Explication linéaire rêve Parisien
Publié le 26/01/2023
Extrait du document
«
El 14 REVE PARISIEN
Baudelaire Les Fleurs du mal
‘Tableaux parisiens‘
Charles Baudelaire est l’un des plus grands poètes français de XIX siècle, dont la modernité poétique
relève du symbolisme.
Les Fleurs du mal (1857pour la première fois) et Les Paradis artificiels (1860) sont ses deux
recueils de poésie les plus connu.
Il meurt, en 1867, avant que son
génie ne soit reconnu à sa juste valeur
Le poème proposé « Rêve parisien », est extrait du recueil Les Fleurs du mal dans la deuxième
section intitulée « Tableaux parisiens », ajoutée dans l'édition de 1861 .Il est composé de deux
parties déséquilibrées : le rêve et le réveil.
La première partie comporte treize quatrains et la
seconde n'en a que deux.
Les vers sont des octosyllabes à rime alternée.
Baudelaire s'inspire du peintre Constantin Guys, à qui le poème est dédié, qui dessinait des instants
de vie urbains sur ces toiles.
Paris s'est avérée être pour Baudelaire, le lieu idéal de
contemplation d'un monde mis en scène, à la fois en mouvement et immuable.
Le poète travaille, à la manière du peintre, pour créer un monde onirique qu’il oppose à la réalité
morose.
Projet de lecture : nous nous demandons en quoi le poète est-il le créateur de son propre rêve ?
1.
Le rêve d’un paysage onirique et magique créé par le poète
Le poète décrit, dans la première partie (v1 à 36) un monde onirique et magique qui se distingue
par ses dimensions gigantesques, par ses matières exceptionnelles.
Ainsi que par sa lumière et le
reflet des couleurs qui prennent un caractère merveilleux et magique.
-(V37-40) »Architecte de mes féeries, / Je faisais, à ma volonté, / Sous un tunnel de pierreries /
Passer un océan dompté ; »
« Architecte « et aussi « peintre fier de mon génie »v9 : =>Le poète se présente comme un
peintre, un Architect de l’œuvre qui a créé.
« Je faisais, à ma volonté » =>: le poète maîtrise
l’immensité des éléments de son œuvre
« Sous un tunnel de pierreries / Passer un océan dompté » le tableau est un spectacle en
mouvement perpétuel notamment par la présence de l’eau qui anime l’ensemble.
Plus « cascades »
(v.15), « Versaient le trésor de leurs urnes » (v.34),
=>Le
poète, par son imagination et sa volonté, est maître du spectacle qu’il invente sous nos yeux .
-(v.41, 42) ‘Et tout, même la couleur noire, / Semblait fourbi, clair, irisé » , termes qui appartient
au thème de la joaillerie.
Par un effet magique, le noir décompose la lumière en couleurs.
Ceci
donne au spectacle un caractère kaléidoscopique : toute matière ou couleur reflète la lumière de
manière changeante.
-(v.44 à 48) Nul astre d’ailleurs, /nuls vestiges /De soleil, même au bas du ciel, /Pour illuminer ces prodiges,
/Qui brillaient d’un feu personnel ! »
La lumière qui émane des matériaux précieux et magiques.
Mais Le poète refuse tout ce qui pourrait
ressembler à une représentation de la réalité (lumière du soleil éclairant le tableau).A la manière
des peintres du clair-obscur, la lumière des éléments du tableau-spectacle émane d’eux-mêmes.
-(v.
52) « un silence d’éternité » : le silence, c’est l’absence de vie.
Aussi, l’absence de végétal et
de nature est relevé « J’avais banni […] / Le végétal irrégulier » (v.
8).Cela montre que le paysage
onirique que nous découvrons dans ce poème, s’il appartient à un monde idéal, n’offre aucune place
à la présence humaine .
2.
Retour à la réalité
-(v53, v58) le retour à la réalité
v53 « En rouvrant mes yeux pleins de flammes » donne une connotation du rêve
=>ce qui nous démontre qu’il était auparavant dans un état onirique.
«-(v.53-56) « En rouvrant les yeux […] / J'ai vu l'horreur de mon taudis: Sens visuel qui
contraste avec le spectacle onirique.
=> Cela rappelle la misère matérielle
dans laquelle vit le poète.
« Et senti […] / La pointe des soucis maudits » (v.55-56) : Sensation tactile pénible
=>; la douleur morale est ici traduite par une sensation physique désagréable.
(v.57-58) « La pendule aux accents funèbres / Sonnait ») Sens auditif, qui s’oppose à : «
Silence d’éternité » (v.52) .
=>à l’infini du rêve s’oppose le retour du
temps, de la finitude ( ce qui est fini), symbolisé par l’allégorie de la pendule
Donc, Le retour à la réalité se caractérise par un retour des sensations liées au réel
-(v59, v60) « Et le ciel versait des ténèbres »)v59, métaphore d’une pluie sombre qui renvoie à
L’absence de lumière
=>ce qui suggère é l’atmosphère du spleen : obscurité, poids du temps, oppression.
« le triste monde engourdi » (v.60) c.à.d privé en grande partie de mobilité et de sensibilité
=>ce qui évoque L’absence de
mouvement.
- Tous les termes qui évoquent le réel ont des connotations tristes et désagréables, « l’horreur de
mon taudis » (v.54), « brutalement » (v.58), « triste » (v.60), renforcées par les mots qui riment
[Texte]
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dans les deux dernières strophes : « taudis / soucis maudits », « accents funèbres / ténèbres .
- L’utilisation du possessif montre la réalité dans laquelle le poète vit : « mon âme, mon taudis » et
s’oppose au rêve extraordinaire
précédemment évoqué.
Cette création somptueuse est donc une échappatoire et s’oppose à son
univers quotidien bruyant, sombre, sordide et angoissant.
Conc : Dans le « Rêve parisien », c’est le pouvoir de l’imagination qui est représenté, la création par
les mots.
De ce fait, le poète est le créateur de son propre rêve, qui devient l’échappatoire du poète
dont l’âme se trouve dans le spleen.
Le tableau féerique lui permet de s’évader dans le monde idéal.
L’idéal baudelairien est ici caractérisé par une absence de vie organique.
C’est une espèce de
paradis froid et somptueux, un spectacle grandiose et silencieux.
La structure du texte, sa division en deux parties inégales montre l’importance que le poète donne à
l’évasion et à la création.
De ce terrible paysage,
Que jamais œil mortel ne vit,
Ce matin encore l’image,
Vague et lointaine, me ravit.
5
9
Le sommeil est plein de
miracles !
Par un caprice singulier,
J’avais banni de ces
spectacles
Le végétal irrégulier,
Et, peintre fier de mon
génie,
Je savourais dans mon
tableau
L’enivrante monotonie
Du métal, du marbre et de
l’eau.
Babel d’escaliers et d’arcades,
C’était un palais infini,
Plein de bassins et de cascades
Tombant dans l’or mat ou
bruni ;
Et des cataractes pesantes,
Comme des rideaux de
cristal,
Se suspendaient, éblouissantes,
13
À des murailles de métal.
Non d’arbres, mais de
colonnades
Les étangs dormants
s’entouraient,
Où de gigantesques naïades,
Comme des femmes, se
miraient.
17
Des nappes d’eau
s’épanchaient, bleues,
Entre des quais roses et verts,
Pendant des millions de lieues,
Vers les confins de l’univers ;
C’étaient des pierres inouïes
[Texte]
V3 « ce matin » est une indication sur le moment de
l’écriture ; c’est un souvenir de son rêve, il emploie le
présent d’énonciation.
-V5 Référence au sommeil : « Le sommeil est plein de
miracles » v5
-v7,8 L’absence de végétal et de nature +v21 Non d’arbres
v.9), « peintre fier de mon génie » => LE poète comme un
peintre
V10 il savoure son rêve
énumération de minéraux métal, du marbre et de l’eau
V13,14 : référence à la tour de Babel (défi des hommes
envers Dieu)
Naïades =
v.17-18)L’eau se transforme en cristaux, en pierres
précieuses : « Et des cataractes pesantes....
»
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