En quoi La Princesse de Clèves ressemble à une tragédie classique ?
Publié le 20/10/2022
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«
Dissertation rédigée (Sujet n°8)
Le siècle de Louis XIV est dominé par le classicisme, mouvement dont
les valeurs sont l’ordre, la mesure et l’harmonie.
Caractérisé par des règles
strictes héritées des anciens, il a pour double objectif « placere et docere » qui
signifie en latin « plaire et instruire ».
Cette formule d’Horace rappelle
l’importance d’allier le plaisir à la transmission d’une morale dans toute œuvre
artistique.
De grands auteurs marquent cette période tels que Molière, Racine
et Corneille, La Fontaine mais aussi Mme de La Fayette.
Cette dernière, de son
nom de jeune fille Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, épouse le comte de
La Fayette, dont elle s’éloigne assez rapidement.
Elle brille dans les salons
mondains par son esprit.
Loin de revendiquer ses œuvres qu’elle publie
anonymement, elle est appelée « Le Brouillard » par ses amis.
Elle écrit
notamment La Princesse de Montpensier (1662) et La Princesse de Clèves
(1678) en collaboration avec son ami La Rochefoucauld.
Ce dernier récit est
considéré comme le premier roman moderne.
L’auteur y raconte l’histoire
d’une femme mariée, le personnage éponyme, qui lutte contre son amour
coupable pour le duc de Nemours.
Sa passion la mène à des extrémités
auxquelles son éducation ne l’a pas préparée.
Nous pouvons alors nous
demander en quoi La Princesse de Clèves ressemble à une tragédie
classique.
Dans un premier temps, nous verrons que les caractéristiques
d’une tragédie peuvent être illustrées par ce roman d’analyse.
Dans un second
temps, nous étudierons la manière dont il s’inscrit dans son temps.
En premier lieu, il est possible de considérer La Princesse de Clèves
comme une tragédie selon la définition donnée par Aristote dans La Poétique :
« La tragédie est la représentation d'une action noble [...] mise en œuvre par
les personnages du drame [...] en représentant la pitié et la frayeur, elle réalise
une épuration de ce genre d'émotions.
»
Tout d’abord, l’auteur d’une tragédie doit faire évoluer des personnages
nobles, c’est-à-dire de rang social élevé : ils sont riches, possèdent des titres
et des privilèges.
Ainsi, dans notre roman, les personnages sont issus de la
cour des derniers rois de la dynastie des Valois, entre 1558 et 1560.
Leurs
journées sont occupées à des divertissements princiers tels que les bals.
Par
exemple, lors des fiançailles de Claude de France, la fille de Henri II et de
Catherine de Médicis, et du duc de Lorraine, toutes les grandes figures de la
Cour sont présentes comme la reine dauphine, Marie Stuart, femme du futur
François II, amie et confidente de notre héroïne.
La grandeur de ces
personnages tient également à leur culture et à leur éducation.
Madame de La
Fayette s’attarde lors du long portrait de son héroïne sur la qualité de
l’éducation que lui a dispensée sa mère pendant son enfance lui peignant
l’amour et lui enseignant la vertu.
Ces personnages puissants se caractérisent
finalement par leur grandeur morale, leur sens de l’honneur.
C’est le cas du
Prince de Clèves.
Ce personnage conserve sa dignité en toutes
circonstances : il aime sa femme sans en être aimé, il souffre de la jalousie en
silence.
Au moment de l’aveu de sa femme à Coulommiers, il éprouve de
l’estime et de l’admiration pour elle.
Il insiste pour obtenir le nom de l’amant
mais n’y parvenant pas, il ne s’emporte pas.
Ces figures historiques et
romanesques apparaissent donc comme les dignes héritiers des personnages
légendaires des tragédies antiques.
Ensuite, la tragédie se caractérise par son registre tragique qui se définit
par l’impuissance des héros face à la fatalité.
Comme chez Racine, la passion
est un ennemi de la liberté.
Son étymologie latine, patior, renvoie d’ailleurs à la
souffrance.
C’est ainsi que l’amour du prince de Clèves peut être considéré
comme une maladie, un poison qui va le tuer.
En effet, la jalousie amène le
prince à interpréter de façon erronée le rapport que lui fournit le gentilhomme
qu’il a envoyé espionner la princesse à Coulommiers.
Celui-ci lui explique
avoir vu deux nuits de suite le duc de Nemours s’introduire dans le jardin, le
prince pense aussitôt que sa femme lui a été infidèle.
Le soir-même il est pris
d’une fièvre qui l’emporte peu de temps après.
Le lecteur assiste à
l’engrenage tragique qui a mené à cette issue fatale : c’est d’abord l’ordre de
Henri II lancé à la princesse de prendre le duc pour cavalier qui apparaît
comme une fatalité.
Puis la dauphine joue un rôle non seulement dans le
rapprochement des amants pour récrire la lettre adressée au vidame par Mme
de Thémines, mais aussi lors du vol du portrait de la princesse.
Enfin, l’aveu
de Coulommiers creuse un fossé entre le mari et son épouse.
Ce destin
funeste ne frappe pas seulement les personnages principaux.
Le poids du
destin apparaît aussi car la mort d’Henri II a été prédite par un astrologue : le
roi lui-même le rappelle lors d’une conversation chez la reine : on lui a dit qu’il
pourrait lors d’un duel.
L’accident survient lors de l’ultime duel d’un tournoi
contre le comte de Montmorency : le roi reçoit un éclat de lance dans l’œil.
La
tragédie est donc au service d’une vision pessimiste de la passion amoureuse.
Enfin, un dénouement malheureux scelle la fin de toute tragédie.
Il
consiste le plus souvent en la mort du personnage principal, parfois en un
échec, une renonciation ou une trahison.
La fin de La Princesse de Clèves
réunit un certain nombre de ces éléments.
En effet, deux personnages
trouvent la mort.
Le premier est le prince de Clèves qui meurt d’une....
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