explication de texte sur le ravissement de Lol. v. Stein marguerite duras
Publié le 11/01/2023
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«
Mouvement 1 : l.1 a l.36: la musicalité de l'extrait rythmé par les
interventions du narrateurs
Mouvement 2: l 36 jusqu'à la fin : la recherche obsédante du mot manquant
Dans quelle mesure l’auteure livre une partie de l’intimité de son
personnage à travers le souvenir, tout en gardant la plus grande distance
entre Lol V.
Stein et lecteur ?
Tout d’abord l’extrait commence avec la phrase “ elle se voit et c’est là sa
pensée véritable, à la même place, dans cette fin, toujours au centre d’une
triangulation dont l’aurore et eux deux sont les termes éternels." La phrase
comporte une accumulation de virgules qui donnent un rythme saccadé.
On dirait presque que le narrateur est essoufflé.
Les mots “toujours” et
"éternels" donnent la dimension fatale du souvenir, celui qui est déjà passé
qu’on ne peut plus modifier.
Ensuite l’allusion à “l'aurore”, suivis de “euxdeux” le couple Michael Richardson /Ann Marie Stretter signifie la fin.
A la
fois la fin de la nuit mais aussi la fin du couple formé par Michel Richardson
et Lol.
Le fait que lol soit décrite comme “au milieu d’une triangulation”
donne une dimension cinématographique on a presque l’impression d'être
dans un scénario avec une indication sur les positions des personnages.
L’allusion à l’aurore peut aussi être comprise par le rapport de la terre au
soleil.
En effet Lol se rejoue ce souvenir dans sa tête alors qu'elle est
impuissante”, l.6.
Le lecteur a l’impression que ce souvenir l’obsède ce qui
donne une dimension cyclique, comme les cycles de la Terre autour du
Soleil.
Cette première phrase est intrigante pour le lecteur car il s’attend à
ce que l’on décrit les sentiments de Lol lorsqu’elle repense à ce souvenir.
Or, dans l’extrait (et nulle part dans l'œuvre) le lecteur n’accède pas aux
émotions de Lol, il n’a aucune idée de ce qu’elle ressent.
Le lecteur a juste
l’avis du narrateur sur ce que ressent Lol.
Il n’a aucune idée de si c’est
véridique puisqu’il voit Lol qu'à travers ses yeux.
Ici, il pourrait avoir
l’impression qu’il aura accès aux émotions de Lol, puisque l’évocation d’un
souvenir permet de rentrer dans l’intimité d’un personnage.
Une fois de
plus et tout au long du roman, Lol échappe à son lecteur.
Ensuite Il y a
l’anaphore en “Elle” dans la deuxième partie de la phrase séparée par un
double point.
Ce procédé donne encore une fois cette musicalité a l’extrait.
D’abord grâce au son “elle” en lui même qui est assez mélodieux, puis
juste a cause de la répétition qui constitue un motif.
D’ailleurs cette
musicalité est assez entêtante pour le lecteur qui se sent déjà troublé face
à la position de Lol vis à vis de ce souvenir.
“Elle vient d’apercevoir cette
aurore alors qu’eux ne l’ont pas encore remarquée.” Avec cette phrase le
lecteur a l’impression que lol et le couple sont en décalés.
Comme s’ils
n’étaient pas aux mêmes endroits.
“Elle sait, eux pas encore” Lol subit une
forme d'isolement.
On a l’impression que Lol appartient au passé et qu’elle
est figée dans ce passé.
Elle a vu l’aurore se lever avant les autres et elle
les regarde ne pas encore avoir vu l’aurore.
Avec la phrase “elle est
impuissante à les empêcher de savoir”, il y a un chiasme sémantique: sait,
pas encore/impuissante savoir.
Ce procédé marque bien l’opposition et la
distance qu’il y a entre Michel Richardson et Ann Marie Stretter d’un côté et
Lol de l’autre.
Ensuite la phrase “et cela recommence” marque bien cet
effet de cycle, ce souvenir que Lol revit encore et encore dont elle ne peut
pas sortir.
Ensuite on lit “A cet instant précis, une chose aurait dû être
tentée mais laquelle?” Tout d’abord il y a la mention d’un instant précis.
l’emploi de cette expression permet de faire comme un arrêt sur image qui
alimente la dimension cinématographique de cet extrait.
Cet arrêt sur
image donne un effet de stagnation à Lol qui appartient de plus en plus au
passé.
De plus, cet “instant précis'' doit être un court moment, or la
description qui s’ensuit est très longue.
L’emploi de cette expression qui
n’est pas adaptée perd, noie encore plus le lecteur dans cette chronologie
déconstruite et bousculée.
Ensuite il y a l’allusion à une “chose”.
L’intervention de ce mot opère une rupture puisqu’il appartient au registre
familier et relève donc de l’oral.
On comprend donc bien que c’est le
narrateur qui est en train de parler, la focalisation est interne puisque le
narrateur raconte ce qu’il voit.
A ce moment du récit le lecteur n’est pas sur
que le narrateur est extra homo diégétique puisqu’il ne sait pas que c’est
Jack Hold mais il a quelques indices.
Justement, l'intérêt de la première
partie du récit se trouve aussi dans le mystère qui plane au-dessus du
narrateur.
Le lecteur n’arrive pas à déterminer qui il est puisqu’il n'a pas
encore été introduit comme personnage.
Ce mystère va avec tout, le
brouillard dans lequel le lecteur se trouve quand il lit l’extrait.
D’ailleurs ce
flou oblige le lecteur à faire un effort quand il lit le récit il n’est plus
simplement passif, il devient herméneute.
Puis la mention de “mais
laquelle?” est une question rhétorique.
Cela contribue à couper le rythme
presque essoufflé que le narrateur avait créé.
De plus, la construction de la
phrase est rompue par le point d’interrogation.
Le verbe de “une chose” est
“aurait dû être tenté”, il se trouve dans la seconde phrase.
On a ensuite
une anaphore avec la répétition de à cet instant précis qui contribue à
donner ce rythme musical.
Il y a ensuite la répétition de sans voix, sans
arguments, sans preuve".
Ce procédé permet encore une fois de mettre en
valeur la musicalité de la phrase.
Ensuite "l'importance du jour en face de
cette nuit arrachée et portée de l’aurore à leur couple dans un affolement
vain et régulier de tout son être”.
Il y a réellement un refus de voir le temps
avancer puisque le jour est décrit comme ininportant face à la nuit.L’aurore
est dans une métaphore ou elle est arrachée alors que normalement ce
processus est doux et lent.
Cela vient encore une fois bousculer la
temporalité.
Il y a ensuite un oxymore a “affolement régulier”.
En effet un
affolement est censé être exceptionnel, il arrive une fois puis il passe, il
n’est pas censé se répéter.
Ici cela met en avant la maladie de Lol qui
s’affole régulièrement.
S’affoler est “devenir folle”.
Il y a ensuite la phrase
“Elle n’est pas Dieu, elle n’est personne”.
Il y a encore une répétition du
mot “elle”.
L’insistance sur le fait que Lol n’est personne est une autre
négation de son être.
Le lecteur n’a pas accès à ses pensées mais en plus
elle n’a pas vraiment de corps.
“Ensuite elle sourit à cette minute”.
La
minute se retrouve dans la métaphore d’un objet, et non plus une idée
abstraite.
Cela contribue à rendre la temporalité intrigante.
La minute, un
instant très court, presque insignifiant, a ici plus d’importance physique que
le personnage principal.
Le “certes” isolé par des virgules est encore une
intervention du narrateur qui le rend encore plus présent.
Ensuite “la
naïveté de la douleur ou de la tristesse” est un paradoxe.
La douleur et la
tristesse sont deux sentiments qui ne peuvent pas être ressentis de façon
naïve.
Ensuite “il ne reste de cette minute que son temps pur”.
La minute
est dépossédée du souvenir qu’elle contenait.
On a une sorte de
métonymie a l’effet inverse.
Le contenant est vidé du contenu qu’il
désignait autrefois.
Cela donne une place encore plus importante au temps
dans l’extrait.
La place que prend le temps dans l’extrait, au lieu de rendre
la temporalité plus claire, plus accessible rend le tout encore plus flou pour
le lecteur.
L'allusion à la blancheur d’os permet de faire une référence au
squelette .
Comme la minute constituait le squelette du souvenir.
Sans elle
le souvenir s’écroule.
Sans squelette c’est le corps qui s’écroule.
Ensuite il
y une répétition de l’expression “et cela recommence”.
Cette phrase vient
créer l’ultime leitmotiv qui contribue à donner cet effet cyclique a l’extrait et
prouve cette temporalité déconstruite.
Les fenêtres fermées , scellées [..]
murées est une allitération en é qui donne encore ce côté musical.
L’allusion au “bal muré” et la “lumière nocturne”, fait comprendre au lecteur
que cet endroit est sombre, très sombre.
D’abord parce que la salle de bal
n’existe plus, elle appartient au passé mais aussi parce c’est la nuit.
D’ailleurs la salle de balle constitue un chronotope,une matrice spatiotemporelle où se développe l'action du récit.
La temporalité est encore plus
floue.
Puis on retrouve “ensemble ils auraient été sauvés de la venue d’un
autre jour”.
Ici on comprend que Lol est restée dans le passé mais qu'elle
aurait voulu que Michael Richardson et Ann Marie Stretter restent avec elle.
Encore une fois, elle est impuissante pour leur faire faire quelque chose.
Lol
veut peut être une fin mais elle est condamnée au cycle.” Que se serait-il
passé? “ demande le narrateur qui intervient une nouvelle fois par une
question rhétorique.
Il y a ensuite un chiasme sémantique grâce à “Elle ne
dispose d’aucun souvenir, même imaginaire , elle n’a aucune idée sur cet
inconnu.
Il y a ensuite la mention de “la plus grande douleur et la plus grande
joie”.
Cet effet paradoxal rend compte de la folie de Lol.Cette douleur et cette
joie ensemble ont une définition mais elle est "innommable".
Cette définition
sur laquelle on arrive....
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