Scène 9 - Juste la fin du monde de Lagarce: Antoine et Louis
Publié le 20/02/2022
Extrait du document
«
Introduction: Dans la scène 9, Antoine a de nouveau agressé
verbalement Louis qui a fini par quitter la pièce.
Seul, sans évoquer
jamais sa maladie de façon explicite, ce dernier se livre à un long
monologue qui prend la forme d'une méditation protéiforme sur sa mort
inéluctable dont il n'a pu annoncer la nouvelle.
Après avoir précédemment fait état de la haine pour les autres et de la
violence qui l'ont envahi, Louis évoque, dans le passage qui nous
intéresse, ses «dérisoires escapades», vaine alternative à l'angoisse de la
mort qui l'a assailli.
Il serait alors opportun de se demander dans ce
monologue poétique, comme hors du temps, quel regard Louis porte sur
ce désir de fuite physique, réel ou imaginaire, qui s'est emparé de lui.
I-
de «Plus tard encore,...» à «Je visite».: l'envie de courir le
monde
Plus tard encore
C'est il y a quelques mois,
Louis poursuit l'analyse des différentes réactions qui ont été les siennes à
l'annonce de sa maladie.
Cette introspection prend tout d'abord une forme
chronologique.
Je me suis enfui
Le choix du verbe « enfuir » rend compte d'une volonté farouche
d'échapper au réel terrifiant, de le nier par le départ.
Je visite le monde, je veux devenir voyageur, errer
Pour évoquer cette période, Louis utilise maintenant un présent de
narration qui lui permet sans doute de revivre l'aventure.
Il est sujet des
deux verbes : du verbe d'action « visiter », et du verbe de volonté «
vouloir » qui attestent donc bien d'une décision prise par Louis.
« Errer »,
quant à lui, dit le renoncement à une forme de maîtrise, l'abandon au
hasard, l'acceptation de la perte des repères.
Tous les agonisants ont ces prétentions,
Au «je» initial s'oppose maintenant un sujet collectif «Tous les
agonisants» dans
lequel s'englobe Louis.
Par le biais du déterminant
indéfini «Tous» Louis ne fait plus de son désir d'errance un cas isolé, il
rejoint la triste communauté des mourants.
Le nom «agonisant», terme
particulièrement violent, dit toute la
souffrance éprouvée et rend
compte de l'impitoyable lucidité du personnage.
se fracasser la tête contre les vitres de la chambre
Tels des oiseaux pris au piège, tous les agonisants se heurtent, en s'y
blessant, à la dureté du réel matérialisée par les parois vitrées dont la
transparence avait constitué un espoir.
Le terme de «chambre» évoque,
quant à lui, un espace clos et réduit..
»
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