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Explication Linéaire Conseil de Picrochole (Gargantua, chapitre 33)

Publié le 28/06/2024

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« EL n°3 - Le conseil de Picrochole (chapitre 33) : du début du chapitre à « je ne lui baiserai pas sa pantoufle.

»  Introduction Auteur, œuvre, mvt litté etc voir autres EL + Situation du passage dans l’œuvre et enjeux > à rédiger  Lecture expressive du passage  Problématique : il s’agira d’analyser en quoi cette saynète de comédie permet à Rabelais de railler la folie belliqueuse propre à la guerre de conquête.  Annonce des mouvements de l’extrait I.

La parodie d’un conseil de guerre (l.

1 à 12) ► Le début du chapitre, opère une habile transition avec le précédent par le complément circonstanciel de temps (une fois ) « les fouaces détroussées » qui rappelle la fourberie de Pichrocole qui s’accapare les gages de paix offerts par Grandgousier sans contrepartie ; en insistant sur la violence du procédé, le verbe « détrousser » induit l’idée de pillage, de fourberie, de frénésie. Cette violence d’ordre physique introduit la violence d’une autre nature, puisque les conseillers vont user d’une violence verbale propre à exciter l’animosité de Picrochole. ► Les trois conseillers sont d’emblée discrédités par leurs noms, en dépit des titres qu’ils portent. S’ils sont « duc », « comte » ou « capitaine », l’onomastique suggère néanmoins leur fourberie (« Menuail » signifiant « le peuple menu, la canaille »), leur fureur guerrière (« Spadassin ») ou leur grossièreté, grâce au nom scatologique (« Merdaille »). ► Pourtant, ces conseillers prennent la parole : on assiste à une sorte de scène de comédie dans laquelle les personnages vont se définir eux-mêmes par leur parole obséquieuse.

Les premiers mots, énoncés au discours direct, laissent entendre la flatterie à son paroxysme, les trois voix confondues en une seule - signe d’un manque de personnalité - usant du superlatif et de l’hyperbole : « nous vous rendons le plus heureux, le plus chevaleresque prince qui ait jamais été depuis la mort d’Alexandre de Macédoine.

» La comparaison flatteuse à Alexandre le Grand inscrit Picrochole dans la lignée des grands conquérants de l’Antiquité – mais ridiculisée par le comique du mot valise « chevaleureux » (chevalier + valeureux) ► Cette parole obtient l’effet escompté, puisque Picrochole, flatté, leur demande de se recouvrir, signe qu’il les invite à poursuivre.

La réplique du roi constitue une sorte de didascalie interne, le lecteur imaginant sans peine la gestuelle des trois courtisans. ► Après cette entrée en matière, les trois hommes, d’une seule voix qui leur refuse toute identification propre, font preuve de fausse modestie : « Sire, nous accomplissons notre devoir.

» ► Ayant facilement persuadé leur roi, ils énoncent alors sans plus tarder leur plan de défense :« vous laisserez ici quelque capitaine en garnison » et leur plan d’attaque : « Vous diviserez votre armée en deux ». ► Mais leur flagornerie est sans borne : insidieusement, ils vantent la politique intérieure de Picrochole en rappelant son rôle de bâtisseur et en louant son ingéniosité : la place est « assez forte, tant par nature que par les remparts faits à [son| invention.

».

De plus, ils font l’éloge de l’intelligence hors du commun de leur roi, usant du comparatif de supériorité : « comme vous l’entendez bien ». ► Ces conseillers, habiles à flatter l’orgueil du roi, vont aveugler ce dernier et commettent une grave erreur de stratégie en ne laissant qu’une « petite bande de gens pour garder la place ». ► Contrairement à Grandgousier, qui veut « secourir et garantir [s]es pauvres sujets » (chapitre 28) et qui demande à son fils de rentrer en hâte pour «protéger les gens et les biens qui [lui] sont confiés par droit naturel » (chapitre 29), Picrochole ne paraît pas ému par le sort de ses sujets qui resteront sous la protection d’une « petite bande de gens » : il devient la figure inversée du roi chrétien. ►Le plan d’attaque, énoncé au futur, ne semble pas inquiéter conseillers qui présentent déjà, dans une sorte de prolepse l’issue heureuse du combat : « Une partie ira se ruer sur Grandgousier et ses gens, et il sera […] facilement déconfit.

» La bataille sera expéditive ce que suggère le lexique de l’urgence et de la rapidité et l’adverbe « facilement » met en valeur la disproportion des forces en présence. ►L’adversaire, mis à distance par l’emploi du démonstratif « ce Grandgousier », n’est pas considéré comme un ennemi conséquent ; les soldats de Grandgousier sont dévalorisés par un euphémisme « ses gens». ►Ensuite, les conseillers flattent sa cupidité, le séduisant par l'appui du gain :« Là vous récupérez de l’argent à tas ».

L'hyperbole entretient la stratégie argumentative des conseillers qui s’adressent aux sens et non à la raison du roi – l’argent étant ici presque palpable. ►Ce discours révèle d’une manipulation rhétorique : les deux maximes finales, énoncées au présent de vérité générale s’apparentent, dans la bouche des conseillers, à des arguments irréfutables : « Thésauriser est fait de vilain » ; or Grandgousier thésaurise ; donc Grandgousier est un vilain.

Or la première prémisse, présentée comme irréfutable, n’est pas avérée ; le raisonnement des conseillers, qui se veut logique, est absurde et ne fait que renforcer le comique de caractères, d’autant plus que le lecteur n’a jamais été témoin d’une quelconque « thésaurisation » de la part de Grandgousier, décrit au contraire comme un roi généreux et débonnaire.

Transition Ainsi, Rabelais met en scène, de façon parodique, trois conseillers obséquieux, habiles à flatter l’orgueil et la cupidité du roi, et munis de la rhétorique pour le manipuler à leur aise ; Picrochole n’est plus qu’un pantin entre leurs mains. Dans un second temps, les conseillers s’attachent à entretenir et à encourager le rêve d’hégémonie de Picrochole. II.

Le rêve d’Hégémonie : dénonciation de la guerre de conquête (l.

13 à la fin) ►Les conseillers monopolisent la parole tandis que Picrochole, passif, prête l’oreille à leurs excitations belliqueuses et intéressées, marquées par le champ lexical de la conquête. ►Dans leur projection, tout s’enchaîne à souhait.

Les toponymes s’accumulent, la carte des conquêtes s’élargit et le lecteur, à l’instar de Picrochole, suit l’itinéraire de l’armée à la.... »

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