Lecture Linéaire - Métamorphose Ovide - Age d'or
Publié le 25/04/2024
Extrait du document
«
Parcours : La célébration du monde
Extrait Les métamorphoses d’Ovide – L’âge d’Or
Texte étudié :
1-
D’or est né le premier âge, et sans chef,
De lui-même, sans loi, il respectait la foi et le droit.
On n’avait ni peines ni peurs, on ne lisait aucune parole menaçante.
Sur le bronze gravé, la foule suppliante ne craignait pas
5 - Le regard de son juge, on était sauf, et sans chef.
*****
Pas encore arraché, pour voir le monde, à ses
Montagnes, le pin ne descendait sur les ondes fluides.
Les mortels ne connaissaient, à part les leurs, aucun rivage,
Les fosses en pente raide n’entouraient pas encore les villes.
10 - Ni trompette de bronze travaillé ni corne de bronze courbé,
Ni casques ni glaive.
Sans présence de soldats
Les peuples dans le calme vivaient de bons loisirs.
*****
Libre, intacte de coups de bêche, blessée
D’aucune charrue, spontanément, la terre donnait tout.
15 - Heureux des nourritures créées sans contrainte
Les hommes cueillaient les petits des arbousiers, les fraises des montagnes,
La cornouille, les mûres accrochées aux durs buissons de ronces
Et les glands qui tombaient de l’arbre épanoui de Jupiter.
C’était un printemps éternel, les doux Zéphirs frappaient
20 - De souffles tièdes les fleurs nées sans semence.
Bientôt la terre sans labour portait des fruits,
Le champ qu’on ne remuait pas blanchissait sous les barbes des épis ;
Déjà des fleuves de lait, des fleuves de nectar déjà coulaient,
Et blondes, du chêne vert tombaient des gouttes de miel.
Introduction
Durant le 1er siècle av et après JC, les écrivains s’intéressent à la poésie épique.
Ovide (né
en 43 av.
J.-C.
et mort vers 18 ap.
J.-C) poète de l’amour mais aussi poète de la
mythologie, s’inspire de ce courant littéraire pour écrire une centaine de fables qui
prennent essence dans la mythologie grecque et romaine.
Il regroupe ces dernières dans un
recueil intitulé Les Métamorphoses.
Dans ces dernières, il évoque la transformation du Chaos en un univers ordonné jusqu’à
la mort et à l’apothéose de Jules César.
Les métamorphoses d’Ovide ont pour vocation
d’établir des correspondances, un sens, entre les éléments qui composent le Cosmos et
ainsi nous expliquer l’origine du monde.
Dans cet extrait, le poète reprend le mythe de l’« âge d’or » évoqué par Hésiode (auteur grec
du VIIIe bonheur se trouve-t-il dans un ailleurs ou se vit-il au présent.
La théorie de l’« âge
d’or » pose la question de savoir s’il serait possible de revenir à un état d’insouciance de
l’homme, une sorte de paradis terrestre.
Problématique
Comment Ovide célèbre-t-il l’âge d’or ?
Plan linéaire
L’éloge d’un âge naturellement juste (sans lois, ni système judiciaire)
L’éloge d’un âge pacifique (sans guerre)
L’éloge du printemps éternel.
I- L’éloge d’un âge naturellement juste (sans lois, ni système
judiciaire)
1 : Un âge créé en premier, ce qui semble connoter une pureté perdue par la suite.
Mise en valeur de l’ « or » par l’Inversion syntaxique “d’or est né le premier âge »
Négation syntaxique « sans chef» -> ils sont autonomes.
Ovide choisit de montrer avant
tout à quel point l’âge d’or s’oppose à son propre temps par la négation.
Présent à valeur de futur qui nous rapproche de cette période heureuse de l’humanité
2 : « de lui-même » : l’âge d’or est né spontanément, il s’est construit lui-même (sans
l’intervention de l’homme)
Nouvelle négation syntaxique « sans » = Un monde qui s’est créé sans les 3 pouvoirs : la
foi (religion), la loi et le droit (législatif).
Ovide insiste sur l'idée qu'il n'y avait pas de lois (cela devait être étonnant pour ses
contemporains, habitués à de nombreux procès).
Les conséquences de cette absence de
système judiciaire sont évoquées dans les vers 3 à 5 : Il n'y avait pas besoin de juge.
« respectait » : Ovide place l’âge d’or dans un passé idéal et pour se faire utilise l’imparfait
de durée qui renvoie à une durée sans limite précise et à des habitudes.
3.
« On » : il y a une généralité.
Pas de territoire, tout le monde a le même.
Redondance de négation, « n’… ni… ni… aucune » = nie le fait d’avoir des contrariétés,
paix, harmonie, Ovide décrit un monde parfait
« ni peine, ni peur » = équivalent .
Ce qui détruit l’homme c’est la peur de l’autre
Toujours à l’imparfait : l’emploi de l’imparfait renforce l’effet d’un cadre sans limite de temps
(toute la suite du poème est à l’imparfait, est-il utile de repérer tous les verbes à l’imparfait ?)
4.
« Sur le bronze gravé » : renvoie aux 10 commandements qui marquent le début des
restrictions.
Ici, on parle des lois = on nous dit ce qu’on ne doit pas faire.
« suppliante » : la foule doit prier pour honorer et remercier et non pour supplier car on aurait
peur de quelque chose.
La foule prie sans crainte de jugement.
“craignait” : imparfait de durée alors que le temps est révolu -> dans le but de conserver
l’espoir de revenir à un monde parfait
5.
Hyperbolique car il ne craint pas la sanction mais le regard.
Absence de peur permet d’être
sauvé.
“on” condition humaine
Et « sans chef » : épanadiplose (quand le début commence par la fin), procédé
cinématographique, éloge en montrant ce qu’il n’y a pas
“chef” autorité qui va asservir les gens, conscience que l’autre existe
Imparfait : pour l’espoir que ce temps n’est pas loin
« sans » : Jeux de répétitions.
Les négations scandent le poème, accentue la perfection
C’est à cause de l’homme « soldat »
L’homme est un loup pour l’homme/il s’auto détruit
Ovide présente la loi humaine et la justice, comme un de rapport de force, de menace, de
répression (« parole menaçante» 3 ; « le regard de son juge» 5), ce qui provoque la crainte
de la population (« peur » 3 ; « craignait » 4).
Pourtant La loi et la justice devrait inspirer
confiance et permettre à chacun de vivre....
»
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