Synthèse ESCP 2006
Publié le 13/05/2024
Extrait du document
«
Présentation des textes
Texte 1 :
Legendre, Notes sur la nature des animaux, revue Critique, 1978 : une position très critique
envers l’idée de droits accordés aux animaux.
Un texte qui dénonce une vision fantasmatique,
aberrante de la nature.
L’auteur est un spécialiste de l’histoire et de la philosophie du droit, il étudie les
socles idéologiques des différentes législations.
Texte 2 :
Serres, Le Contrat naturel 1990.
Ouvrage célèbre, vulgarisation en France des thèses
américaines de l’écologie radicale (deep ecology).
Texte 3 :
Ferry, Le Nouvel ordre écologique, 1992.
Ouvrage dans lequel le philosophe Luc Ferry
critique les thèses de l’écologie radicale et s’efforce de penser l’écologie dans le cadre classique de la
philosophie d’inspiration kantienne.
→ Il fallait bien noter ici le positionnement réciproque des trois textes : Legendre et Serres
s’opposent de façon radicale, non pas frontalement, mais parce que Legendre critique les positions qui
sont exactement celles de Serres.
Ferry se situe entre les deux, comme il l’écrit lui-même, à mi chemin
de l’héritage cartésien (dans lequel on peut situer Legendre) et de l’écologie radicale (dont se réclame
Serres) ; il veut penser l’idée de protection de la nature, mais refuse l’idée de droits accordés à la
nature, donc de contrat naturel comme le présente Serres.
Recherche d’une question globale / idées-clefs
Problématique commune : on pouvait la centrer sur la question du droit de la nature, ou plus
largement sur la relation entre les hommes et la nature (à condition ensuite de bien faire ressortir la
problématique du droit, qui est centrale, dans les questions posées)
- Dans quelle mesure la nature peut-elle devenir sujet de droits ? / Peut-on envisager la
nature comme un sujet de droit ?
- OU : L’homme peut-il entretenir un rapport de réciprocité avec la nature ? / Entre les
hommes et la nature, quels rapports convient-il d’imaginer ? / Une pensée écologique conséquente
implique-t-elle de repenser les rapports entre les hommes et la nature ?
Texte 1 :
Thèse : Legendre dénonce l’idée, aberrante mais devenue à la mode, d’un soi-disant droit des
animaux (aborde donc la question du droit de la nature sous cet angle restreint).
Cette idée se développe comme un ultime aboutissement de l’intégration des minorités,
raciales notamment, comme sujets de droit (logique des luttes antiracistes et anticolonialistes).
C’est une idée fausse, voire délirante (critique de Legendre extrêmement virulente) ; elle
émane d’une vision fantasmée de la nature et de la relation d’amour que l’homme doit entretenir avec
elle.
Or, il y a bien une rupture très nette entre l’émancipation des minorités humaines et celle des
animaux : il y a une frontière hermétique entre l’homme et le reste de la nature.
→ Sur le plan du mythe, cela se traduit par le fait qu’on a toujours, en Occident, refusé
d’accorder aux animaux une âme.
→ Cela se traduit sur le plan juridique par une incapacité, pour l’animal, à accéder au rang de
personne.
Il ne peut notamment pas être assimilé à la catégorie fondamentale du droit, en Occident, qui
est le « père de famille », catégorie asexuée, et possesseur d’un patrimoine.
Donc distinction radicale
avec l’esclave qui, lui, peut posséder des biens s’il est affranchi.
→ Du moins, dans le cadre du droit civil.
En effet le droit pénal médiéval (bien voir que cela
n’a plus aucune actualité !) a inventé l’idée de responsabilité pénale des animaux : un artifice
juridique, sans plus de sens que celui qui a conduit à accuser des démons dans des procédures
d’exorcisme : simulacres d’humanisation aberrante du non-humain.
Texte 2 :
Thèse : soutient l’idée que la nature (et pas seulement les animaux) doit devenir un sujet de
droit : que l’homme doit, sous peine de mort, repenser complètement son rapport juridique à la nature.
Un texte engagé, militant, mais s’appuyant sur l’idée d’une nécessité urgente.
Critique du droit naturel moderne qui réserve aux hommes seuls d’être sujets de droit :
universalisme insuffisant de la DUDH.
Les choses (= les objets naturels) doivent devenir sujets de
droits et non supports passifs de l’appropriation humaine.
Le droit doit donc considérer, en plus des équilibres sociaux, les équilibres naturels et
l’équilibre global entre le monde humain et le monde naturel (et non plus une domination de l’un sur
l’autre, quel que soit le sens de cette domination) : idée d’interdépendance, donc rejette l’idée d’une
frontière hermétique entre l’homme et le reste de la nature.
Il faut inventer un nouveau contrat, naturel,
qui aille plus loin que l’idée de contrat social propre à la modernité.
Il faut prolonger la quête d’égalité
et de justice qui a vu, dans la modernité, l’émancipation politique du peuple et l’émancipation
économique et sociale du prolétariat.
Dans le cadre social déjà on a tendu à supprimer le parasitisme.
Le rapport de l’homme au monde doit être celui de la symbiose, et non plus celui du
parasitisme : un rapport de réciprocité où l’homme doit rendre au monde l’équivalent de ce qu’il lui
prend, par la contemplation et le respect.
Il faut faire cesser une situation immorale et irresponsable.
Une menace de mort collective rend cette évolution indispensable : car à notre époque, la
nature naguère esclave est en train de se réveiller.
Elle nous rappelle au sens du global et du cosmique.
Le langage du monde est certes informulé, en termes humains, mais....
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