dissertation sur les caractères
Publié le 20/06/2024
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«
Dissertation rédigée
Tous les éléments figurant entre crochets sont des repères méthodologiques, mais ne doivent
pas apparaître sur une copie.
[Introduction] [Présentation du contexte et de l’œuvre] Au XVIIème siècle, les
moralistes se donnent pour objectif de réformer les individus en leur donnant des exemples de
vertus à imiter ou des contre-exemples à fuir.
La Bruyère, dans Les Caractères, dresse des
portraits variés de ses contemporains, ainsi que du monde de la cour dans lesquels ils évoluent.
En effet, ce monde est codifié et la vie de la cour obéit à de nombreux rituels auxquels les
courtisans se plient volontiers en espérant gagner les faveurs royales.
[Sujet à recopier] Dans
le chapitre “De la Cour”, la remarque 99 précise : “Dans cent ans le monde subsistera encore
en son entier : ce sera le même théâtre et les mêmes décorations, ce ne seront plus les mêmes
acteurs".
[Analyse du sujet] Reprenant à son compte la métaphore antique du theatrum mundi,
le moraliste présente le monde comme un scène de théâtre sur laquelle chacun joue son rôle, sa
partition, de manière immuable.
[Reformulation problématisée du sujet] En quoi la métaphore
théâtrale permet-elle à La Bruyère de critiquer la société de son temps, lieu d'une comédie
sociale ?
[Idée de la 1ère partie] Le monde que La Bruyère offre à nos yeux de lecteur, dans ses
Caractères, est comme un théâtre dans lequel les rôles sont immuables.
La vie de la cour et
celle des courtisans constituent des exemples archétypaux de la comédie sociale qui s'y joue,
que l'auteur choisit de dénoncer.
[Argument 1 et exemples associés] La Bruyère choisit de travailler un motif artistique
et littéraire ancien, celui du theatrum mundi.
En effet, la société de Louis XIV est marquée par
le divertissement et le spectacle.
Le motif baroque du grand théâtre du monde correspond donc
aisément au sujet d'observation du moraliste.
On note par exemple une forte présence du champ
lexical du théâtre dans les remarques, comme dans la remarque 50 du chapitre “des Grands”
(“sur un théâtre”, “une scène”, “personnages de comédie”), ou la remarque 31 du chapitre
“Des Biens de Fortune” (“tragédie”, “théâtre du monde”).
Les portraits sont autant de saynètes
comiques où l'auteur souligne les rôles que chacun joue.
Les références au théâtre apparaissent
également sous la forme de citations des auteurs antiques ou contemporains (Terence, Racine
et Molière par exemple), et des acteurs contemporains (Floridor et Mondori dans le chapitre
Des Grands).
La Bruyère déplore tous les faux semblants que la vie en société ou à la cour fait
émerger chez les hommes.
[Argument 2 et exemples associés] Ainsi, la cour est le lieu par excellence de la
mascarade sociale et politique.
N'oublions pas que les hommes y portent des perruques et les
femmes du maquillage épais, ce qui dissimule leur figure et "empêche qu'on connaisse les
hommes à leur visage" (DLC, 74).
Le cérémonial qui règle la vie de la cour à Versailles, sous
l'égide du roi Soleil, met sans cesse les personnages de la cour sous les yeux du public.
En effet,
dans cette remarque quasi ethnographique, qui présente les rites de Versailles comme s'il
s'agissait d'un pays étranger, la cérémonie de la messe royale prend la forme d'un rite primitif
dans lequel les croyances sont fausses : "ce peuple paraît adorer le prince".
Les rôles sont
prédéfinis et chacun tente de s'y conformer.
Tout n'y est qu'intérêt et recherche de faveur.
La
comparaison de la vie de la cour avec un jeu d'échecs (DLC, 63) montre d'ailleurs qu'il s'agit
d'un jeu de stratégie, un jeu "sérieux".
[Argument 3 et exemples associés] Par conséquent, au cœur de ce monde du
divertissement, où tout se passe sous les yeux de tout le monde, le courtisan est le comédien
parfait, capable d'adapter son apparence et son attitude pour servir son intérêt.
"Un homme qui
sait la cour est maître de son geste, de sa voix, de son visage" écrit La Bruyère dans la 2ème
remarque du chapitre “De la Cour”.
Il précise même qu'il est "impénétrable" et qu'il "dissimule".
La métaphore du comédien est donc utilisée par l'auteur pour décrire le courtisan vain et factice.
En effet, loin d'un idéal de sincérité, de bonté et de pureté d'âme, le courtisan est marqué par la
fausseté et la dissimulation.
Il est un anti-honnête homme.
Les apparences à la cour sont
toujours trompeuses, et nombreuses sont les éthopées qui en font mention : Théodote avec son
visage "comique", d'un "homme qui entre sur la scène" (DLC, 61), Pamphile, qui se croit grand
mais ne l'est pas (DG, 50), l'homme qui vient d'obtenir une place à la cour et change subitement
d'attitude (DLC, 51)...
La métaphore du courtisan comme mécanique d'une montre (DLC, 65)
souligne également la parfaite maîtrise par le courtisan de l'art du jeu et du masque.
[Transition] Ainsi, grâce à la métaphore théâtrale, La Bruyère parvient à mettre en
évidence que la vie de la cour s'organise selon le principe de la dissimulation et du masque.
Chacun y joue un rôle, différent mais fondamentalement identique, marqué par l'ambition et la
recherche de l'intérêt personnel, que le moraliste cherche à condamner.
Pour autant, la
métaphore théâtrale ne permet pas, à elle seule, de rendre compte d'une lecture complète des
Caractères.
[Idée de la 2ème partie] En effet, si le motif du theatrum mundi permet à l'auteur de
souligner avec efficacité son projet de réformer les mœurs de son siècle, d'autres grilles de
lecture sont possibles pour rendre compte de l'œuvre dans son entier.
[Argument 1 et exemples associés] Tout d'abord, il est important de remarquer que
l'auteur lui-même joue un rôle ! Il se met en scène dans son œuvre, et n'hésite pas à satisfaire
au goût mondain des jeux littéraires et des devinettes, qu'il feint de condamner.
En effet, La
Bruyère perd parfois de vue son projet de moraliste pour favoriser ses succès d'écrivains.
Même
si l'ouvrage paraît anonymement, l'affaire des clés et les nombreuses rééditions successives
(notons que l'ouvrage a été l'un des plus grands succès de librairie du siècle !) sont le signe des
concessions faites par l'auteur à la morale.
La Bruyère se défend publiquement d'avoir dissimulé
des clés dans son texte mais augmente chaque édition en ajoutant des portraits qui peuvent
prêter à sourire.Ainsi, malgré une sévère critique des jeux de langage et du "pompeux
galimatias" des précieux (portrait d'Acis, DSC, 7), La Bruyère ne néglige pas toujours de plaire,
dans son adéquation au goût du public, mais aussi dans son projet de réforme des moeurs.
[Argument 2 et exemples associés] Ainsi, délaissant....
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