Que fait l'écriture poétique et romanesque à l'événement historique violent?
Publié le 27/05/2022
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«
Essai littéraire : Que fait l'écriture poétique et romanesque à l'événement historique
violent?
Selon Rousseau, c’est dans la nature de l’homme de vouloir communiquer ses
émotions, ses ressentis.
Mais comment un homme peut raconter la violence d’une
guerre réelle, que certains ont vécu? L’histoire est linéaire, donc chronologique et
ordonnée alors que la violence est le chaos, le désordre, l’informe.
L’auteur doit
mêler deux choses en apparence contradictoires pour raconter son histoire.
De plus,
celle-ci est souvent inconcevable et impensable.
Nous nous demandons donc ce
que fait l’écriture poétique et romanesque à l’événement historique violent.
Nous
verrons dans un premier temps la mise à distance de l’auteur, puis l’utilisation du
pathos et pour finir le récit à travers le bourreau.
Premièrement, plusieurs auteurs décident de se mettre à distance avec l’événement
mais également avec l'œuvre.
Ils veulent être objectif, donner une vision réelle de ce
qu’ils ont vécu sans y mettre de pathos, de ressenti.
Comme s'il ne l’avait pas vécu
finalement, ils s’éloignent de l’évènement.
Par exemple, c’est le cas dans Si c’était
un homme de Primo Levi.
Il prend des notes sur le vif et le rédige le plus vite
possible pour ne rien oublier.
Son regard est objectif cependant, l’utilisation de
l’ironie rompt légèrement avec le côté distant car il enlève du poids de la situation.
D’un autre côté, Robert Antelme dans L'espèce humaine se met également à
distance tout en mélangeant le réel et le récit.
Il raconte ce qu’il à vécu
objectivement pour que le récit reste le plus fidèle à la réalité possible.
Tout l’enjeu
pour Robert Antelme est de raconter quelque chose d'inimaginable mais tout de
même réel, et ce de façon réaliste, en effet, il parle du “scandale de l’indifférence”
face au traitement des juifs dans les camps car ceux qui n’ont pas été victime ne
peuvent concevoir l'événement et ne croient donc pas les victimes.
D’autre part,
certains auteurs n’ayant pas vécu l’horreur en première place, comme Robert
Antelme, racontent tout de même le retour de leur bien-aimé, des victimes en
général de l’holocauste.
C’est le cas de Marguerite Duras, femme d’Antelme, qui
raconte de façon très scientifique, méthodique (dans la douleur), en quoi s’était
transformé le corps de son mari, revenu malade et pesant 35 kilos.
Elle fragmente le
corps en le décrivant, elle fait une revue médicale mais c’est ceci qui redonne une
consistance au corps de l'être aimé.
La mise à distance est peut être une façon pour
l’auteur de raconter l’expérience sans la revivre, la souffrir une autre fois.
Elle permet
de parler objectivement d’un événement horrifique pour informer le lecteur.
D’un autre côté, certains auteurs n’hésitent pas à mettre du pathos dans leurs
œuvres, le pathos engage le lecteur émotionnellement dans le récit, celui-ci ressent
de la pitié pour les victimes et peut se mettre à leurs places plus facilement, ressentir
de l’empathie.
Pour Max Scheler, nous sommes “émus ensemble”, il y a un “écho
affectif”.
Apollinaire dans La petite auto montre le passage d’un univers à un autre
en utilisant les tonalités épique et tragique.
Dans Le feu de Barbusse, le pathos est.
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