Dissertation sur la Princesse de Clèves et la passion
Publié le 08/11/2022
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DISSERTATION
Sujet : D’après votre lecture de la princesse de Clèves et des autres textes du
parcours associé et de vos lectures personnelles, les passions sont-elles
condamnables ?
La Princesse de Clèves de Madame De La Fayette est l’un des romans les
plus vendus du 17e siècle, il s’inscrit dans l’objet d’étude roman et récit du
moyen-âge au XXIe siècle et dans le parcours individu moral et société.
Paru en 1678, donc rattaché au classicisme, son histoire repose sur le
triangle amoureux tragique entre le Prince de Clèves, la Princesse de
Clèves et le duc de Nemours, amant secret de cette dernière.
C’est cette
intrigue peu commune pour l’époque avec une vision de l’amour
singulière qui attire les lecteurs.
D’après votre lecture de la Princesse de
Clèves et des autres textes du parcours associé et de vos lectures
personnelles, les passions sont-elles condamnables ?
Pour répondre à cette question, nous verrons quel regard Mme.
De La
Fayette, qui publie anonymement la Princesse de Clèves en 1678 porte sur
les passions et si elles y font l’objet d’une condamnation explicite.
Dans un premier temps, nous analyserons sa conception négative des
passions, puis démontrerons qu’il s’agit tout de même d’une impossible
disqualification.
Nous finirons par une réflexion ouverte sur le roman.
Tout au long de l’ouvrage, Mme.
De La Fayette met en évidence les
inconvénients de la passion amoureuse et dénonce le fait qu’elle échappe
à la raison.
Le portrait pessimiste qu’elle en fait à travers le triste destin de
l’héroïne a pour but de mettre en garde contre le désir, ses dérives et ses
conséquences.
Par définition, la passion est un “état affectif et intellectuel assez puissant
pour dominer la vie mentale”.
En effet, chacun d’entre nous cultive une ou
plusieurs passions, et souvent, sans même s’en rendre compte, nous
sommes amenés à réfléchir différemment et à être fortement influencé
par cette ou ces passions.
Ce mécanisme de contrôle de la raison se fait si
naturellement qu’il paraît échapper à toute logique.
Dans la princesse de Clève, ce phénomène de domination du coeur sur le
cerveau est illustré à travers le personnage de la princesse, qui malgré son
éducation soignée qui a fait d’elle une femme intelligente, vertueuse et
pleine de valeur, s’est faite rattrapée par ses sentiments illégitimes envers
le duc De Nemours.
Dans le passage de leur rencontre, il est d’ailleurs
évident qu’elle a du mal à aller à l’encontre de son attirance pour le duc,
qui aura finalement raison d’elle.
Cependant, Mme.
De La Fayette n’est pas la seule à pointer du doigt cette
facette dangereuse de la passion.
Une autre grande figure littéraire de son
époque a d’ailleurs dit “le cœur a ses raisons que la raison ignore”,
aphorisme philosophique très populaire de Pascal (1623-1662).
Par cette citation, le philosophe entend que le cœur prend souvent le
dessus sur la raison, or, il pensait que c’était elle qui faisait l’humanité de
l’homme en lui permettant justement d’ouvrir son cœur.
La Rochefoucauld
(1613-1680), ami intime de la romancière, dénonce lui aussi la faiblesse de
l’être humain face à ses sentiments dans Les Maximes, recueil paru en
1654.
Il y critique les aspects négatifs de la nature humaine, son art de la
dissimulation et de la feinte (caractéristiques de la cour à cette époque) et
y réfute le libre arbitre.
Même Molière fit état de cette domination dans sa
pièce le Misanthrope, Alceste étant épris de Célimène alors qu’ils ont des
caractères en tout point opposés.
Ayant le dessus sur la raison de l’homme et sur son libre arbitre, les
passions peuvent s’avérer très néfastes et à l’origine de mauvaises
décisions.
De plus, la limite entre passion et addiction est fine, et une fois
dépassée, c’est toujours très difficile de revenir en arrière ; c’est pourquoi il
faut faire très attention à ne pas dépendre de ses passions.
La mise en garde de l’auteure passe surtout par la souffrance et la
destruction qu’elle rattache aux passions.
Elle oppose ce phénomène
irraisonnable à la vertu dont elle fait explicitement l’éloge dans tout
l’ouvrage.
C’est au moment où la princesse dissimule son amour et s’en
veut de ne pas avoir le dessus sur ses sentiments qu’elle est le plus
malheureuse.
Elle est finalement forcée de les accepter, mais la douleur et
la culpabilité résonnent si fort, qu’elle finit par tout avouer à son mari.
Chaque étape qui ont succédées à la passion interdite de la jeune femme
pourtant vertueuse ont constitué une véritable descente aux enfers pour
elle.
Tristesse qui atteint son paroxysme à la mort du prince de Clèves,
rongé par la jalousie.
Nombreux sont les ouvrages qui reflètent les méfaits
de la passion amoureuse.
Jean Racine, par exemple, a à plusieurs reprises
écrit des histoires d’amour impossible.
Parmi elles, citons Phèdre, œuvre
qui relate le malheur de son éponyme, amoureuse de son beau-fils
Hippolyte qui ne l’aime pas en retour.
C’est une très bonne illustration des
souffrances liées à la passion : elle l'aime à se rendre folle, et elle le
deviendra, elle l'aime à mourir, et en mourra.
Citons aussi Bérénice, qui se
voit refuser son mariage avec l’homme qu’elle aime (Titus) au dernier
moment et qui sera finalement forcée de partir avec un autre (Antiochus).
Enfin, Les Impatientes de Djaïli Amadou Amal, roman inscrit au
programme de 1ere qui relate les histoires de trois femmes ayant souffert
du mariage arrangé rend.
C’est un ouvrage qui rend également compte des conséquences difficiles
qui découlent des passions.
Cette fois-ci, ce sont les passions de certains
(les hommes) qui font du mal à d’autres (les femmes), qui, soit n’aiment
pas leur mari, soit n’arrivent pas à accepter qu’ils puissent en aimer une
autre.
Les passions, malgré leur caractère déraisonnable et la douleur qu’elles
engendrent restent indispensables aux hommes.
C’est pour cela que leur attribuer une connotation négative reste un
paradoxe, car une passion, c’est avant tout quelque chose que l’on aime
inconditionnellement et qui nous a fait à un moment ou à un autre nous
sentir bien.
Nécessité portée par Mme.
du Châtelet dans son Discours sur
le bonheur.
Dans son œuvre, elle défend hardiment les passions qu’elle
considère comme le saint Graal du bonheur.
Entre 1744 et 1746, soit
presque un siècle après la parution de La Princesse de Clèves, elle écrit
dans son discours “Les moralistes qui disent aux hommes : réprimez vos
passions, et maîtrisez vos désirs, si vous voulez être heureux, ne
connaissent pas le chemin du bonheur.”.
Ce qui montre bien que sa vision
des passions est tout à fait contraire à celle de Mme.
De Lafayette.
En effet,
son approche était plus tournée vers la philosophie Carpe Diem d’Horace .
Elle estimait que tous n’avaient pas la chance d’avoir des passions, certains
se contentant d’avoir des goûts et qu’il était normal de connaître “bien plus
l'amour par les malheurs qu'il cause, que par le bonheur souvent obscur
qu'il répand sur la vie des hommes” car les hommes malheureux aiment se
soulager en racontant leur malheur contrairement aux personnes
heureuses qui ne cherchent pas à “avertir les autres de leur bonheur”.
Selon elle, le désir et la quête de passions seraient donc la clé du bonheur.
Cité un peu plus tôt, le poète romain Horace (65-8 av J.-C) avait lui aussi,
déjà à son époque, une vision plus utopique du bonheur.
Rien ne le prouve
mieux que son très célèbre adage “Carpe diem”.
Conseil originellement
donné à une femme, Leuconoé, pour qui il écrit sa onzième ode, se
terminant ainsi : “carpe diem, quam minimum credula postero” qui signifie
“Cueille le jour, sans croire au lendemain.”
Ce qui a été plus communément traduit par les expressions “vivre au jour
le jour”, ou encore “croquer la vie à pleines dents”.
Ce caractère vital des passions est bien sûr abordé par les philosophes.
Prenons l’ exemple de l’hédonisme, doctrine philosophique attribuée à
Aristippe de Cyrène (philosophe grec antique) selon laquelle la recherche
de plaisirs et l'évitement de souffrances constituent le but de l'existence
humaine.
En quelque sorte, une passion, c’est quelque chose qui nous définit, dans
laquelle on se retrouve, qui nous donne un but, nous permet de nous
sentir utile parfois.
C’est pourquoi la quête d’une passionnée on va souvent de pair avec la
qouête de soi-même.
On retrouve cette recherche d’identité dans le roman
étudié, lors de l’arrivée de la Princesse à la Cour.
Beauté sans pareille, d’un
charme et d’une grâce rares issue d’une très bonne éducation, elle est très
vite sortie du lot aux yeux de tous.
Beaucoup l’admiraient, autant la
jalousaient.
Nouvelle atmosphère de vices et....
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