Etude linéaire du texte de Diderot, Supplément au voyage de Bougainville
Publié le 09/02/2023
Extrait du document
«
Etude linéaire du texte de Diderot, Supplément au voyage de Bougainville:
Présentation:
Diderot est un philosophe des Lumières, qui a vécu au XVIIIème siècle et qui a participé à la rédaction de
L'Encyclopédie(il en rédige presque le quart).
Il est tour à tour ensuite traducteur, précepteur et vit dans la
misère.
Cette rude insertion dans le monde réel développe les bases de sa révolte intellectuelle.
Il devient l'ami
de Rousseau, se fait connaître par ses Pensées philosophiques et sa Lettre sur les aveugles, véritables brûlots
antireligieux.
*le voyage de l'explorateur Bougainville: Ce voyage s'effectue d'avril 1767 à mars 1769.
D'un point de vue
ethnologique, ce voyage est une réussite : il livre bon nombre d'informations sur les mœurs, les croyances,
l'artisanat, la langue des Patagons (peuple amérindien) et des Tahitiens.
Aotoutou, le Tahitien embarqué à bord est reçu par le roi et devient vite la coqueluche des salons parisiens, où
savants, intellectuels et mondains glosent gaiement sur sa liberté sexuelle et son désir effrené de séduire la
gent féminine.
Ensuite, paraît l'ouvrage de Bougainville Voyage autour du monde.Dans ce livre, exotisme et
réflexions scientifiques y nourrisent la réflexion sur le monde « sauvage », si centrale au siècle des Lumières.
Si
la vie sauvage fascine tant ce siècle qui souhaite assurer le bonheur de l'homme, c'est parce qu'elle s'oppose, de
façon toute idéale, à la corruption généralisée qui règnerait sous le vernis lisse des sociétés civilisées.
C'est
Rousseau qui donne son plein essor au mythe du bon sauvage avec la publication du Discours sur l'origine et
l'inégalité.L'île apparaît comme un jardin d'Eden.
Nulle passion ne vient troubler les relations libres qui unissent
les individus, où les travaux et les loisirs se font en collectivité et où la propriété privée est inconnue.
* Supplément au voyage de Bougainville conçu comme un dialogues philosophique, « les adieux du vieillard »
pouvant être considérés comme très théâtraux où dominent les interrogations sur la liberté personnelle dans
un cadre de contraintes morales et sociales.Diderot critique les mœurs et les mentalités de l'Europe policée et
veut que l'Europe tire des leçons de l'utopie tahitienne.
L'importance des dialogues reflète la démarche intellectuelle de Diderot qui se refuse à asséner une vérité
figée : « Je ne prononce pas, j'interroge », expliquera-t-il.
Le dialogue relève bien ici du genre délibératif,
dans la mesure où il pèse le pour et le contre et met en débat des questions, sans livrer le dernier mot : il
invite ainsi le lecteur à jouer avec les différentes pensées exprimées et à se forger sa propre vérité.
Introduction:
Le texte fut composé par Diderot en 1772.
Il offre une vision utopique du bon sauvage, à travers la
description de la culture tahitienne qui semble bien meilleure que celle de l'ancien monde, de l'Europe.
Dans ce passage, c'est un vieillard qui parle aux Tahitiens pour leur dire de se méfier de l'arrivée des
Européens qui ne peut que corrompre leurs mœurs.
Ils donnent plusieurs arguments et exemples pour
mettre en lumière les failles des Européens et leur influence négative sur les Tahitiens.
Cet homme peut
être considéré comme le symbole de la sagesse tahitienne de par son âge et sa perspicacité.
Mouvements : Le premier mouvement, constitué du premier paragraphe contient une critique virulente des
Européens dont les Tahitiens sont invités à se méfier (l.
1 à 7).
Le second mouvement confronte la culture
tahitienne considérée comme pure, corrompue par l'arrivée des Européens (l.8 à 15).
Le 3ème mouvement
commence par une adresse à Orou et par la dénonciation de la prise de possession des Européens de la terre
tahitienne (l.
16 à 21)
Problématique : Nous verrons comment ce discours contribue à une critique virulente de la civilisation
européenne face aux mœurs tahitiennes jugées positives.
Etude linéaire:
1er mouvement : adresse aux malheureux Tahitiens
Le texte s'ouvre une apostrophe à connotation négative, marquée par l'adjectif « malheureux » :
« Pleurez, malheureux Tahitiens ! » (l.1) Le vieillard s'adresse donc aux personnes de son ile pour les mettre
en garde.
L'impératif présent à valeur d'ordre, répété deux fois en anaphore crée un effet d'insistance pour
mettre en valeur la tristesse de cette arrivée des Européens en terre inconnue.
Les Européens sont désignés
par la périphrase : « ces hommes ambitieux et méchants » (l.
1-2).
L'adjectif « méchant » à connotation
péjorative renvoie à l'idée d'une cruauté et d'un asservissement que viennent renforcer les champs lexicaux
de la violence et de l'assujetissement : «vous enchainer », « vous égorger », « vous assujettir », « vous
servirez » (accumulation).
Ainsi avec l'arrivée des Européens les Tahitiens risquent de perdre leur liberté.
Si
pour l'instant, ils sont trop innocents pour le voir, ils s'en rendront compte avec le temps.
L'anaphore du
complément circonstanciel de temps « un jour » ainsi que l'utilisation du futur viennent renforcer cette
idée : « Un jour, ils reviendront » (l.2), « Un jour, vous servirez sous eux » (l.4).
Le vieillard émet alors sa
dernière volonté à la fin de cette première étape du discours pour aider les Tahitiens à se sortir de cette
impasse, au subjonctif présent à valeur d'ordre : « Qu'ils s'éloignent et qu'ils vivent ! » (l.7) Les Européens
sont alors jugés comme un danger et le vieillard va argumenter dans ce sens dans la seconde étape de son
discours.
2d mouvement : adresse à Bougainville, désigné comme « chef des brigands »
Après s'être adressé aux Tahitiens, ses amis, il s'adresse enfin à Bougainville, chef de l'expédition
européenne.
L'apostrophe sous forme de périphrase....
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