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« Il n’y a de littérature que volontaire »

Publié le 02/05/2022

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« « Il n’y a de littérature que volontaire », dit Raymond Queneau. Sans la volonté, la vie de l’Homme serait abandonnée au hasard.

La volonté est la capacité de déterminer librement ses actes en fonction de motifs rationnels. Elle s’oppose donc aux réflexes, aux automatismes, ou encore aux pulsions, que l’on ne peut contrôler ou encore prévoir.

En élargissant le terme littérature aux pratiques artistiques, Raymond Queneau semblerait affirmer que toutes les œuvres, quel que soit leur domaine, sont préalablement réfléchies, et entièrement maîtrisées. Il semble par conséquent délaisser la part d’incertitude dans la création artistique. En effet, l’Oulipo reconnu pour utilisation des contraintes, vise un anti-hasard. Malgré l’utilisation de ce procédé, l'artiste reste-t-il pour autant entièrement maître de son œuvre? Oublier tout contrôle sur son œuvre, est l’objectif des artistes surréalistes. L’utilisation de l’écriture automatique ou encore l’invention du cadavre exquis sont des démarches de création cherchant à se libérer de toute contrainte et de toute préoccupation esthétique ou morale.

L’état quasi-hypnotique de ce processus, entre sommeil et réveil, serait l’unique manière d’atteindre le hasard, l’imprévisible. Cependant, l’absence de maîtrise laisse place aux automatismes de l’inconscient et nécessite paradoxalement la mise en place volontaire d’un dispositif réfléchi.

Le dialogue avec le sensible n’est possible qu’avec l’intelligible. L’émancipation de toute réflexion rationnelle est donc illusoire, la recherche du hasard et de ses coïncidences est intentionnelle.

C’est pourquoi le hasard doit être une contrainte consciente.

Le processus créatif de Jackson Pollock repose à la fois sur un dispositif réfléchi, et l’utilisation spécifique d’outils le rendant en partie imprévisible.

En effet, l’artiste choisit en amont une palette de couleur, une liquidité de peinture et une dimension de toile.

Néanmoins en s’imposant la règle de ne jamais toucher la surface peinte avec l’outil, il intègre volontairement une part d’aléatoire dans la réalisation.

Il lui est impossible de prévoir la réaction du liquide à ses gestes.

Bien qu’il soit difficile d’anticiper le résultat final de son œuvre évoluant dans l’inconnu, la contrainte devient la technique, il reste maître de ses mouvements ce qui lui permet d’apprivoiser le hasard.. »

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