Synthèse Incendies de Wajdi Mouawad
Publié le 03/04/2025
Extrait du document
«
Synthèse Incendies
Mythe et réalité
Incendies regorge de résonances mythiques qui se cristallisent notamment autour du
personnage d’Œdipe.
On connaît d’ailleurs l’importance du motif de l’aveuglement dans la
production de l’auteur, particulièrement sensible dans son dernier spectacle, Seuls, où un
personnage finit par se crever les yeux.
Wajdi Mouawad affirme d’autre part que Jeanne n’est autre qu’Antigone.
On est alors tenté
de voir en Nawal « une nouvelle Jocaste » livrée au fils maudit.
Jeanne et Simon mis dans
un seau devaient être noyés par une nuit d’hiver, mais l’eau était gelée.
Ils sont alors confiés
à Malak, « un paysan qui rentrait avec son troupeau ».
La présence de l’eau dans lequel on
veut perdre un nouveau-né et la figure du paysan ne sont pas sans rappeler une nouvelle
fois le mythe d’Œdipe.
L’exposition liée à un cours d’eau est un motif célèbre que l’on
retrouve dans le récit de l’enfance de Moïse mais aussi dans la légende de Romulus et
Rémus.
Dans certaines versions, Réa, la mère des jumeaux aurait même été violée par le
dieu Mars durant son sommeil, dimension qui pourra être rapprochée de la pièce.
Enfin, la gémellité est un autre aspect de cette résurgence mythique.
Jeanne et Simon sont
jumeaux comme le sont Romulus et Rémus.
Cet écho est renforcé par le motif du loup
récurrent dans la pièce mais aussi perceptible sur la première de couverture.
Lino signe là
une nouvelle illustration pour Wajdi Mouawad qui sera d’ailleurs utilisée comme affiche lors
de la création de la pièce par l’auteur.
Dans le dessin de Lino, un loup rouge (seul élément
coloré) s’abreuve au sein d’une femme.
La gémellité est effacée mais l’association fait sens.
Charline Grand, l’une des comédiennes interprétant le rôle de Nawal dans le spectacle de
Stanislas Nordey, reconnaît immédiatement Nawal en train de nourrir le monstre, Nihad,
figure allégorique de la guerre.
Dans la pièce de Wajdi Mouawad, il ne s’agit pourtant pas de construire une ville comme le
feront les célèbres jumeaux.
À travers les villages évoqués dans Incendies, ce sont d’autres
villes qui s’effondrent, celles du Liban mais aussi celles de tous les pays en guerre.
On peut
donc s’interroger sur cette présence du mythe.
L’auteur emprunte bien des motifs, les
ressemblances ne peuvent être fortuites, mais semble les superposer les uns aux autres.
Certaines comédiennes de la pièce ont d’ailleurs été attentives à la contamination opérée.
Jeanne serait bien sûr Antigone, mais aussi Œdipe, déjà représenté par Nihad.
La jeune fille
se retourne sur son passé, quitte à y perdre la vue, cette rationalité mathématique qui la
caractérise jusque-là.
La plupart des entités féminines se répondent, comme si elles
formaient un seul et même personnage, celui de la révolte.
À la fin de sa vie, Nawal garde le
silence, pourtant elle continue d’une autre manière à résister.
Elle finit d’ailleurs par retrouver la parole, comme son nom, enfin gravé sur la tombe.
Si
l’auteur fait référence, comme il paraît l’exprimer, au mythe d’Œdipe, on constate également
qu’à la différence de Sophocle, il raconte l’histoire du point de vue de Nawal-Jocaste,
mettant ainsi en relief la voix féminine.
Si les modèles fusionnent voire s’inversent, Wajdi Mouawad fait jaillir ces références d’une
matière éminemment contemporaine.
Les échos entre la fiction et la réalité historique
relative au Liban....
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