explication linéaire: Texte 3 : Les Fausses Confidences de Marivaux : de « J’ai tout perdu » à la fin de la scène. (extrait de l’Acte III, Scène 12)
Publié le 08/10/2022
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«
Texte 3 : Les Fausses Confidences de Marivaux : de « J’ai tout perdu » à la fin de la scène.
(extrait de l’Acte III, Scène 12)
Situation : Avant-dernière scène de la pièce, celle-ci est orientée vers l’aveu des sentiments
et de la vérité et annonce le dénouement très proche.
Projet de lecture : En quoi ce passage participe-t-il au dénouement de la comédie ?
1° mouvement : La supplique de Dorante (L.
1 à 6)
l.1
- Deux courtes phrases dont le « je » de Dorante est sujet : état d’esprit au moment où il
doit se séparer d’Araminte.
- L’exclamation = intensité des sentiments, de l’émotion ressentie face au constat de sa
situation, de son désespoir.
- «j’ai tout perdu » constitue une antithèse avec « j’avais un portrait », antithèse
renforcée par « je ne l’ai plus », forme négative de la précédente proposition
indépendante coordonnée par « et » qui inscrit ces propositions dans une chronologie
que marque le choix des temps : du passé composé et de l’imparfait au présent.
- « portrait » est le seul substantif de ces deux propositions.
Mot important pour l’intrigue
qui renvoie à cet objet qui a focalisé les attentions et qui est passé dans les mains
d’Araminte, ce qui lui donne la valeur d’un fétiche.
l.2
- Le dialogue progresse par la reprise du verbe avoir (« A quoi vous sert de l’avoir ? »)
dans une tournure interrogative qui va amener Dorante à s’épancher sur ses sentiments
et à poursuivre sa supplique.
- Comme précédemment, la réplique est courte et son contenu est orienté sur le portrait
avec la présence du verbe « peindre » à la fin de la réplique.
- Le refus d’Araminte est une incitation pour Dorante à reproduire ce portrait, une
invitation à réitérer l’aveu de ce qu’il ressent pour Araminte.
l.3-4 - La réplique, plus développée que les deux premières, est entièrement consacrée au
portait présent derrière le pronom personnel « en », le pronom démonstratif « celui-ci »
et le pronom personnel « il ».
- Le marqueur temporel « de longtemps » insiste sur son importance dans la vie de
Dorante.
« dédommager » traduit l’intensité des sentiments de Dorante pour Araminte
dans cette ultime scène où il tente de rester près d’elle.
- Deux raisons de l’ordre de la réputation sociale pourraient justifier la décision
d’Araminte de se séparer de Dorante : tout le monde sait désormais que Dorante l’aime
et chacun la soupçonnerait de l’aimer, si elle le gardait.
- « bien cher » caractérise de façon valorisante et affective ce portrait que Dorante veut
emporter avec lui et qu’il présente comme un objet de dévotion ou de fétichisme au sens
de ce qui marque un respect scrupuleux, une admiration sans réserve pour quelqu'un.
L’absence de subordination et le lien implicite de cause le soulignent également.
Le
conditionnel passé « m’aurait été bien cher » exprime un irréel correspondant à un
bonheur révolu et qui n’existera pas.
l.5
- Réplique brève qui marque la gène d’Araminte et une faible tentative de rappel à la
raison.
l.6
- L’image du texte montre que les prises de parole de Dorante dominent celles
d’Araminte en étant un peu plus longues : l’occasion est donnée à Dorante de tenter de
persuader Araminte.
- L’interjection « ah » marque la vivacité des sentiments de Dorante.
- « Madame », terme de désignation déjà présent dans la deuxième réplique de Dorante
montre que celui-ci se situe dans la hiérarchie sociale avant de formuler un aveu qui
pourrait le faire chasser.
A noter qu’Araminte est très présente dans cette réplique : avec
le vocable « Madame », le « vous » qui fait l’objet de deux occurrences et l’impératif qui
s’adresse à elle « n’ajoutez rien » qui est l’expression d’une défense adressée à la
maîtresse possible dans ce contexte de sentimentalité.
- « éloigné de vous » confirme que Dorante peut se montrer audacieux dans ses propos,
son éloignement étant la sanction la plus insupportable qui puisse lui être imposée.
Avec
« vengée », la persuasion de Dorante tente d’être efficace.
- Le 1er mouvement s’achève sur le mot « douleur » qui cherche à toucher les sentiments
d’Araminte et à empêcher le départ de Dorante qui changerait tout le dénouement de
cette comédie.
2° mouvement : L’aveu surprise d’Araminte (L.
7 à 11)
l.7
- Intensification de la ponctuation exclamative et interrogative qui montre que le dialogue
entre Dorante et Araminte est teinté de sentiments forts : le don du portrait est présenté
comme un guerredon (échange de cadeaux entre amants courtois qui marque un
engagement réciproque) d’abord inenvisageable comme le prouve le point
d’exclamation.
- Une courte phrase interrogative suit cette courte phrase exclamative.
Cette réplique
faite de ces deux phrases comporte 3 occurrences du « vous » dont la dernière introduit
la verbalisation de l’aveu par un verbe au conditionnel (« ce serait avouer »),
modalisateur destiné à atténuer ce qui est maintenant évident : « je vous aime ».
l.8
- Le dialogue progresse par reprise de termes : « Que vous m’aimez ».
L’emploi des
points d’exclamation derrière «Madame » et « Quelle idée » qui est une ironie montre
que Dorante n’est pas dupe et que le masque d’Araminte tombe.
C’est l’effet de la
persuasion.
- La question rhétorique qui finit la réplique « qui pourrait se l’imaginer » révèle
l’évidence de cet amour aux yeux de Dorante et plus encore de Dubois.
l.9
- La réplique d’Araminte qui suit est accompagnée d’une didascalie « d’un ton vif et
naïf » qui traduit l’impossibilité pour Araminte de maîtriser ses sentiments et sa sincérité.
- La formulation simple voire familière des paroles d’Araminte traduit la fin de la
dissimulation des sentiments mais aussi la prise de conscience d’Araminte elle-même.
Cet aveu est autant pour elle que pour Dorante.
l.10 - La réplique de Dorante est accompagnée d’une didascalie « se jetant à ses genoux »,
attitude théâtrale qui marque la soumission de l’homme-lige à son amante comme dans
l’amour courtois.
« Je me meurs » a, ici, valeur d’hyperbole pour insister sur l’effet
produit par cet aveu tant espéré.
l.11 - La formulation simple d’Araminte révèle son émotion : « Je ne sais plus où je suis ».
- Les deux impératifs qui suivent prouvent qu’Araminte retrouve cependant ses esprits
rapidement : « modérez votre joie ; levez-vous ».
- Cet aveu prépare un dénouement heureux et attendu.
III° mouvement : L’aveu du stratagème (L.
12 à la fin)
l.12 - La réplique de Dorante est accompagnée d’une didascalie « se lève, et dit
tendrement » qui prépare la confession qui va suivre.
- La répétition de « joie » insiste sur l’état d’esprit de Dorante qui voit là l’heureux
aboutissement de la ruse mise en place avec Dubois.
Le projet est couronné de succès.
- Une dernière vérité est nécessaire : l’aveu de cette ruse à sa victime encore appelée
« Madame ».
- La réplique comporte une anticipation « vous allez me l’ôter » qui rejoint la double
négation et prépare le second aveu de cette scène, comme « mais » qui introduit « il faut
que vous soyez instruite ».
l.14 - La didascalie « étonnée » renseigne sur le ton d’Araminte et est complétée par la
ponctuation exclamative et interrogative.
La tension à laquelle est soumise Araminte se
révèle ainsi par une parole brève accentuée par la ponctuation.
- Le propos reste simple.
Il est juste interrogatif et fait progresser le dialogue vers l’aveu
de Dorante : « Que voulez-vous dire ? ».
l.15 - La prise de parole s’équilibre à partir de la ligne 16 comme le montre l’image du texte.
- Les premiers mots réintroduisent le contexte de cette comédie : la maison d’Araminte
« chez vous ».
- La formule indéfinie « tout ce qui s’est passé » renvoie à....
»
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