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DISSERTATION SUR OEUVRE : Olympe de GOUGES, Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne, 1791. Parcours : « Écrire et combattre pour l’égalité »

Publié le 14/02/2025

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« DISSERTATION SUR OEUVRE : Olympe de GOUGES, Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne, 1791.

Parcours : « Écrire et combattre pour l’égalité » « Pour une femme, écrire a toujours été subversif : elle sort ainsi de la condition qui lui est faite et entre comme par e raction dans un domaine qui lui est interdit », écrit Béatrice Slama dans De la « littérature féminine » à « l’écrire-femme » : di érence et institution (Littérature n°44, 1981).

Dans quelle mesure pensez-vous que ce jugement puisse s’appliquer à Olympe de Gouges quand elle publie la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ? Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, sur les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé, et sur votre culture personnelle. Proposition de correction : éléments pour l’analyse du sujet et l’introduction Il s’agit d’un sujet qui demande dans quelle mesure vous partagez la thèse proposée par l’autrice de la citation : cela nécessite donc un plan dialectique, qui permet de nuancer et de discuter une thèse. - Analyse de la citation : ➢ « Pour une femme, écrire a toujours été subversif… » : subversif signi e « qui est susceptible de bouleverser, de détruire les institutions, les principes ; qui menace l’ordre établi ».

Béatrice Slama sous-entend ainsi que dans un système patriarcal, les femmes ne sont pas censées jouer un rôle littéraire. ➢ « …elle sort ainsi de la condition qui lui est faite… » : ainsi formulé, le propos de l’autrice montre qu’une femme aurait donc dans la société patriarcale une place et un rôle qu’elle ne peut pas choisir.

Être écrivain ne ferait précisément pas partie des conditions que peuvent occuper les femmes.

Écrire serait une activité réservée aux hommes dans notre société patriarcale. ➢ « …et entre comme par e raction dans un domaine qui lui est interdit.

» La comparaison de la femme qui « entre comme par e raction » associe l’acte d’écrire, pour une femme, à une profanation, car la littérature serait un territoire masculin.

Ainsi, les femmes qui désirent écrire sont-elles condamnées à devoir agir sinon à la limite de la légalité, du moins en décalage avec l’ordre politique et social. - Reformulation de la thèse de l’autrice : Dans une société patriarcale où la littérature est vue comme un territoire réservé aux hommes, les femmes de lettres sont obligées de faire leur place en contestant cet ordre établi et donc de s’imposer avec force, sans attendre d’être acceptées par ceux-ci.

Puisque les femmes sont exclues de la littérature par le patriarcat, elles doivent donc combattre pour être écrivaines, si bien qu’écrire, pour une femme, est déjà un acte politique engagé et provocateur. - Problématisation : il est demandé de véri er si cette thèse s’applique à Olympe de Gouges et plus précisément à sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. ➢ Problématique possible : En publiant sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges accomplit-elle un acte politique qui remet violemment en cause l’ordre patriarcal établi ? fi ff fi ff ff ff 1 sur 4 En publiant la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe de Gouges accomplit un violent acte politique contre le patriarcat. Le contexte d’écriture nous permet d’aller dans le sens de Béatrice Slama : Olympe de Gouges a publié sa Déclaration pour entrer « comme par e raction » dans un débat con squé par les hommes.

En e et, Olympe de Gouges a choisi de publier sa Déclaration le 14 septembre 1791, c’est-à-dire le lendemain de l’acceptation par le Roi de la première constitution instaurant une monarchie constitutionnelle.

Cette constitution reprend mot pour mot la Déclaration du 26 août 1789 alors qu’un intense débat avait agité les révolutionnaires quant au fait de modi er ou non ce texte a n qu’il gurât dans la constitution.

Comme cette constitution contenait le texte initial de la DDHC sans modi cation, Olympe de Gouges, qui avait aspiré à ce qu’il fût modi é a n d’inclure des revendications féministes en son sein, décida de publier cette réécriture critique pour agir malgré tout pour la cause des femmes. Dans l’épître dédicatoire à la Reine, Olympe de Gouges présente elle-même son œuvre comme un acte politique engagé.

En e et, dans cette dédicace, elle propose à Marie-Antoinette de faire une alliance politique : si la Reine soutient « le retour des Princes » et donne du poids à « l’essor des droits de la femme », alors elle aura le soutien d’Olympe de Gouges qui a rme qu’ainsi, elle trouvera une manière de redorer son image, très écornée. Il s’agit d’un manifeste1 véhément contre le patriarcat et en faveur du droit des femmes.

En e et, l’autrice emploie un ton polémique, n’hésitant pas à interpeller directement le patriarcat lorsque, dans le texte intitulé « Les droits de la femme », elle l’apostrophe ainsi : « Homme, es-tu capable d’être juste ? ».

De plus, son texte est provocateur, car lorsqu’elle dédie son œuvre à la Reine – et non au Roi – et en l’appelant « Madame » et – et non « Majesté », Olympe de Gouges pose d’entrée de jeu un rapport d’égalité avec Marie-Antoinette alors que l’idée de monarchie suppose une relation asymétrique entre un monarque et ses sujets.

En n, Olympe de Gouges met en valeur les femmes, qu’elle place systématiquement aux côté des hommes dans les articles de sa Déclaration : dans l’article III, par exemple, le terme « Nation », présent seul dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, est glosé en « Nation, qui n’est que la réunion de la Femme et de l’Homme » dans la Déclaration d’Olympe de Gouges.

D’ailleurs, dans le « préambule », l’autrice rend hommage aux femmes qui sont selon elle un « sexe supérieur en beauté comme en courage dans les sou rances maternelles ». Toutefois, la Déclaration porte un engagement politique plus large et constitue une œuvre littéraire riche et complexe. Olympe de Gouges ne s’attaque pas qu’au patriarcat et ne défend pas que les femmes. En e et, Olympe de Gouges dans sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne e ectue une véritable synthèse de ses di érents combats politiques : celui en faveur des femmes, bien entendu, mais aussi ceux en faveur des enfants nés en dehors du mariage (qu’elle défend dans l’article XI), d’un nouveau contrat de mariage, égalitaire (qu’elle appelle de ses vœux dans le postambule, dans la section « Forme du contrat social de l’homme et de la femme »), du strict respect de la loi (à la toute n du postambule, elle rapporte une anecdote personnelle : elle fut contrainte de payer à son cocher plus que prévu par la loi et cet abus a été conforté par un magistrat, c’est-à-dire par un représentant de la loi).

En n, elle met particulièrement en avant son 1 Un manifeste est un texte argumentatif faisant partie de l’essai : il s’agit d’une déclaration solennelle et publique dans laquelle on expose un programme politique. fi ffi fi fi fi fi ff fi ff ff fi fi ff fi ff fi ff ff ff 2 sur 4 rejet absolu de l’esclavage et du comportement des colons blancs dans les Antilles : dans le Postambule, elle amène, sur le mode de la digression, la situation des « hommes de couleur ». Auparavant, Olympe de Gouges avait déjà dénoncé l’esclavage dans sa pièce Zamore et Mirza (1784).

Olympe de Gouges mène donc un combat politique, social et sociétal bien plus large. Dans sa Déclaration, Olympe de Gouges ne fait pas seulement preuve d’un engagement politique, mais aussi d’un engagement littéraire.

En e et, ce texte est riche et complexe sur le plan littéraire : l’autrice joue avec les genres littéraires avec une certaine subtilité.

Concernant l’épître dédicatoire, on a vu qu’elle réutilise cette forme en se démarquant des attendus.

La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne à proprement parler constitue.... »

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