ».
Ce parcours de vie resserré est étroitement lié aux lieux traversés représentatifs des différents
milieux sociaux constituant la société de 1830 sur laquelle l’auteur porte un regard très critique.
Verrières : le milieu provincial, milieu bourgeois de « petits esprits » où règnent les jalousies, les
intrigues, et où le seul maitre mot est : le profit « RAPPORTER DU REVENU » livre 1 chapitre II.
L’argent,
l’accumulation des propriétés, les « honneurs » comme reconnaissance sociale, réussite sont les
moteurs de la vie sociale en province.
Stendhal les ridiculise à travers des personnages caricaturés
représentatifs d’une certaine forme de médiocrité : portrait à charge de M de Rênal « Mais bientôt ,
le voyageur parisien est choqué d’un certain air de contentement de soi et de suffisance mêlé à je ne
sais quoi de borné et de peu inventif .On sent enfin que le talent de cet homme-là se borne à se faire
payer bien exactement ce qu’on lui doit ..
.
» ; Monsieur le vicaire Maslon est décrit comme un être
fourbe , un intriguant …
Besançon : portrait de la société cléricale où les règles sont l’hypocrisie, la surveillance mutuelle, la
délation.
Paris : le milieu aristocratique, celui des ultras,....
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