La sensibilité chez Baudelaire

« La sensibilité comme on l'entend renvoie à la perception des sens mais aussi à la faculté de ressentir les émotions et les sentiments.

Or il est intéressant de distinguer la sensibilité au sens large et celle des artistes, qui elle se définit plutôt comme la faculté d'éprouver des sentiments et l'aptitude à les traduire, à les exprimer dans une création artistique.

C'est notamment le cas des poètes qui possèdent une sensibilité particulière dans le sens où ils ont une perception qui leur est propre et voient le monde différemment.

En revanche, cette sensibilité apparaît dans leurs texte comme étant à double tranchant, c'est un véritable atout d'un côté mais ça peut aussi être un caractère destructeur de l'autre.

En nous appuyant sur le recueil de poèmes Les fleurs du Mal de Baudelaire paru en 1857 puis en 1861 abordant la condition du poète entre le spleen qu'il fui et l'idéal qu'il tente d'atteindre, nous pouvons donc nous demander en quoi la sensibilité du poète peut-elle apparaître à la fois comme une force et comme une faiblesse ? Pour cela nous verrons en premier lieu que la sensibilité du poète lui est très bénéfique puis nous verrons par la suite qu'elle peut aussi être un lourd fardeau pour lui. D'une part, la sensibilité du poète se manifeste comme une réelle force.

Baudelaire disait d'ailleurs “ne méprisez la sensibilité de personne ; la sensibilité de chacun, c’est son génie”, on perçoit donc de manière explicite que Baudelaire relie “génie” et sensibilité .

En effet, c'est cette sensibilité qui lui permet de percevoir et de ressentir intensément le monde et ce qui l'entoure c'est le cas du poème « la destruction » dans la section Fleurs du Mal où la sensibilité du poète lui permet de décrire avec une grande intensité les scènes de destruction ,de créer des images fortes et de susciter des émotions profondes chez les lecteurs.

La sensibilité du poète lui permet aussi de percevoir les petits détails qui échappent à la plupart des gens ,lui conférant une position supérieure à la moyenne, comme on peut le voir dans le poème « la chevelure » dans la section spleen et idéal où le poète éprouve une passion et une admiration intense pour les cheveux d'une femme révélant sa capacité à percevoir la beauté dans les moindres détails et dans le poème “la cloche fêlée” dans la section spleen et idéal qui reflète la sensibilité du poète en explorant la nature fragile de l'âme humaine et sa capacité à percevoir les blessures et les cicatrices invisibles de l'existence. Cette sensibilité est aussi une force en révélant la beauté à des endroits auxquels on ne s’attend pas comme dans le poème « hymne à la beauté» dans la section spleen et idéal où le poète montre comment la beauté peut être trouvée même dans les endroits les plus sombres et les plus inattendus cette idée est aussi reprise dans le poème « une charogne» dans la section spleen et idéal où Baudelaire décrit une charogne en décomposition et montre comment malgré son aspect repoussant elle suscite en lui une profonde fascination et un émerveillement esthétique, sa sensibilité lui permet donc d'apprécier la beauté poétique même dans les situations les plus sombres et les plus dérangeantes,on peut également retrouver cette idée dans le recueil le parti pris des choses de Ponges avec par exemple les poèmes”l’huître” ou bien le “pain” où le poète transforme un élément banal du quotidien en oeuvre poétique. Mais encore, la sensibilité du poète peut aussi lui permettre de transcender la réalité et de trouver un refuge dans la beauté et la poésie c'est notamment le cas des poèmes« l'invitation au voyage» dans la section spleen et idéal où le poète décrit un monde idéalisé, invitant le lecteur à s'évader ,il peint une atmosphère rêveuse et romantique créant ainsi un monde idéal et donc une riche évasion poétique, on pourrait dire qu'il offre un échappatoire et « le voyage » dans la section la mort qui est un poème qui évoque le désir de s'évader de la réalité et de plonger dans l'inconnu, ici la sensibilité du poète se manifeste comme une force transformative car elle lui permet de transcender les limites de la réalité banale et d'explorer des mondes imaginaires. D'autre part, la sensibilité du poète peut également être perçue comme une faiblesse.

En effet sa perception aiguë du monde lui procure une hypersensibilité qui le rend vulnérable à la souffrance et aux échecs menant chez lui à une fragilité émotionnelle comme on peut le.... »