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LA BRUYÈRE, Les Caractères, présentation

Publié le 24/09/2022

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« LA Bruyère 1.

Sa vie, son oeuvre Né en 1645, Jean de La Bruyère est issu de la bourgeoisie parisienne.

Après de brillantes études, il devient avocat au Parlement de Paris, puis trésorier à Caen. Son expérience de précepteur auprès du duc de Bourbon lui ouvre la porte de la haute noblesse et lui permet d'observer de près la vie de la cour du XVIIe siècle. De son regard et de ses réflexions naissent Les Caractères ou les Moeurs de ce siècle (1688), dont les éditions successives (9 éditions revues et augmentées jusqu'en 1696) démontrent le succès.

La Bruyère ne publie qu'une autre oeuvre, Dialogues sur le quiétisme, dans laquelle il condamne cette théologie mystique.

Il est élu à l'Académie française en 1693, trois ans avant de mourir d'apoplexie. 2.

Présentation des Caractères ou les Moeurs de ce siècle Cette oeuvre inclassable est une collection de réflexions et une galerie de portraits ; ses 16 chapitres sont constitués de fragments formellement très divers, puisqu'on y relève des maximes et une multitude de portraits qui oscillent entre analyse psychologique et anecdote significative. La Bruyère y apparaît comme un critique et un moraliste ; il offre au lecteur un document précieux sur les moeurs de la fin du règne de Louis XIV.

En effet, il peint toutes les classes de la société, aborde différents phénomènes sociaux comme le prouvent ces titres de chapitres aussi variés : « Du mérite personnel », « Des femmes », « De la société et de la conversation », « De la mode », « De la chaire », « De la cour », etc. 3.

Les cibles de la critique dans Les Caractères Dans sa préface, La Bruyère souligne sa volonté d'exposer au grand jour les vices des hommes afin qu'ils puissent s'en corriger.

Il reprend les cibles traditionnelles de la critique de son temps.

Les institutions ne sont pas épargnées : l'Eglise dans le chapitre « De la chaire », la monarchie et la cour dans « De la cour » et « Du souverain et de la république ». La Bruyère s'attaque aussi aux riches, à la haute bourgeoisie et à l'aristocratie avec une virulence qui traduit l'amertume et l'aigreur d'un écrivain issu d'un milieu modeste.

Enfin, il dénonce aussi toute forme de corruption individuelle et souligne l'injustice d'une société qui réduit le tiers état à la misère.

La tonalité des Caractères est donc critique et annonce le vent de contestation qui s'exprime plus systématiquement au cours du XVIII e siècle. 4.

L'art du portrait Le succès et l'intérêt des Caractères reposent aussi sur le talent de portraitiste de La Bruyère.

Son sens de l'observation, son goût du détail pittoresque, de l'anecdote, sa capacité à peindre un personnage en quelques lignes sont remarquables.

De même, les procédés rhétoriques qu'il emploie, comme par exemple ceux qui créent l'ironie, font de lui un grand écrivain.

Mais l'originalité de cette galerie de portraits naît de la dimension universelle qu'il donne aux personnages qu'il évoque.

Chaque personnage décrit est emblématique d'un caractère, d'un vice.

On passe du personnage singulier à l'homme en général, du portrait au type. L'essentiel Jean de La Bruyère est célèbre pour son oeuvre Les Caractères.

Le talent de critique et de moraliste de l'auteur s'exprime dans une série de maximes et de portraits, souvent ironiques, qui permettent au lecteur d'aujourd'hui de mieux connaître le siècle de Louis XIV. Comment résumer les livres V à X des Caractères ? Dans De la société et de la conversation (livre V), La Bruyère évoque l’art d’être en société.

Il dresse le portrait de personnages contraires aux valeurs de civilité, de politesse et d’honnêteté. Dans Des biens de fortune (livre VI), le moraliste met l’accent sur le rôle de l’argent qui déstabilise l’ordre social et crée des différences de fortune ne reposant pas sur le mérite. Dans De la ville (livre VII), il dépeint la ville comme un théâtre où tout est caché, masqué.

Les hommes sont rattachés les uns aux autres par le « regard », instrument de comparaison, de malveillance et de moquerie. Dans De la Cour (VIII), La Bruyère présente le tableau satirique de la cour de Louis XIV. Il s’agit d’une société superficielle, soumise au culte des apparences.

Il décrit un monde impitoyable où les destinées sont soumises aux lois du hasard et où le destin d’un favori peut être brisé soudainement. Dans Des Grands (IX), le moraliste dresse le portrait des hommes de la haute noblesse, orgueilleux, vaniteux, imprévisibles et corrompus.

L’auteur oppose le rang social et le mérite. Dans Du Souverain ou de la République (livre X), il critique la guerre et adresse des conseils aux dirigeants et au roi. Quels sont les thèmes importants dans les livres V à X des Caractères de La Bruyère ? L’honnête homme Dans Les Caractères, La Bruyère fait le portrait de l’honnête homme (idéal de l’homme au XVIIème siècle) : un homme mesuré, convenable, cultivé, qui n’essaie pas de paraître pour ce qu’il n’est pas. Ainsi, les portraits satiriques sont à lire comme des contre-modèles de l’honnête homme. Par exemple, Théodecte (V, 12) est trop théâtral.

Il veut être le centre de tout et a des gestes et des tons de voix excessifs, qui manquent de discrétion.

Narcisse (VII,12) ne se soucie que de lui-même. L’honnête homme, au contraire, se caractérise par sa modestie, sa mesure et sa maîtrise des relations sociales et de la conversation (livre V, « De la société et de la conversation »). Le théâtre du monde La Bruyère représente le monde comme un théâtre, thème traditionnel dans la littérature moraliste du XVIIème siècle. Le monde est théâtral car chacun met en scène sa richesse et sa fortune, dans une société régie par l’artifice et la superficialité. Ainsi, le regard est omniprésent dans Les Caractères.

Tout est spectacle et destiné à être vu : « "L’on se donne à Paris (…) pour se regarder au visage et se désapprouver les uns les autres" » (VII, remarque 1).

La Bruyère décrit même un « "spectateur de profession" » (VII, remarque 13) qui passe sa vie à fréquenter la Cour et la ville pour voir et être vu. Sur cette scène, chaque courtisan est un acteur « "maître de son geste, de ses yeux et de son visage" » (VIII, remarque 2). Cette comédie sociale est néfaste car l’art de la dissimulation détruit le « naturel », très important au XVIIème siècle. La Cour et la ville 4/6 Dans le livre VIII, La Bruyère s’intéresse particulièrement à deux espaces qui amoindrissent les vertus de l’homme et font ressortir ses vices : la Cour et la ville. Pour La Bruyère, ce sont les lieux du changement perpétuel.

Rien n’y est stable, tout y est en mouvement, ce qui ne peut que déplaire au moraliste qui souhaite l’équilibre, la raison, et la perpétuation de la tradition. Le champ lexical.... »

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