Lecture linéaire « Demain dès l’aube… »
Publié le 10/12/2023
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«
Lecture linéaire
« Demain dès l’aube… »
ÉLÉMENTS D’INTRODUCTION
Le livre 4, séparé des précédents par la béance de la mort de Léopoldine, le 4 septembre 1843, est explicitement
intitulé « Pauca meae », ce qui signifie « quelques vers pour ma fille ».
Ce titre, emprunté à Virgile (célèbre poète
latin auteur d’élégies), inscrit le livre dans le lyrisme de l’élégie (= poème lyrique dans un ton triste et
mélancolique).
C’est le livre du deuil.
Le livre IV, mais aussi plus largement Les Contemplations dessinent le
monument de Léopoldine.
Le poème « Demain dès l’aube » date de 1847, 4 ans après la mort de Léopoldine.
Il retrace l’itinéraire entre le
Havre et le cimetière de Villequier.
Projet de lecture Comment ce récit, grâce au pouvoir de la poésie, prend-il la forme d’un poème d’amour ?
Plan du poème
1ière strophe : le départ
2ième strophe + vers 9 et 10 : la souffrance du poète
Les 2 derniers vers : la chute.
LECTURE LINÉAIRE
Vers 1
3 éléments temporels qui forment un groupe ternaire.
L’adverbe de temps marque le moment
précis du départ, tandis que le moment choisi, le petit matin, traduit l’espoir d’une journée qui se
lève, la pureté d’un nouveau jour.
Rythme croissant (2/2/8) qui traduit le départ, l’ampleur de la marche.
Vers 2
rejet de « je partirai » qui confirme la résolution prise.
L’emploi du futur situe l’action dans un
avenir très proche et surtout considère sa réalisation comme certaine.
Le verbe partir exprime un
mouvement.
emploi de P1 qui dit le lyrisme
apparition du destinataire à travers le pronom personnel « tu » en apostrophe qui suggère un
dialogue amoureux.
L’alternance de « je » et « tu » dans ce vers donne l’impression d’un vrai
dialogue.
On imagine une attente sentimentale et la certitude d’une rencontre amoureuse.
Il s’agit
pour l’instant d’un itinéraire sentimental.
Rimes internes (partirai/ sais)
Vers 3
Le rythme s’amplifie : 6/6 qui donne la cadence de la marche + le parallélisme de la construction
syntaxique marque l’ampleur de la marche.
Présence d’un espace naturel à travers « la forêt » et « la montagne ».
Importance de la nature chez
les Romantiques.
Remarquons cependant l’imprécision du décor à travers l’emploi de l’article défini
qui suffit à lui seul à nous laisser imaginer les détails : les notions géographiques données n’ont en
effet aucune caractérisation.
Toujours l’emploi du futur qui dit la certitude et l’emploi d’un verbe de mouvement qui simule la
marche.
Le héros traverse des épreuves pour rejoindre l’être aimé.
Galanterie.
Vers 4
Expression du manque de l’être aimé => registre élégiaque, car la séparation est douloureuse.
.
Jeu
des pronoms personnels, « je » et « toi ».
Le tétramètre (4 accents : 3/3/3/3) + mots monosyllabiques créent un rythme régulier qui suggère
le silence ; on a l’impression que le poète parle à mi-voix, tendrement.
Tout ce vers donne à cette fin
de strophe la musicalité d’une incantation personnelle.
Vers 5
Le regard est ici intériorisé, tourné vers l’intimité du moi.
Pendant sa marche le poète tente de
s’abstraire du monde qui l’entoure ; il devient indifférent à ce qui l’entoure.
Ce mouvement explique
peut-être maintenant l’aspect imprécis de la description de la nature dans le 1 er quatrain : l’extérieur
ne compte pas ; seule l’introspection est importante.
On retrouve l’emploi du futur et d’un verbe d’action.
La récurrence de ces verbes qui disent le
mouvement et de l’emploi du futur qui dit la certitude souligne une volonté que rien ne saurait
arrêter.
Trimètre ici (4/4/4) avec l’accent qui porte sur le son final (marcherai/ fixés/ pensées = rimes
internes) crée une grande monotonie.
Vers 6
Parallélisme syntaxique + emploi de la négation à travers la préposition « sans » (au début de
chaque hémistiche) ainsi que la conj.de coord.
« ni » et l’adjectif indéfini « aucun » coupent le
poète du reste du monde et intensifient le repli sur le « moi » du poète qui souffre.
Méditation.....
»
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