Séquence 3 : Le Malade imaginaire de Molière. Analyse linéaire n°12 scène 10 acte III
Publié le 22/11/2022
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Séquence 3 : Le Malade imaginaire de Molière.
Analyse linéaire n°12
Introduction
(Cette introduction est volontairement longue pour vous donner des informations sur le
contexte de la pièce que nous n’avons pas le temps de voir en cours.
A vous de la raccourcir
le jour J pour rester dans les temps de l’exercice).
Molière est un homme aux multiples talents : dramaturge, comédien comique de génie (ses
gestes et expressions de visage étaient, paraît-il, très drôles et inimitables), metteur en scène
(même si ce métier n’existe pas tel quel au XVIIème siècle) et directeur de troupe.
Il excelle tout
particulièrement dans le genre de la comédie, dans lequel il ne manque jamais de fustiger les
travers de son temps.
Dans Le Malade imaginaire, sa toute dernière pièce, c’est l’incompétence,
le charlatanisme et l’orgueil des médecins qu’il vise.
L’auteur y met en scène Argan, un père de famille hypocondriaque, entouré de médecins et
d’apothicaires.
Il est manipulé par sa seconde femme, Béline, qui attend sa mort pour en hériter.
De son côté, Angélique, la fille d’Argan, est amoureuse de Cléante, mais son père souhaite la
marier à Thomas Diafoirus, le neveu de son médecin.
Angélique lui résiste, au risque d’être
enfermée dans un couvent.
Au moment d’écrire cette pièce, Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière, connaît des difficultés de
toutes parts : son fils et son amie de toujours, Madeleine Béjart, sont décédés peu avant et il n’est
plus en faveur auprès de Louis XIV.
Il s’est de plus brouillé avec Lully, compositeur attitré du
Roi avec qui il a créé une dizaine de comédies-ballets pendant plus de 10 ans.
Cela ne l’empêche
toutefois pas, une fois de plus, d’endosser l’habit de comédien en plus de celui de dramaturge.
L’auteur joue en effet le rôle principal, celui d’Argan.
Mais, à la quatrième représentation,
Molière est pris de violents symptômes sur scène et la pièce est interrompue.
L’artiste meurt chez
lui quelques heures plus tard (et non sur scène, comme la légende le rapporte).
Pour l’anecdote,
le fauteuil dans lequel il a joué le rôle d’Argan existe toujours, conservé à la Comédie-Française,
à Paris.
Juste avant la scène 10 de l’acte III, Toinette, la servante d’Argan, et Béralde (le frère du
malade), ont élaboré une ruse pour éloigner M.
Purgon.
Ayant réussi et profitant de l’occasion,
Toinette se déguise en médecin pour se jouer de son maître.
La crédulité d’Argan est ainsi plus
évidente que jamais.
Projet de lecture : Comment le déguisement de Toinette permet-il de révéler au
grand jour la crédulité d’Argan, et par là-même de mettre en place une satire de la
médecine du temps de Molière ?
Mouvements du texte :
1er mouvement : l.
1 à 11 : Sous le couvert de son déguisement, Toinette se présente, de
manière grotesque et infatuée, comme un médecin émérite.
2ème mouvement : l.
12 à 34 : Diagnostic parodique qui met en évidence les erreurs de
jugement de la médecine du XVIIe siècle, plus fondée sur des opinions que sur des faits
scientifiques avérés.
3ème mouvement : l.
35 à 41 : Le diagnostic, en tournant subitement à l’absurde et au
grotesque, parachève la satire de la médecine.
Grands enjeux du texte à prouver :
-
Satire de la médecine et des apparences : il suffit de se vêtir en médecin pour avoir
leur légitimité.
Crédulité d’Argan qui va de pair avec l’omnipotence de Toinette : l’un ne va pas sans
l’autre.
Travestissement de Toinette -> artifice théâtral par excellence pour créer du comique
et un phénomène de mise en abyme.
Une parodie de consultation.
Le déguisement de Toinette donne une dimension carnavalesque à cette scène (voir
l’encadré à la fin du corrigé) : non seulement le valet domine le maître durant cette
scène, mais en plus une FEMME joue au médecin (rôle bien entendu réservé aux
hommes au XVIIe siècle).
Quelques procédés intéressants à compléter des vôtres le jour J :
● Sur toute la scène : parce que Toinette se déguise, elle joue un rôle.
On assiste
donc à un phénomène de “théâtre dans le théâtre” (la comédienne joue Toinette
qui joue un faux médecin).
On appelle ce procédé une “mise en abyme”.
C’est
un topos du théâtre comique : un personnage de valet se déguise et prend un
autre rôle que le sien pour tromper son maître.
C’est le plus souvent l’occasion
d’une scène comique mémorable, et cette scène-ci ne déroge pas à cette règle !
● Sur toute la scène : remarquez la brièveté des répliques d’Argan par rapport à
celles de Toinette -> Argan est en position d’infériorité, ce qui est logique vu le
culte qu’il voue aux médecins.
Si on se rappelle que Toinette se cache derrière
l’habit de médecin, on comprend aussi que ce qui se joue ici, c’est l’inversion du
rapport de force habituel entre maître et valet, ce qui est hautement subversif !
● “de ville en ville, de province en province, de royaume en royaume” ->
gradation avec rythme ternaire trop exagérée pour être vraie (un médecin ne
va pas de royaume en royaume à moins d’être extrêmement réputé !).
Elle
accentue de manière grotesque la prétendue renommée de Toinette.
D’autant
plus comique que cette renommée est nulle, puisque Toinette n’est en aucun cas
médecin.
● “Donnez-moi votre pouls.” : Par l’usage de l’impératif “Donnez”, Toinette assoit
son autorité de médecin auprès d’Argan en donnant l’illusion qu’elle sait
parfaitement ce qu’elle fait.
Cet impératif confirme également l’inversion des
rôles entre maître et valet : habillée comme à l’accoutumée, Toinette n’aurait
jamais pu donner un ordre, quel qu’il soit, à son propre maître !
● “Allons donc, que l'on batte comme il faut.” : la phrase de Toinette est incongrue
et prête à sourire en raison de l’emploi du subjonctif à valeur jussive (mot
littéraire pour dire “à valeur d’ordre” : un médecin, tout compétent qu’il soit, ne
peut rien ordonner au corps d’un patient.
Une fois encore, la satire de la
médecine est présente et permet de critiquer la toute-puissance que s’arrogent
certains médecins du temps de Molière, comme ayant droit de vie et de mort sur
“leurs” patients.
● “Ouais ! ce pouls-là fait l'impertinent” : personnification du pouls, qui à la fois
suscite le rire (le pouls d’Argan ne....
»
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