Dissertation Marivaux : théâtre et stratagème
Publié le 11/11/2022
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«
Dissertation Marivaux : théâtre et stratagème
Marivaux est un auteur d’une quarantaine de pièces de théâtre dont
les thèmes principaux sont les conditions sociales, l’amour et la stratégie.
La comédie de Marivaux, Les Fausses Confidences raconte les
stratagèmes d’un valet, Dubois, décidé à conduire sa maîtresse, Araminte,
sur le chemin de l’amour pour Dorante, son ancien maître sans le sou,
amoureux fou de la riche veuve.
Marivaux a intitulé une autre de ses pièces L’Heureux stratagème,
ainsi l’auteur reprend encore une fois le procédé du stratagème, fondé sur
des méthodes a priori négatives comme la ruse et la manipulation, mais
qui s’avère pourtant avantageux.
Un stratagème est au départ un vocabulaire guerrier, qui désigne une
manigance, une tromperie.
Ainsi, le stratagème a toujours été vu et utilisé
négativement.
Toutefois, le stratagème a des buts avantageux, c’est-àdire bénéfique aux personnes concernées, celles qui ont mis en scène le
subterfuge.
De plus, ce procédé stratégique avantageux est très souvent
utilisé dans des comédies, ici, les pièces de théâtre de Marivaux.
Il est donc intéressant de se demander en quoi le stratagème et ses
conséquences avantageuse sont-ils des ressorts de la théâtralité ?
Pour répondre, nous verrons dans un premier temps les différentes
méthodes négatives d’un stratagème, tel que la manipulation par les mots
ou encore la ruse.
Dans un deuxième temps, nous nous pencherons sur
les nombreux avantages d’un procédé pourtant négatif.
Dans un
troisième temps, nous examinerons les ressorts de la théâtralité à travers
le stratagème.
Pour commencer, un stratagème est une méthode habile et bien
combinée pour attirer des faveurs.
Ainsi, les stratèges sont prêts à tout
pour mettre en place leur jeu.
Les stratégies sont différentes et marchent
par des moyens différents.
Par exemple, Dubois utilise ses qualités de bon
orateur dans Les Fausses Confidences pour arriver à ses fins.
En effet, à la
scène 14 de l’acte 1, Dubois manipule Araminte pour qu’elle accepte de
garder Dorante en intendant malgré ses sentiments pour elle.
Il va utiliser
les méthodes du discours pour la convaincre.
Par exemple, il va avoir
recours à la flatterie excessive d’à la fois Araminte, mais aussi de Dorante
« Il est bien fait, d’une figure passable, bien élevé et de bonne famille ».
Cette énumération dresse le portrait élogieux de Dorante.
Dubois, va ici,
essayer d’argumenter en faveur de Dorante.
Par exemple, il compare
l’amour de Dorante pour Araminte à une maladie, dont l’épouser serait
une urgence.
Il tente de provoquer de la pitié à Araminte, pour obtenir ce
qu’il souhaite.
Il va essayer de la convaincre avec des mots, mais va la
persuader avec les sentiments.
Pour cela, il va lui réciter un récit
pathétique pour qu’elle tombe dans son piège.
On remarque ce récit
pathétique par le vocabulaire de la tragédie « hélas », « s’attrister »,
« perdit la raison ».
Pour faire marcher sa stratégie, Dubois a recours aux
mots et au langage, c’est un maître dans l’art de la parole.
Pour enfermer
Araminte dans le piège de l’amour, il va même jusqu’à lui provoquer un
dilemme : épouser Dorante ou le laisser mourir de sa maladie.
En effet,
Dubois va avoir de nombreuses fois recours à la métaphore de la maladie
pour convaincre Araminte.
Il va personnifier cette maladie : « elle le ruine,
elle lui coupe la gorge », et y faire référence de nombreuses fois dans ses
répliques : « santé », « sa démence », « incurable ».
Même si Dubois
souhaite une conséquence positive à sa stratégie, il utilise des moyens
inhumains, comme le mensonge.
Toutefois, Dubois n’est pas le seul à avoir recours au stratagème pour
arriver à ses fins.
Araminte s’y prend elle aussi au jeu, mais cette fois, pas
de la même manière.
En effet, même si Araminte va encore un fois utiliser
le mensonge, c’est par le biais d’un outil de stratagème qu’elle souhaite
arriver à ses fins.
Effectivement, à l’acte II, scène 13, elle va recourir à
l’écriture d’un faux billet pour convaincre Dorante d’avouer ses
sentiments.
Ici, nous allons parler plus de ruse que de manipulation, car
Araminte ne va pas utiliser des mots, mais des sentiments.
Cependant,
nous remarquons qu’Araminte a recours à des méthodes cruelles pour
faire avouer Dorante.
La didascalie « d’un air délibéré », nous affirme bien
qu’Araminte joue avec Dorante.
De plus, elle fait rédiger le faux billet à
destinataire du rival de Dorante qui est Le Compte par Dorante lui-même.
On remarque ainsi des effets néfastes sur le piégé, de nombreuses
didascalies internes nous décrivent sa situation : « il souffre mais ne dit
mot », « il change de couleur ».
De plus, Dorante semble dérouté et
émotif, on le remarque par les nombreuses phrases interrogatives et
exclamatives : « eh ! pour qui, Madame ? », « Déterminée, madame ! ».
Ainsi, ce stratagème d’Araminte est cruel, tout comme celui de Dubois un
peu avant.
Nous pourrions alors nous poser la question suivante : quels
sont réellement les avantages d’un stratagème ?
Pour continuer, un stratagème malgré ses méthodes négatives
apportent de réels points positifs.
Il sert par exemple à la révélation de
sentiments.
C’est ce que nous avons pu voir dans la pièce Les Fausses
Confidences.
Effectivement, lors de la scène 13 de l’acte II, Araminte et
Dorante révèlent enfin leur amour.
Les déclarations amoureuses
réciproques font ainsi de cette scène l’acmé de la pièce en mettant fin aux
fausses confidences, aux ruses, manipulations et stratagèmes.
Alors qu’il
annonce leurs adieux, Dorante demande à Araminte de lui céder le
portrait d’elle qu’il a peint et qu’elle a touché.
L’audace de la demande
suscite l’exclamation de la jeune femme : « Vous donner mon portrait ! »
En effet, ce don de son image symbolise le don de son cœur.
Dans cette
scène, la tromperie est mise de côté et seul le pouvoir de l’amour
triomphe.
Araminte met donc fin à ses fausses confidences, et adresse à
Dorante la vraie confidence amoureuse qu’elle a voilée tout au long de la
pièce : elle l’aime également.
Cette déclaration amoureuse provoque chez
Dorante un trouble et une joie paroxystiques, comme l’exprime
l’exclamation tragique : « Je me meurs ! » dont l’assonance en « eu » fait
entendre des pleurs.
De plus, les didascalies accentuent cette révélation et
le corps accompagne la parole : « se jetant à ses genoux », chez ce
personnage spontané, qui souffrait des dissimulations, contrairement aux
autres personnages.
Nous remarquons ainsi, que le stratagème de Dubois
a bel et bien fonctionné et que ses conséquences ont été avantageuses.
Elles ont en effet permis la révélation de sentiments, mais aussi le
mariage entre deux personnages.
A ce propos, le stratagème a aussi
permis la révélation de sentiments dans d’autre œuvres de Marivaux
comme la pièce L’Heureux Stratagème.
Dans cette pièce, c’est grâce à un
stratagème que l’union entre Dorante et la Comtesse a lieu.
Même si la
ruse a blessé certains personnages, à la fin, c’est l’amour qui gagne.
Toutefois, les avantages d’un stratagème ne sont pas toujours
forcément sentimentaux.
Effectivement, un stratagème peut avoir des
avantages sociaux.
Par exemple, dans l’œuvre Les Fausses Confidences,
Dorante est ruiné et en épousant Araminte, il pourra monter dans l’échelle
sociale.
C’est lors de la scène 2 de l’acte I que nous comprenons cela.
En
effet, lorsque Dorante fait son portrait à Dubois, il dresse un portrait qui
insiste sur le statut social : « cette femme-ci a un rang », « liée avec
tout », « les finances ».
De plus, le stratagème permet ainsi à Dorante
d’avoir un mariage à la fois d’inclination mais aussi d’intérêts : « Elle a
plus de cinquante mille livres de rente, Dubois ».
En conséquence, Dubois
va établir de nombreux stratagèmes pour que son ancien maître puisses
monter dans l’échelle social.
Cependant, Dorante n’est pas le seul
personnage de la pièce qui souhaite grâce à un stratagème avoir des
avantages sociaux.
Par exemple, la mère d’Araminte veut elle aussi que sa
fille élève son rang social.
Araminte appartient à la grande bourgeoisie des
financiers et sa mère souhaite tirer profit de cette fortune pour la marier
au Comte.
Mais Araminte....
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