Lecture linéaire: Charles Baudelaire - Une Charogne - Poème XXIX de la section « Spleen et Idéal »
Publié le 16/09/2023
Extrait du document
«
INTRODUCTION : Présentation générale (auteur, œuvre) : Charles Baudelaire est un
poète parisien du XIXème siècle (né en 1821) que l’on considère comme l’«
inventeur » de la modernité.
En effet, encore influencé par le Romantisme, il a
cependant apporté un souffle nouveau sur les arts, tant dans ses thèmes que dans les
formes qu’il exploite.
Il influencera à son tour toutes les générations de poètes qui lui
succéderont, des symbolistes aux parnassiens de la seconde moitié du XIXème siècle,
et jusqu’à aujourd’hui.
Mais quand il publie pour la première fois son recueil Les
Fleurs du Mal, en 1857, dans la France bourgeoise du Second Empire, il fait scandale
malgré lui, et subit un procès qui aboutira à la censure partielle de son œuvre, ce qui
le rendra malheureux, car il se sentira incompris, poète maudit.
Présentation de
l’extrait (situation du passage dans l’œuvre et problématique) : Le poème XXIX de la
section « Spleen et Idéal », première du recueil, qui s’intitule « Une charogne », est
emblématique du geste baudelairien de l’alchimiste, que la puissance rend capable de
transformer la boue (une charogne, élément ignoble) en or (esthétique amoureuse pardelà bien et mal, beau et laid, Spleen et Idéal, vie et mort).
Nous verrons en quoi ce
poème se démarque de la tradition poétique, en mettant en acte ce geste d’alchimiste
poétique.
Dans le même temps, nous verrons comment Baudelaire donne sa version
du carpe diem.
Remarques générales sur la forme du poème : douze quatrains, dans
lesquels les alexandrins et les octosyllabes s’alternent et les rimes sont croisées.
LECTURE ORALE Annonce des mouvements du texte découpé (ici, on a six
mouvements, mais vous pouvez très bien le découper autrement, du moment que
vous justifiez avec pertinence votre choix).
DÉVELOPPEMENT : Strophes 1 et 2 :
souvenir de l’apparition de la charogne.
Convocation par le poète d’un souvenir a
priori vécu avec sa bien-aimée (« mon âme »).
L’apostrophe « mon âme » peut aussi
révéler qu’il s’adresse à lui-même.
→ trois destinataires possibles : une femme, luimême, et le lecteur quoi qu’il en soit.
Impératif (« rappelez-vous ») : devoir de se
souvenir, devoir de rester dans une mémoire éternelle, le poème fixe pour l’éternité la
beauté de la scène qui est décrite.
Narratif sur les 2 premiers vers puis dominante
descriptive après l’apparition fortuite (« au détour de ») de la « charogne ».
Apparition = événement central du poème.
Au moment de cette apparition, autre
changement, radical : on passe d’un registre lyrique (valorisation de la nature, cadre
idyllique, bucolique « ce beau matin d’été si doux » + expression d’une nostalgie +
sentiment amoureux « mon âme ») à un objet répugnant : la charogne, c’est-à-dire un
cadavre de bête en putréfaction.
On note déjà dans ce passage des rapprochements
étonnants entre des éléments « normalement » opposés : « mon âme », rime avec «
charogne infâme », comme si déjà le poète rapprochait sa bien-aimée du cadavre
animal.
+ sensation de douceur rapprochée des « cailloux » avec le nom « lit » et
l’adjectif « doux » qui rime.
Le deuxième quatrain bascule violemment dans une
personnification qui peut choquer le lecteur : la charogne est comparée à une «
femme » pleine de désir sexuel, dans une posture lascive, voire carrément suggestive.
Au-delà de la réaction dégoûtée que l’on peut ressentir, il faut voir la manière dont
Baudelaire donne une peinture pleine de vie (expression du désir) d’une nature morte.
Strophes 3 à 6 : description d’un spectacle plein de vie.
Le soleil est comme un
projecteur de théâtre qui met en valeur l’objet qui se trouve sur la scène, jusqu’à le
rendre appétissant, avec la comparaison culinaire,....
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