Lecture linéaire 3 : Au cabaret Vert, cinq heures du soir Au Cabaret Vert, cinq heures du soir
Publié le 24/06/2024
Extrait du document
«
Lecture linéaire 3 : Au cabaret Vert, cinq heures du soir
Au Cabaret Vert, cinq heures du soir
Depuis huit jours, j’avais déchiré mes
bottines
Aux cailloux des chemins.
J’entrais à
Charleroi.
– Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
1er mouvement : le poète errant
-l’arrivée à l’auberge
Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la
2e mouvement : La détente table
bien être
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie.
– Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,
– Celle-là, ce n’est pas un baiser qui l’épeure !
Rieuse, m’apporta des tartines de beurre, du
jambon tiède, dans un plat colorié,
3e mouvement : carpé
diem -l’arrivée de la
serveuse, des plats
–
Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse
D’ail, – et m’emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.
Arthur Rimbaud, Cahier de Douai, 1870
Introduction :
Arthur Rimbaud est un célèbre poète français du 19è siècle qui évolue dans le mouvement du réalisme.
Il vécut son enfance dans une atmosphère autoritaire dont il dénoncera souvent, dans ses écrits, son
importante pesanteur.
A la suite de deux fugues en 1870, Rimbaud a écrit Au cabaret vert à l’âge de 16
ans.
Ce poème sera publié en œuvre posthume dans le recueil, « Les cahiers de Douai ».
Dans ce
poème Rimbaud, après avoir réalisé un long voyage à pied, décrit un repas passé dans un cabaret où il
y rencontra une femme.
Comment, dans ce sonnet, Rimbaud parvient-il à retranscrire son
bonheur de façon irrévérencieuse ? Nous étudierons cela en 3 temps, pour commencer par son
arrivée à l’auberge, de comment il en vient à se détendre et enfin par l’arrivée de la serveuse et des
plats.
En 1870, Arthur Rimbaud est un adolescent de 16 ans en pleine révolte qui écrit 22 poèmes lors de 2
fugues.
Ils qui deviendront les « Cahiers de Douai ».
Le sonnet « Au cabaret-vert » constitue une trace
autobiographique de ses errances et marque le lecteur par son audace thématique et esthétique.
En quoi
ce sonnet….
1er mouvement : le poète errant - l’arrivée à l’auberge
Présence surprenante du récit : le lecteur peut en effet avoir l’impression de lire une page de roman
(effet de réalisme), tant par le choix des temps (plus-que-parfait « avais déchiré », imparfait « entrais »
et passé simple « demandai ») mais aussi par l’ancrage spatio-temporel : « depuis 8 jours », à la
destination réaliste « Charleroi », dans un lieu fréquenté lors de sa fugue « cabaret vert ».
l.
1-4
Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins.
J’entrais à
Charleroi.
– Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines
De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.
Le CCT « Depuis huit jours » laisse deviner un
périple bien plus long pour la Belgique.
3 phrases = ce rythme imprévisible traduit l’errance de
l’auteur => malmené => ruptures.
1ère
phrase :
aventure/péripétie/fugue
traduit
l’échappée du poète.
Passé antérieur « j’avais déchiré mes
bottines » = actions passées dans le passé, = rudesse,
obstacles… a traversé de nombreux obstacles, ses
chaussures sont usées à cause de ce long périple à travers le
pays ; il se compare à un troubadour errant sans le sou.
⇨ Rimbaud assume ce récit d’une grande simplicité.
Imparfait indique une intention claire : « J’entrais à
Charleroi » action secondaire.
2ème phrase = phrase très courte : situation initiale ;
temps à l’imparfait =arrivée dans la ville.
Passé simple pour l’action de premier plan « je
demandai ».
⇨ Récit qui donne une dimension romanesque à sa
fugue
3ème phrase : le lieu dans lequel arrive le poète est en
italique, précédé d’un tiret : début de la scène, l’auberge/ le
nom est placée en début de vers (mise en relief), deux points
= description de la scène : une action de 1er plan, verbe au
passé simple, la commande passée ; CL de la nourriture, la
commande des mets / aliments plutôt simples.
« tartine » = rime avec bottine = déconcertant
« fût » = subjonctif = soutenu => contraste
.
2e mouvement : La détente
« Bienheureux » = adjectif isolé en attaque du vers
Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la provoquant comme une connotation religieuse, il est
question de plénitude/bien-être.
Aussi traduite par
table
l’enjambement interne au V5, au rejet V6 et au débordement
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
d’1 strophe sur l’autre Ligne 7.
De la tapisserie.
– Et ce fut adorable,
« J’allongeais les jambes » = verbe d’action, moment
de détente, opposition....
»
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