Lecture linéaire prologue de Juste la fin du monde de Jean Luc Lagarce
Publié le 19/06/2023
Extrait du document
«
Jean – Luc Lagarce est un dramaturge et metteur en scène qui fait part de sa
mort prochaine en communiquant sa séropositivité en 1988.
En 1990, il publie Juste la
fin du monde où il est question du retour du fils pour annoncer sa mort future.
Cette pièce est composee de 2 parties et s'ouvre sur un prologue, la liste initiale nous
presente plusieurs personnages faisant partie d'une mme famille :
Louis 34 ans, Suzanne sa soeur 23 ans, Antione son frere 32 ans, Catherine la femme
d'Antione 32 ans et La mere 61 ans.
Comme dit precedemment la piece s'ouvre sur un prologue, qui dans le théâtre
antique désigne le discours qui précède l’action de la pièce.
Il est prononcé par un
personnage extérieur qui s’adresse au public.
Or, ici, c’est Louis, le personnage
principal, qui dans un monologue tragique d’une seule et très longue phrase présente
la crise personnelle qu’il traverse tout en faisant part de la raison de son retour auprès
de sa famille : l’annonce de sa mort prochaine et irremediable.
L’extrait prend place chez la mère, un dimanche « évidemment » indique l’auteur comme pour
marquer la temporalité.
Je vais maintenant passer a la lecture de l’extrait mais avant de commencer j’aimerais vous
demander si vous souhaitez que je lise le nom des personnages.
*Lecture de l’extrait*
Suite a cette lecture on peut donc se demander : en quoi est-ce un prologue original pour présenter
le personnage principal et l’intrigue de la pièce ?
Tout d’abord nous verrons la présentation tragique d’un héros complexe des lignes 1 à 18, puis
l’annonce à la famille et l’annonce de l’intrigue des lignes 19 à 32 et enfin l’acte et la parole
illusoires.
Le premier mouvement intitulé « présentation tragique d’un héros complexe » commence,
dans les quatre premières lignes, par l’annonce du personnage principal, de sa mort prochaine.
Pour
ce faire, Louis utilise une prolepse ou une prophétie que l’on peut là encore rapprocher au théâtre
antique.
Ce présage met en avant le poids de la fatalité avec l’idée que quoiqu’il arrive Louis
mourra.
Cela est renforcé par la polyptote « j’allais mourir » (ligne 2) et « je mourrai » (ligne 4) qui
souligne aussi une incompréhension concernant la temporalité de cet évènement avec d’un côté de
l’imparfait et de l’autre du futur.
Ce n’est pas sans rappeler la didascalie initiale de la pièce où « un
dimanche » et « durant près d’une année entière » venaient créer un flou.
Nous pouvons constater le
groupe prépositionnel « à mon tour » (ligne 3) qui sous-entendrait la thèse que quelqu’un de sa
famille est décédé, peut-être son père qui n’apparait pas dans la liste des personnages alors que c’est
une réunion de famille.
La présence du champ lexical du temps « plus tard, l’année d’après » (ligne
1), « ans » (ligne 3), « maintenant » (ligne 3) et « de nombreux mois » (lignes 6, 8) perd le lecteur
qui ne sait plus où situer les évènements.
A deux reprises, nous retrouvons des anaphores de temps
avec tout d’abord « l’année d’après » (lignes 1, 5, 9, 15 et 20) qui est en lien direct avec une date
approximative de la mort de Louis.
Elle rappelle sans cesse l’omniprésence de la fatalité, que la
mort arrivera bientôt.
Elle fortifie cette obsession de la mort, qui est le thème central de ce prologue
et donnant un ton tragique à cet extrait.
Ensuite, « de nombreux mois » (lignes 6 et 8) renvoie
davantage au temps qui est passé, consolidé par l’adverbe « déjà » (ligne 6).
Il a cessé de vivre
depuis cette nouvelle, il est dans l’attente « d’en avoir fini ».
Toutefois il a « triché » (ligne 6), on
peut comprendre qu’il voulait se persuader que tout allait bien, il s’est menti à lui-même et aux
autres aussi, en cachant qui il était véritablement : un homme en sursis.
La mort est partout, cachée
dans les euphémismes « en avoir fini » (ligne 8) et des périphrases « un danger extrême » (ligne 12)
et « l’ennemi » (ligne 14) comme s’il y avait encore cette volonté de tricher en minimisant cette fin
tragique.
D’ailleurs cette mort provoque de la ligne 10 à 14 une paralysie, une angoisse chez Louis
qui le menace, le dévore au fur à mesure.
La fatalité reste présente dans la proposition « sans espoir
jamais de survivre....
»
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