LES CONTEMPLATIONS, Victor Hugo « Réponse à un acte d’accusation » , livre I, poème 7
Publié le 11/06/2023
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LES CONTEMPLATIONS, Victor Hugo
« Réponse à un acte d’accusation » , livre I, poème 7
Le romantisme est un courant littéraire du XIX° siècle dont l’enjeu majeur est de
se démarquer de l’esthétique classique et qui se caractérise par son souci
d’innovation.
Victor Hugo en est une figure importante avec la diversité et
l’ampleur de son œuvre théâtrale , romanesque, poétique .Il publie son recueil
LES CONTEMPLATIONS en 1856.Le poème « Réponse à un acte d’accusation » a
été écrit en 1854 mais antidaté au mois de janvier 1834.Il est composé
d’alexandrins et présente des rimes suivies, globalement suffisantes ou riches
(« choisi/Merci » rimes pauvres).Le poète y développe son engagement en
faveur du courant romantique sous la forme d’une plaidoirie .Il s’agit d’un
manifeste poétique.
Le texte se subdivise en 3 mouvements :V1 à
V9 :restitution du « réquisitoire » de l’ « accusation »=reformulation de la thèse
adverse ///V10 à V18 : multiplication des concessions mais énonciation du thème
du poème qui sera développé après la pause induite par le « causons » qui ferme
l’extrait /// V19 à V29 :thèse de l’énonciateur :révolutionner la littérature .
V1 « Donc » conjonction de coordination exprimant la conséquence, qui se révèle
un connecteur impérieux qui présuppose un avant-texte qui n’existe pas .Elle
renvoie à une « accusation »implicite à laquelle le texte serait « la réponse »ainsi
que le titre le spécifie.
« c’est moi qui suis… » emploi d’une 1° personne ostentatoire qui d’entrée de jeu
spécifie le cadre énonciatif (forme d’insistance /présentatif + pronom « moi »).Ce
sera un énonciateur omniprésent.
« l’ogre et le bouc émissaire » métaphores à portée hyperbolique et
antithétique / « ogre » figure des contes populaires « bouc émissaire » figure
biblique = celui sur lequel les fautes de tous les hommes ont été reportées
/image grotesque qui associe une brute assoiffée de sang et une victime
expiatoire/ déséquilibre entre les 2 attributs « l’ogre » à la césure et « le bouc
émissaire » qui occupe le 2° hémistiche/allitérations en [S] et [K]+monosyllabes
rythme heurté du vers.
V2 « votre cœur » le déterminant possessif désigne l’interlocuteur du poète
« Dans ce chaos du siècle » connotation biblique, vision apocalyptique
=révolution romantique /reprise du point de vue des classiques pour lesquels les
romantiques sont des fossoyeurs de l’art, de la littérature mais aussi des valeurs
morales, religieuses et politiques.
« où votre cœur se serre » PSR qui les ridiculise
V3 « le bon goût et l’ancien vers françois » éléments se rapportant au classicisme
, chosifiés puisqu’ils sont « foulés » par l’orateur qui précise « Sous mes
pieds »V4, dans un rejet qui met en valeur ce complément
« le bon goût » est présenté comme une entrave
Le choix de la forme archaique de l’adjectif « françois » qui renvoie à
l’orthographe du XVII °, déprécie la poésie du siècle de Louis XIV, l’auteur la
relègue au rang de vieillerie
V4 « hideux » adjectif se faisant l’écho du terme « ogre » /isolé en fin de 1°
hémistiche alors qu’il est apposé à « j’ »
« j’ai dit à l’ombre :Sois !/Et l’ombre fut.
»V4,V5 rejet de « Et l’ombre fut.
»/
pastiche de la Genèse et en particulier de la formule « Dieu dit à la lumière :Sois
et la lumière fut ».Le poète apparaît ici comme le contraire de Dieu, le Diable en
personne.
« Voilà » présentatif qui renvoie à l’oralité inhérente à la plaidoirie
« réquisitoire » rime avec « conservatoire » = rimes significatives quant à ces
éléments se rapportant au classicisme /terme qui synthétise tout ce qui a
précédé
V6 accumulation « Langue, tragédie, arts, dogmes, conservatoire » amalgame de
notions conservatrices que le mot à la rime souligne
« conservatoire »/ « tragédie » renvoie au « grand genre théâtral qui s’oppose
au drame romantique / « dogmes » traduit la rigidité des règles qui régissaient le
classicisme
V7 « Toute clarté s’est éteinte » « la chute de tout » V 9 allitération en [T]/valeur
hyperbolique du déterminant et du pronom
L’ombre règne l’emploi du passé composé « s’est éteinte » renvoie à un passé
révolu /champ lexical « nuits/obscures »
Ces éléments se rattachent aux préjugés des contradicteurs /à interpréter
comme des antiphrases .
V8 « Le responsable » rejet mise en valeur du terme / « Le responsable et
j’ai // vidé l’urne des nuits » césure tombant entre l’auxiliaire et le participe
passé / double lecture :le sublime évocation de Thanatos , le dieu de la mort qui
était toujours représenté avec une urne et dont la mère Nyx était la déesse de la
nuit/ le grotesque « l’urne des nuits » = périphrase désignant le pot de chambre
que l’auteur vide en un mouvement parodique qui en dit le ridicule
Polysyndète « et » x 2 « et je suis »V7/ « et j’ai vidé »/rimes significatives « je
suis /nuits » renforcement quant à l’implication du poète
V9 « De la chute de tout » connotation biblique ,vision apocalyptique / mise en
valeur du pronom «....
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