Manon Lescaut extrait 1 étude linéaire: Explication linéaire, extrait 1 : « J'avais marqué le temps de mon départ … ses malheurs et les miens. »
Publié le 09/05/2023
Extrait du document
«
Objet d’étude : Le roman et le récit du Moyen Âge jusqu’au XXIe siècle.
Abbé Prévost, Manon Lescaut, Première partie, 1731.
La rencontre.
Explication linéaire, extrait 1 : « J'avais marqué le temps de mon départ … ses malheurs et les miens.
»
I- Introduction :
1) Lecture fluide et expressive de l’extrait : 2mn, 2pts.
(Avant ou pendant l’introduction)
2) Situation du passage, formulation du projet de lecture et présentation de la composition du texte : mise
à jour de sa structure, de son plan qui sera aussi le plan de l’étude linéaire.
L’abbé Prévost a mené une existence mouvementée : aventurier, voyageur, soldat et finalement homme
d’Église.
Il s’inspire de sa vie pour écrire une œuvre gigantesque, intitulée Mémoires et aventures d’un homme
de qualité qui s’est retiré du monde.
Mais c’est le tome 7 de cette œuvre, Manon Lescaut, (dont le titre original
est Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut), publié en 1731, qui va permettre à Prévost de passer
à la postérité.
Il s’agit d’un récit enchâssé, raconté rétrospectivement par le chevalier Des Grieux.
Ce jeune
homme de bonne famille était destiné à une carrière religieuse, mais il laisse tout tomber pour suivre Manon
Lescaut, une belle jeune femme, dont il tombe follement amoureux et qui l’entraînera irrésistiblement vers sa
déchéance.
Le passage objet de notre étude relate un topos de la littérature : la rencontre amoureuse entre les
deux protagonistes, un « coup de foudre » que le chevalier raconte ainsi que ses conséquences tragiques sur sa
vie.
Problématique : Il serait intéressant de se demander : Comment cette scène superpose-t-elle deux regards, celui
d’un jeune homme émerveillé et celui, plus lucide, d’un homme expérimenté ?
Plan :
On perçoit dans ce texte trois mouvements : tout d’abord,
I - L’annonce d’une passion fatale : l.
1 à 8.
II - Le coup de foudre : l.
8 à 12.
III - Le dialogue entre les personnages qui laisse présager la fin tragique : l.
13 à 20.
Explication linéaire :
I - L’annonce d’une passion fatale : l.
1 à 8.
Ce passage met en scène la rencontre de Manon et de Des Grieux, rencontre qui va bouleverser la vie du
chevalier.
Les deux premières phrases placent d’emblée la rencontre sous le signe de la tragédie : le jour
« marqué » devait ramener Des Grieux à son père et à la vie bien casée à laquelle il était destiné.
Mais,
au moyen de l’interjection « hélas » et le conditionnel passé « aurait porté », exprimant l’irréel du passé,
Des Grieux montre le coup du sort fatal qui va causer sa perte.
La reprise du verbe « marquer » dans la
2e phrase ainsi que les phrases exclamatives montrent le regret du chevalier âgé devant sa faute et son
aveuglement passés.
« J’aurais porté chez mon père toute mon innocence » : Dès le début et tout le long du texte, Des Grieux
va insister sur son inexpérience et sur la pureté de sa vie antérieure et de ses intentions, pour se trouver
des excuses et faire sa propre apologie1 (éloge et justification).
« La veille même » : À nouveau, et au moyen d’un indicateur temporel, Des Grieux insiste sur cette date
fatidique qui va bousculer sa vie.
Pour montrer l’effet de choc que va produire cette rencontre, il
1
Discours, écrit visant à défendre, à justifier et par extension à louer une personne, une doctrine.
commence par mettre en évidence son caractère fortuit : « étant à me promener avec mon ami », « nous
le suivîmes », « Nous n'avions pas d'autre motif que la curiosité ».
Il montre ainsi sa propre
vulnérabilité.
Le passage au passé simple dans les verbes qui décrivent l’arrivée du coche montre un événement
déterminant, de 1er plan : l’entrée en scène de Manon.
Au moyen du connecteur d’opposition « Mais », Manon se détache, dès le départ, de toutes les autres
femmes : elles « se retirèrent aussitôt », alors qu’il « en resta une », « seule ».
Manon est désignée
comme unique, d’où le poids de la fatalité.
Déjà, on la trouve en compagnie d’un homme qui
« s’empressait » autour d’elle.
Cela annonce son attitude avec les hommes, son ascendant sur eux et sa
tendance à se « servir » d’eux.
II - Le coup de foudre : l.
8 à 12.
Ce mouvement montre l’effet immédiat que cette rencontre a sur Des Grieux.
« Elle me parut si charmante » : l’adjectif peut se lire de deux façons : jolie, bien sûr, mais surtout,
ensorceleuse, en retenant le sens premier du verbe charmer.
Manon semble jeter un sort au narrateur.
D’ailleurs, les mots « charmant » et « charme » sont utilisés trois fois dans le passage.
Le portrait de Manon est allusif.
Le narrateur déjoue les attentes et ne donne pas de détails précis.
Cependant, l’emploi de l’intensif « si » donne un caractère hyperbolique à son apparition.
En fait, c’est
une particularité frappante de cette scène de rencontre amoureuse, qu’à aucun moment, Des Grieux ne
s’attache à décrire physiquement Manon.
On ne peut la voir qu’à travers notre imagination de lecteur.
C’est sans doute l’une des clés qui explique le succès intemporel de cette œuvre.
L’apparition de Manon crée une fracture dans l’existence de Des Grieux : la répétition du pronom
« moi » le souligne : on dirait qu’il n’arrive pas à le croire, qu’il ne se serait jamais vu sous ce jour-là.
C’est une rencontre bouleversante qui constitue la première étape d’un apprentissage amoureux où la
femme séductrice mène le jeu alors que le jeune héros, passif, subit le charme.
L’adverbe « tout d’un coup » confirme que la rencontre appartient au domaine de l’instant, c’est un
coup de foudre, qui passe d’abord par le regard.
On peut noter la longueur et le rythme ascendant de la phrase qui permet de décrire la métamorphose du
jeune homme candide en amant passionné.
L’éloge de ses qualités (« sagesse », « retenue »), appuyé
par l’imparfait « admirait » est brusquement balayé par le passé simple « je me trouvai » : Des Grieux
perd toutes les qualités qu’admiraient en lui les honnêtes gens dès le moment où son regard tombe sur
Manon.
On passe du vocabulaire de la timidité (« excessivement timide », « facile à déconcerter »), au
vocabulaire de la passion : « enflammé », « transport », « maîtresse de mon cœur », et plus loin,
« amour » et « désir ».
Sa timidité considérée comme « défaut » et « faiblesse » disparaît et il devient
entreprenant : « je m’avançai ».
L’inexpérience sentimentale de Des Grieux est vaincue par la fatalité de la passion.
Le jeune homme ne
se pose aucune question, ne cherche pas à déterminer qui est Manon, ni à en savoir plus sur sa
personnalité, il affirme l’aimer et la nomme « maîtresse de son cœur ».
L’allitération douce en [m] dans
la phrase « je m'avançai vers la maîtresse de mon cœur » montre déjà l'amour de des Grieux.
Le chevalier âgé, narrateur, avec son vocabulaire précieux (la périphrase : « maîtresse de mon cœur », la
métaphore : « enflammé »), jette un regard émerveillé et ironique sur le noble héros qu’il était et qui,
dans un élan chevaleresque, tombe naïvement dans le piège.
III - Le dialogue entre les personnages : l.
13 à 20.
La communication entre les personnages passe par le regard mais aussi par la parole.
....
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