étude linéaire bac de français Le malade imaginaire Acte 1 Scène 5
Publié le 16/04/2024
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«
Introduction :
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière est l'un des plus grands dramaturges français né en 1622
Il est célèbre pour ses comédies de mœurs qui dénoncent les vices et les travers humains, souvent incarnés par un noble
dont le comportement met en péril sa maison.
Molière représente ainsi souvent le désordre social.
Le Malade Imaginaire dernière pièce de Molière jouée en 1673, est une comédie-ballet en trois actes séparés par des
intermèdes cette pièce met en scène Argan, un noble hypocondriaque et tyrannique qu'exploitent des médecins charlatans,
et qui veut forcer sa fille Angélique à se marier avec un jeune médecin.
C'est justement dans la scène 5 de l'acte | qu'Argan annonce le projet de mariage qui déclenche toute l'intrigue de la pièce.
Nous montrerons donc que cette scène repose sur un quiproquo comique et constitue le nœud de l'intrigue autour du
projet.
Pour cela dans une première partie nous étudierons la scène d'Angélique qui accepte le mariage et l'entente qu'elle à
avec son père ensuite dans une seconde partie la scène comique avec le quiproquo qui méprise le prétendant et pour finir
avec la révélation final.
1.
La scène 5 est la plus marquante de l’acte I.
C’est ici que se noue l’intrigue : le spectateur découvre,
en même temps que les personnages, le conflit autour du mariage qu’en habitué des comédies il
pressentait.
Le nœud tient à ce que les intentions des personnages dans cette scène divergent.
En effet, Argan veut que sa fille, Angélique, accepte sa décision de lui donner en mariage Thomas
Diafoirus : « Nous avons conclu ce mariage-là ce matin, Monsieur Purgon, Monsieur Fleurant et moi, et,
demain, ce gendre prétendu doit m’être amené par son père ».
Angélique, évoquant sa rencontre avec
Cléante et l’ « inclination » qu’ils ont « l’un pour l’autre », souhaite au contraire épouser Cléante avec le
consentement d’Argan : « Je dois faire, mon père, tout ce qu’il vous plaira de m’ordonner ».
L’acte III,
mais aussi déjà le souci qu’Angélique manifeste à la fin de la scène 5 pour la santé d’Argan, montrera
que, par affection filiale, elle ne rejette pas son père.
C’est à sa décision et non à sa personne
qu’Angélique s’en prend.
Le conflit autour de la question du mariage constitue le schéma traditionnel de
la comédie.
Présent dans la comédie antique puis dans la commedia dell’arte, il est décliné sous
différentes formes par Molière : intrigue simple dans Le Malade imaginaire comme dans Le Médecin
malgré lui, doublement de l’intrigue dans Les Fourberies de Scapin, réunion en un seul personnage du
barbon et du rival dans L’École des femmes ou dans L’Avare.
2.
Le procédé employé, qui relève du comique de situation, est le quiproquo, un procédé spécifiquement
théâtral car, dans la réalité, il est impensable qu’une telle erreur puisse ainsi se prolonger.
L’enfermement
de chacun des deux personnages dans un point de vue unique – la maladie pour Argan et l’amour pour
Angélique – rend ici crédible le malentendu : impossible pour l’un comme pour l’autre d’imaginer une
position différente de la leur.
À partir de ce principe fondateur, le dramaturge nous divertit en multipliant
les répliques qui maintiennent le malentendu.
Dans un premier temps, l’énumération des qualités du prétendant ralentit la révélation de l’identité sans
nous préparer à ce qui va éclater : « grand jeune garçon bien fait », « De belle taille », « Agréable de sa
personne », « De bonne physionomie », « Sage, et bien né », « Fort honnête ».
Angélique ne peut
qu’exprimer (de façon mécanique) son approbation.
Dans un second temps, pour le plus grand plaisir
du spectateur qui se demande quand la vérité va éclater, la mécanique du consensus commence à se
gripper.
Après avoir énuméré les qualités du jeune homme choisi, Argan donne en effet des informations
qui ne semblent pas correspondre à Cléante : « Qui parle bien latin, et grec », « Et qui sera reçu médecin
dans trois jours », qui a Monsieur Purgon pour oncle.
Les répliques d’Angélique, bien que toujours
mécaniques, changent de ton et introduisent un doute (les phrases interrogatives) qui montre que le
quiproquo va laisser place à une révélation qui fixera le nœud de la pièce : « ce fils s’appelle Thomas
Diafoirus, et non pas Cléante ».
Ces procédés prolongent le quiproquo pour le plus grand plaisir du
spectateur : plaisir de l’attente, de la surprise (la vérité) prévisible, plaisir de la connivence avec le
dramaturge.
Cette connivence repose sur le fait que, le mariage étant toujours problématique dans les
comédies, on devine que celui d’Angélique avec le jeune homme qu’elle aime ne peut pas se régler
simplement dans l’acte I.
3.
Nous sommes bien dans l’univers de la comédie, celui d’une famille en crise.
Au milieu de l’acte I cette
crise n’a pas encore éclaté et ni Argan ni Angélique ne la pressentent.
La bonne entente semble régner
: le père et la fille rivalisent de propos aimables : « Je suis bien aise », « C’est à moi ».
Seule Toinette
(réplique qui va suivre) a cerné les conflits latents.
On voit qu’Argan n’a pas attendu d’avoir l’approbation
de sa fille pour la marier.
Le passif « est conclue » est un présent qui pourrait nous laisser penser que le
père avait besoin de connaître les sentiments de sa fille ; mais le passé composé « ai promise » marque
l’antériorité par rapport à la scène et montre que la décision échappe totalement à la jeune fille.
Autorité
absolue d’un côté et soumission aveugle de l’autre : ce passage illustre ce qu’est le mariage au XVIIe
siècle.
La suite de la scène et de la pièce montrera qu’il n’est pas facile pour une fille de se soustraire
aux volontés de son père.
La deuxième réplique d’Argan nous éclaire sur la composition de la famille.
Argan s’est remarié (« bellemère ») et Angélique a une « petite sœur ».
Cette présentation rend vraisemblable la scène avec la
fillette dans l’acte III.
Elle introduit également Béline et la seule information que l’on obtient à son sujet
est son obstination à vouloir que les deux filles d’Argan finissent leurs jours dans un couvent.
Le spectateur se doute que cette bonne entente familiale cache des failles qui seront au cœur de la
comédie.
Plusieurs raisons à cela :
– La présentation de Béline laisse entendre que la jeune femme ne souhaite pas le bonheur de ses bellesfilles mais que, probablement, Béline cherche à tirer profit de la situation.
– La soumission d’Angélique, qui pense que son père a accepté la demande en mariage de Cléante dont
il a été question dans la scène précédente, ne correspond pas au schéma convenu de la comédie.
Le
thème de l’amour contrarié est traditionnellement au cœur de l’intrigue et le dénouement heureux ne
peut avoir lieu dans l’acte I.
Molière joue ici avec les habitudes littéraires du spectateur ; Corneille avait
fait de même dans la scène 1 du Cid (« Et dans ce grand bonheur, je crains un grand revers ») ;
Beaumarchais reprendra le procédé dans la scène d’exposition du Mariage de Figaro.
Cette remarque
nous amène à voir dans la comédie un jeu sur les codes.
4.
Les deux premières répliques de Toinette sont des apartés dans un échange entre Argan et sa fille.
Extérieures au dialogue, elles sont, à destination du public, une invitation à adopter un recul vis-à-vis de
la situation.
Dans les deux cas, Toinette sait manier l’implicite et faire preuve de discernement : « La
bonne bête a ses raisons » : le substantif « bête » montre ce que Toinette pense de
Béline ; associé à l’adjectif « bonne », il indique au spectateur que la servante a démasqué l’hypocrisie
de la seconde épouse d’Argan.
Le possessif « ses » et le choix du terme large « raisons », non élucidé,
laisse entendre que Béline agit pour son intérêt personnel (le possessif) et de façon discrète (l’absence
d’explication).
Cette réplique glissée « tout bas » prépare le public à assister à la scène 6 sans se laisser
prendre aux propos mielleux de la jeune épouse.
Elle révèle aussi la richesse du personnage de Toinette
qui annonce Suzanne dans Le Mariage de Figaro.
« En vérité, je vous sais bon gré de cela, et voilà l’action la plus sage que vous ayez faite de votre vie » :
la seconde partie de la réplique est une façon détournée de dénoncer la déraison d’Argan.
Elle....
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