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Dissertation Le Menteur "La pièce de Corneille, Le Menteur, peut-elle être considérée comme un éloge du théâtre ?"

Publié le 29/04/2025

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« La pièce de Corneille, Le Menteur, peut-elle être considérée comme un éloge du théâtre ? Corneille, l’un des plus grands dramaturges du XVIIe siècle, est surtout connu pour ses tragédies.

Cependant, il écrivit également des comédies, et c’est peut-être parmi elles qu’on trouve un éloge de son art, le théâtre.

C’est surtout dans Le Menteur, publié en 1644 qu’on semble voir ce tribut.

Cependant, on se demandera si la pièce de Corneille, Le Menteur, peut être considérée comme un éloge du théâtre.

Pour répondre à cette interrogation, nous étudierons dans un premier temps comment Corneille crée du théâtre à travers les mensonges de Dorante. Puis nous verrons en quoi le spectateur, complice des mensonges, est investi davantage dans la pièce.

Nous verrons finalement que la pièce dévoile les limites des mensonges de Dorante comme une pièce de théâtre dévoile son dénouement. En effet, comme son nom l’indique, la pièce met en scène Dorante, un menteur endurci.

Ces mensonges, cependant, sont créés et racontés par Dorante tels une pièce de théâtre, est racontée par le dramaturge. Comme le dit Cliton à l’acte I, scène VI, Dorante « [rêve] en parlant ».

Il aime imaginer les histoires qu’il conte au fil de l’eau, ce qui laisse entendre que Dorante aurait un certain talent artistique et d’improvisation quant à la création de ces mensonges.

Celui-ci, lorsqu’il ment – c’est-à dire pendant tout la pièce – donne vie à des histoires fantaisistes pour épater la galerie.

Ces histoires sont bien faites, car Dorante est cru, en témoigne la scène V de l’acte I lorsqu’Alcippe part « [mort] de jalousie » après que Dorante a affirmé avoir donné la fameuse collation.

Ces mensonges sont aussi comiques, aussi bien pour le spectateur que pour Cliton, qui finit par rire des mensonges aberrants de Dorante dans l’acte V, scène V lorsqu’il ironise « Il faut bonne mémoire après qu'on a menti.

» en parlant du mensonge dans le mensonge qu’a servi Dorante à son père dans la scène précédente.

Ces qualités sont reconnaissables à celles d’un dramaturge lorsqu’il écrit une pièce de théâtre, elles sont ici prêtées intentionnellement à Dorante.

Les mensonges de Dorante sont donc présentés ici comme une représentation théâtrale, qui, bien pensés et bien construits, font rire le spectateur de la même façon. Cependant, le rôle de Dorante ne se limite pas à imaginer les histoires, il les conte également, faisant de lui non seulement un dramaturge, mais aussi un metteur en scène et acteur de sa propre vie. Celui-ci interprète sa propre vie pour la rendre plus belle, plus captivante, plus séduisante.

Il s’inspire de ce qui lui est réellement arrivé et de ce qu’il entend quand il invente, tels le dramaturge et le metteur en scène lors de la représentation de la pièce.

Dorante se met également en scène lors de ses mensonges, car le texte et les didascalies, notamment concernant les interactions physiques entre Dorante et Cliton, incitent une mise en scène de la pièce exagérant les mensonges pour les rendre ridicules.

Montrant que le personnage lui-même joue un rôle dans sa représentation de sa vie.

Sachant que Dorante représente le dramaturge, le metteur en scène et l’acteur, les autres personnages ne sont alors plus que le public de ses mensonges.

Cependant, ceux-ci ne sont même pas au courant des mensonges, tels les spectateurs qui jouent leur rôle de spectateur, en ressentant des émotions comme s’ils ne savaient pas que tout est faux ; comme l’explique Diderot dans son Paradoxe sur le comédien.

Le menteur est donc ici élevé au rang de dramaturge, de metteur en scène et d’acteur par la qualité et le comique de ses mensonges, ainsi que par le jeu de scène du comédien qui le représente. Mais si Dorante s’élève au-delà de sa qualité de personnage, il n’en reste pas moins un tout de même.

Et le spectateur de la pièce s’y retrouve plus impliqué de d’habitude, et ce, pour plusieurs raisons.

En effet, le spectateur de la pièce se démarque des personnages à qui Dorante raconte ses histoires, car il est mis dans une position d’omniscience grâce à la scène d’exposition, où la vérité sue l’histoire et les intentions de Dorante « D'hier au soir seulement vous êtes dans la ville, Et vous vous ennuyez déjà d'être inutile ! » sont révélées par une double énonciation de Dorante.

Cette position d’omniscience permet au spectateur de suivre l’histoire plus facilement, et donc de s’amuser plus facilement du comique des mensonges.

Ce dernier a donc le sentiment qu’il sait tout, ce qui peut le rendre plus impliqué dans la pièce.

Mais ça n’est pas tout.

En effet, comme le public de Dorante connaît la vérité sur ses mensonges, la situation de ce dernier se rapproche d’autant plus du théâtre, car ses spectateurs savent que tout est faux, tout comme les spectateurs d’une comédie.

Le public lui-même augmente donc luimême le rapprochement entre le mensonge et le théâtre. Cette situation de théâtre dans le théâtre donne un résultat de mise en abyme très visible, ce qui est un autre ressort comique assez efficace. En effet, lorsqu’on assiste à la pièce, on voit un personnage jouer la comédie de sa propre vie.

On retrouve également durant la pièce différents éléments-clés du théâtre au sein de la représentation que nous avons déjà abordés.

Cependant, le public prend lui-même part au spectacle, car on peut voir le personnage de Cliton comme une extension du public.

Tous deux savent la vérité sur.... »

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