Dissertation juste la fin du monde: les crises
Publié le 09/02/2023
Extrait du document
«
Juste la fin du monde est une pièce de théâtre écrite en 1990, par
Jean-Luc Lagarce, un acteur, directeur de théâtre et dramaturge français.
Il est né en 1957 et mort en 1995, après avoir été atteint du SIDA.
Il a
écrit Juste la fin du monde l’année où il a appris sa maladie.
Sa pièce
relate l’histoire d’un homme, Louis, qui retourne voir sa famille après de
longues années pour leur annoncer son décès prochain.
Tout comme La
machine infernale, écrite par Jean Cocteau, et Tous des oiseaux, écrite par
Wajdi Mouawad, cette œuvre met en avant les crises personnelles et
familiales qui peuvent être présentes dans certains foyers.
Souvent ces
crises se traduisent par une crise du langage, lorsque les personnages
pulvérisent le langage, en l'appauvrissant et le vidant de tout sens.
En
quoi les situations de crises personnelles et familiales dans les pièces de
Lagarce, Mouawad et Cocteau trouvent-elles leur expression dans une «
crise du langage » ? Nous verrons, dans un premier temps, le langage,
une parole violente au sein de la famille puis une parole abstraite aux
yeux des spectateurs.
Les crises tant personnelles que familiales sont très présentes dans
Juste la fin du monde où on peut voir que de nombreux problèmes
touchent une famille où ils l’expriment à travers le langage.
Mais ce
langage devient vite violent, allant jusqu’à des extrêmes et montrant la
difficulté aux personnages de communiquer normalement.
Premièrement, tout au long de la pièce, les personnages se disputent
constamment, en se criant les uns sur les autres, très violemment.
Ils
nous donnent l’impression que c’est leur moyen de communication.
Il est
rare de les voir discuter de façon calme car dès qu’ils doivent faire face à
un ennui ou faire allusion à un problème qu’il y a eu auparavant, de suite
ils ont recours aux hurlements.
Cela n’arrange pas leurs désaccords
puisqu’ils aggravent la situation, en amplifiant les tensions.
Ce n’est plus
une discussion qu’il y a entre les personnages mais plutôt un dialogue à
travers des cris.
Il n’y a même plus de respect entre eux et aucun n’a
l’intelligence de de se calmer.
Même s’ils essaient ou du moins, ils ont la
volonté de régler leurs problèmes, les disputes ne sont pas le meilleur
moyen pour y arriver.
Le spectateur comprend que les personnages
traversent chacun des crises à travers justement ces disputes.
Elles sont
donc une manière pour eux de nous les exprimer.
Par exemple, dans Juste
la fin du monde, dans la scène 2 de la deuxième partie, tous les
personnages se querellent, sont en désaccord et cette chamaillerie est
visible tout au long de la scène dès qu’il y a une discussion familiale.
La
discussion devient alors une source de conflits, où tout le monde se
dispute.
Aussi, dans La machine infernale, dès le début, le soldat et le
jeune soldat se disputent car ce dernier ne supporte pas d’attendre et de
surveiller si le Sphinx arrive.
Cette querelle durera même en présence du
chef où ils se contrediront.
Ensuite, on peut remarquer que les personnages ne savent pas employer
des mots appropriés pour s’adresser à leur famille.
Ils ont constamment
recours aux insultes et aux grossièretés pour montrer leur désaccord.
Cela
montre au spectateur qu’ils ne se respectent pas entre eux.
L’emploi des
insultes donne l’image d’une famille qui ne sait pas parler correctement,
où la parole doit toujours être violente lorsque deux personnages ne
s’entendent pas.
Ce qui est le plus surprenant c’est que les insultes sont
normalisées dans ces pièces, comme si c’était une habitude.
À aucun
moment, le personnage semble déconcerté d’entendre de telles
grossièretés.
Les insultes prouvent dans un premier temps le manque de
vocabulaire de tous car finalement ils ne savent pas exprimer leurs avis et
cela les frustre, et dans un second temps, le manque de compréhension
entre eux car pour se faire entendre, ils pensent qu’en insultant, c’est le
meilleur moyen alors que ça ne prouve que l’agressivité des paroles et des
actes.
Par exemple, dans Tous des oiseaux, dans la scène 9, Leah et
Wahida se font des reproches l’une à l’autre en s’insultant.
Elles ne
parviennent pas à communiquer sans qu’il y ait des grossièretés.
Aussi,
dans Juste la fin du monde, à la scène 9, une dispute explose entre
Antoine et Suzanne où chacun d’eux s’insultent pour se faire entendre,
mais toujours de façon violente.
Enfin, on peut remarquer qu’à n’importe quel moment de la pièce, les
personnages se font des reproches.
Ils ne parviennent pas à bien
s’entendre car à chaque fois, ils se sentent obligés de faire remarquer ce
qui ne leur plait pas, soit dans l’attitude, soit dans les paroles des
membres de leur famille, et donc de les attaquer verbalement.
C’est à
partir de ces reproches que se créent les tensions car tous vont avoir
envie de se défendre, d’attaquer à leur tour.
Les crises familiales
s’intensifient donc.
Les personnages renvoient comme image au
spectateur qu’ils sont dans l’incapacité de faire remarquer leur désaccord
sans qu’il y ait d’agressivité et de brutalité.
Même s’il n’y a pas de gestes
déplacés, les personnages montrent leur colère à travers de leurs
reproches.
Du point de vue du spectateur, il y a une impression qu’aucun
n’a envie de passer de bons moments, de faire abstention des erreurs de
chacun ne serait-ce que le temps d’une discussion.
C’est le cas dans la
scène 3 de Juste la fin du monde lorsque Suzanne retrouve son frère
après douze ans d’absence.
Au lieu de profiter de lui, elle lui fait sans
cesse des reproches sur le fait qu’il soit parti et qu’il ne leur donnait que
très peu de nouvelles à travers des lettres hellénistiques.
Également, dans
Tous des oiseaux, David ne cesse de reprocher à son fils Eithan de s’être
mis en couple avec une arabe alors qu’ils sont juifs et qu’ils sont censés
être en guerre.
Donc, on a pu voir que dans ces familles, la parole est souvent utilisée
comme un acte violent, visant à montrer leur opposition face à leurs
proches à travers les disputes, les insultes et les reproches.
Après avoir analysé en quoi la crise du langage se traduisait par un
langage agressif, nous allons voir comment les crises familiales et
personnelles peuvent trouver leur expression dans une paroles abstraite.
Cette parole, qui peut être brutale, peut prendre plusieurs formes et
être trop absente.
C’est justement pour cette raison que les crises
familiales et personnelles sont présentes car la communication sera alors
absente.
Premièrement, dans la pièce, tous les personnages entre eux ne se disent
pas ce qu’ils pensent ou ressentent.
On peut voir qu’il y a alors un échec
du dialogue entre tous les personnages.
Ils refusent de s’écouter entre
eux, d’accepter la critique ou bien de laisser sa famille parler.
Cela amène
à une communication très restreinte qui ne leur permet pas d’apaiser les
conflits.
Ils montrent au spectateur qu’il est préférable que personne ne
tente de parler, pensant que cela évitera les conflits alors que ça ne fait
que les retarder.
Par exemple, dans la scène 11, Antoine dit clairement
qu’il n’a aucune envie écouter ce qu’a à dire Louis, ce qui l’interrompt et
finit par ne rien dire.
Cela marque encore que les personnages ne veulent
pas se parler, accentuant la crise familiale.
Aussi, les personnages ne
veulent pas entendre ce que l’autre personne a à dire comme s’il avait
peur....
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