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Français Commentaire sur Horace de Pierre Corneille

Publié le 31/10/2024

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« 1eG1 07/10/22 Français Commentaire sur Horace de Pierre Corneille Depuis le XVe siècle, l’Homme est au cœur des préoccupations de tous les artistes, notamment des hommes de lettres.

Lorsque le courant artistique, littéraire et culturel du classicisme émerge en France au XVIIe siècle sous le règne du roi Soleil, il est donc évident que les réflexions sur celui-ci se poursuivent, notamment au théâtre. Ce nouveau courant, à l’écriture maîtrisée, concise et raffinée, se caractérise par la recherche de l’ordre, la clarté, le bon goût et la sobriété.

Des règles exigeantes le régissent : les dramaturges doivent respecter la règle des trois unités, la vraisemblance et la bienséance.

Mais ce n’est pas tout, leurs textes doivent évidemment suivre la ligne du Placere et Docere (Plaire et Instruire) et de l’honnêtehomme.

Ce grand idéal social exprimant un être fait de sagesse et de raison doit servir à corriger les travers de l’Homme et à le guider vers la sagesse.

C’est tout un travail que réussissent avec brio les écrivains de renom de l’époque comme Molière, La Fontaine, ou encore La Bruyère.

Pierre Corneille, également poète, profite de ce mouvement pour mettre l’accent sur la raison.

En effet, ses protagonistes masculins privilégient toujours la raison (comme Horace ou Rodrigue) là où les protagonistes féminines sont guidées par les sentiments (Camille et Chimène).

Pierre Corneille marque tellement les esprits qu’une antonomase est créée spécialement pour lui : cornélien.

Célèbre dramaturge de Médée et Le Cid, il rédige Horace en 1640.

Ainsi, dans cet extrait de l’acte IV, scène 5, Corneille nous dépeint la tumultueuse confrontation entre un frère et sa sœur.

Ce passage, majoritairement rédigé en alexandrins et rimes suivies, fait l’objet d’un véritable tremplin entre les reproches d’Horace et de Camille.

En effet, soumis à une guerre fratricide, les Horaces à Rome et les Curiaces à Albe s’affrontent, non sans d’atroces répercussions.

L’amant de Camille est alors tué par les mains de son frère menant ainsi à une scène de joutes verbales puis à l’homicide de Camille par le protagoniste éponyme Horace.

Dès lors, il serait intéressant de nous demander comment la scène théâtrale devient le lieu privilégié d’un conflit familial qui va pousser une fratrie à se souhaiter le pire.

Dans un premier temps, nous analyserons la scène théâtrale, lieu où s’exprime un conflit familial.

Puis, nous traiterons de la scène théâtrale, lieu de crises personnelles, de désirs interdits, et de vengeances. Tout d’abord, nous allons voir comment la scène théâtrale permet d’exprimer un conflit familial, voire fraternel, entre Horace et Camille.

Notre protagoniste, après avoir tué l’amant de sa sœur, essaie de la raisonner sur sa colère, selon lui, injustifiée et lui reproche son côté sentimental.

En effet, sa première réplique débute par l’interjection « Ô ciel ! » au vers 1 exprimant ainsi toute sa fureur et son incompréhension à l’égard de Camille, dont l’état d’esprit est qualifié par l’hyperbole « une pareille rage », vers 1.

Cela appuie donc le fait que la protagoniste est réellement remontée contre son frère.

Par ailleurs, Horace, gouverné par la raison, ressent un grand sentiment de honte pour partager des liens avec la jeune femme : on le voit notamment par la proposition subordonnée conjonctive complément d’objet direct de « crois tu » « Que je souffre en mon sang », vers 3, qui indique clairement qu’il refuse de porter et de partager le même sang qu’une traîtresse.

Il ne veut rien avoir avec les actes de Camille.

Il n’hésite pas également à faire comprendre aux spectateurs et lecteurs qu’il ne laissera pas passer la conduite de celle-ci, il va la faire payer : « insensible » vers 2, attribut du sujet de « je » qui qualifie le héros.

L’épithète « mortel » au vers 3 appuie ce propos et est programmatique du reste de la scène. Nous savons d’ores et déjà qu’elle va se terminer tragiquement.

De plus, nous pouvons remarquer que les trois premiers vers de sa réplique sont de plus en plus longs, signifiant ainsi que sa colère monte en crescendo à la vue de son ennemie de sœur. Néanmoins, malgré tout, il essaye tout de même de la persuader de s’enivrer de la raison comme l’indique le champs lexical des sentiments : « rage » ; « insensible » ; « souffre » ; « aime » ; « bonheur » et « préfère ».

L’infinitif « aime » au vers 4, placé en apostrophe, appuie cette idée, tout en montrant qu’Horace impose son autorité et ses choix personnels à sa sœur.

En effet, l’antithèse « mort/bonheur » au vers 4 montre la qualité principale des héros de ce siècle : la raison qui pousse parfois à se réjouir de la mort si elle est jugée nécessaire.

A contrario, Camille n’est pas assez patriotique envers Rome : « ce que doit ta naissance aux intérêts de Rome », vers 6. Pour finir, nous pouvons noter que le frère ne nomme jamais directement Curiace puisqu’il le qualifie par les articles indéfinis « d’un » vers 5 et « cette » vers 4.

Il tente ainsi de prouver à Camille que son amant est un homme parmi tant d’autres et n’avait pas de réelle importance.

Suite à tout cela, nous pouvons remarquer, par le biais des tonalités épidictique et tragique, que l’ensemble de la tirade d’Horace, du vers1 au vers 6, est un unique blâme et réquisitoire de sa sœur. Seulement, Horace n’est pas le seul protagoniste à émettre des reproches. Camille a aussi des imprécations à dire à son frère : elle ne peut pas accepter son acte, l’acte d’une personne du même sang qu’elle.

Elle détient une tirade, cela signifie qu’elle a la parole en priorité dans le texte.

Celle-ci commence par l’apostrophe « Rome » qui est par ailleurs une métonymie de son frère Horace.

Par analogie, elle appelle donc son frère, et le force à écouter ce qu’elle a à lui dire.

Cette apostrophe est répétée quatre fois au vers 7,8,9 et 10.

Elles témoignent de la colère et de la hargne qu’entretient la protagoniste à l’égard du héros.

Le groupe nominal « l’unique objet de mon ressentiment » au vers 7, appuie ce propos.

De plus, par le biais de la métonymie, on comprend que le seul responsable de la colère de Camille est Horace ! Et celle-ci explique pourquoi juste après au vers 8 aux spectateurs et lecteurs.

La proposition subordonnée relative qualifiant Rome, et par conséquent Horace, « à qui vient ton bras d’immoler mon amant », peut aussi être comprise comme « à qui ton bras vient d’immoler mon amant ».

La jeune femme énonce alors clairement ce qu’elle reproche à son frère : il a tué l’homme qu’elle aimait.

Par ailleurs, la haine domine tout autre sentiment chez Camille.

Nous pouvons notamment l’observer grâce à la présence de très nombreux points d’exclamations contenus dans sa tirade ( 9 fois en tout sur 18 vers !!).

Sa colère est aussi démontrée par l’antithèse « que je hais parce qu’elle t’honore », vers 10.

Enfin, l’enjambement « Que cents peuples unis des bouts de l’univers / Passent pour la détruire et les monts et les mers ! » vers 15/16 témoigne de l’accélération du rythme tout comme de sa haine grandissante.

Nous comprenons donc qu’elle ne ressent aucun amour pour son frère, elle ne peut pas, ou plus, le supporter.

De surcroît, elle trouve la relation entre Rome et son frère malsaine. Effectivement, Horace lui voue un véritable culte et à l’air de la considérer comme une mère : « Rome qui t’a vu naître, et que ton cœur adore ! ».

La césure séparant ce vers en deux hémistiche témoigne d’une pause de Camille dans son débit de parole afin de bien nous faire comprendre qu’un lien unit les deux.

Pour finir, nous pouvons noter, et ce grâce à la magnifique hypotypose du vers 11 au vers 24, que la protagoniste souhaite la destruction totale et apocalyptique de Rome.

Elle sait qu’en disant cela, elle va toucher son frère en plein cœur car Rome est ce à quoi il tient le plus.

Elle se venge donc en raison du fait qu’il a tué.... »

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