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La boétie discours de la servitude volontaire

Publié le 23/06/2024

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« PARCOURS Ecrire et combattre pour l’égalité Etienne de la Boétie 1530 - 1563 Poète et philosophe français Né à Sarlat (Périgord) en 1530 dans une famille d’aristocrates Etudie le droit à l’université d’Orléans 1554 : plus jeune conseiller admis au Parlement de Bordeaux où il rencontre Montaigne L’université d’Orléans était à l’époque un ferment de libre-penseur L’étude du droit était une quête de la vérité et des principes fondamentaux Dans ce cadre favorable, La Boétie va composer le texte qui le consacre pour la postérité : « Discours de la servitude volontaire ou Contr’un » Ce texte est une réflexion profonde sur la nature de la tyrannie et les fondements du pouvoir étatique, et qui porte sur le mystère de l’obéissance civile : pourquoi est-ce-que, en tout temps et en tous lieux, le peuple s’est-il toujours soumis aux gouvernements, qui ne représentent qu’une infime minorité de la société ? La Boétie propose une réflexion abstraite et déductive, non rattachée aux circonstances politiques particulières du moment et donc universelle On peut faire un parallèle non formel entre sa démarche et celle de Machiavel à la différence majeure que Machiavel instruisait le Prince sur la manière de préserver son pouvoir, La Boétie réfléchit sur la liberté individuelle et par conséquent sur la perte de pouvoir des dominants Discours de la servitude volontaire sera une des influences essentielles du siècle des Lumières, ainsi que des tenants de la résistance non-violente, de Tolstoï aux anarchistes. A son retour de Bordeaux, La Boétie va mener une vie de royaliste fidèle, à contre-courant de ce qu’il prônait dans son texte fondateur Il écrira même plus tard un texte non publié dans lequel il fait preuve de conservatisme modéré, pour la protection du Catholicisme mais contre les abus de l’Eglise, prônant pour les Huguenots le choix entre la conversion ou l’exil La Boétie est aussi entré dans l’histoire pour son amitié avec Michel de Montaigne qui fera connaître son œuvre à la postérité Cette amitié sera le sujet d’une des œuvres principales de Montaigne « De l’amitié » Discours de la servitude volontaire 1549 La Boétie écrit Discours de la servitude volontaire en 1547 Il n’a que 18 ans L’année 1547 est une année de transition : François 1er, qui avait entrepris une œuvre de centralisation monarchique, meurt et Henri II prend le pouvoir. A travers son Discours sur la servitude volontaire, La Boétie souhaite envoyer des recommandations à ce nouveau Prince pour l’engager à une conception nouvelle de la monarchie. QUESTIONS POSSIBLES A L’ORAL  En quoi ce texte relève-t-il du courant humaniste ?  Discours de la servitude volontaire est-il un texte antimonarchique  Comment pourrait-on définir la philosophie politique de La Boétie ?  Dans quel but La Boétie utilise-t-il la rhétorique dans ce texte ?  Que reproche La Boétie à la monarchie et que prône-t-il ? I. UN REQUISITOIRE CONTRE LA MONARCHIE La Boétie fait un véritable réquisitoire contre la monarchie qu’il juge injuste et confiscatoire. Le monarque est un voleur (A) et la monarchie une tragédie (B) A.

Le monarque, un voleur Dans Discours de la servitude volontaire, le roi est déprécié. Le roi est censé être un être exceptionnel, n’est mentionné qu’à travers des pronoms démonstratifs sans être nommé ou spécifié : « celui-là » « celui pour qui … et pour la grandeur duquel » Son corps considéré comme sacré au 16ème siècle, est ramené à un corps quelconque à travers le registre réaliste « 2 yeux, 2 mains, un corps » Ce vocabulaire surprend car à cette époque, seul le registre épique est toléré pour évoquer le roi et ce dernier ne peut être comparé qu’à des êtres mythologiques.

Or ici, le registre est réaliste et le roi est diminué à travers une tournure restrictive « ce maître n’a pourtant que… » La périphrase « ce maître » est elle aussi dépréciative car elle ramène le roi a une fonction, un métier alors que ce statut relève normalement de l’élection divine. Mais La Boétie va encore plus loin : il dresse du roi le portrait d’un voleur. Le champ lexical du vol est très présent : « pauvres gens misérables », « enlever sous vos yeux », la moitié de vos biens », « larron qui vous pille », « ses pilleries » Ce champ lexical du vol est mis en valeur par la démultiplication de l’adjectif possessifs de la 2ème personne du pluriel qui marque la propriété : « votre revenu » « vos champs » « vos maisons » « vos ancêtres » « vos biens » « vos familles » « vos vies » Ces propriétés sont évoquées à travers une gradation : le Roi confisque les biens de son peuple à travers l’impôt (« vos revenus »), mais il vole aussi des biens immatériels comme la vie (« vos vies ») Ce texte s’apparente donc bien à un procès dans lequel La Boétie accuse le Roi. On retrouve, d’ailleurs, dans le texte une rhétorique judiciaire comme par ex le rythme ternaire suivi d’un rythme binaire au début du texte « pauvres gens misérables, peuples insensés, nations opiniâtres à votre mal (1) et aveugles à votre bien (2) ! » (1) = le rythme ternaire est un crescendo classique dans la rhétorique judiciaire partant des individus pour s’élargir aux nations (2) Le rythme binaire met en balance le mal et le bien comme le ferait un juge B.

La monarchie, une tragédie Dans ce texte, le registre pathétique est très présent, à travers notamment le champ lexical du malheur : « dégâts » « malheur » « ruine » « mort » « détruire » « indignités » Les déterminants démonstratifs rendent encore plus présents et réels les éléments pathétiques : « ces dégâts », ces malheurs, cette ruine » Si quelques termes caractérisent le peuple de façon épique (« courageusement » « grandeur » « vous offrir vous-mêmes la mort », ils sont déconstruits par le terme « boucherie » qui souligne qu’il s’agit d’un héroïsme inutile dont le roi est indigne (« pour qu’il les mène à la guerre, à la boucherie ») Mais le plus tragique réside dans le fait que c’est le peuple lui-même qui est à l’origine de cette souffrance.

C’est ce que montre l’analyse grammaticale des pronoms personnels « vous » « ce qu’il a de plus, ce.... »

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