dissertation juste la fin du monde La parole théâtrale permet-elle de révéler l’entièreté de la crise du langage ?
Publié le 06/04/2024
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«
Dissertation
Dans sa pièce de théâtre Juste la fin du monde, Jean Luc Lagarce explore
l’incapacité à communiquer de ses personnages.
La question du langage soulevée par
Marivaux et Ionesco est l’une des thématiques que l’on peut retrouver dans son
œuvre.
Ce langage peut se retrouver dans diverses autres pièces comme Trois petites
sœurs de Suzanne Lebeau paru en 2017, l’un des personne, Alice, en fait référence “Ils
sont là, avec moi, les personnages de l’histoire.
Je les laisse se présenter eux-mêmes.
Ça, ils peuvent le faire.
Ils peuvent raconter… aussi… Mais si je les laisse seuls, tous les
quatre, ils ne pourront pas dire le plus important.
Il faut du temps, beaucoup de temps
pour trouver les bons mots et les bons silences.” Les mots au théâtre permettent-ils
de dire “le plus important” ? La parole théâtrale permet-elle de révéler l’entièreté de
la crise du langage ? Nous verrons donc comment les mots peuvent être un dialogue
prédominant et que malgré tout, la crise est au-delà des mots mais aussi dans la parole
théâtrale.
Les mots autrement dit les répliques entre les personnages transmettent au
public les émotions, les tensions.
Dans le théâtre, les mots appelés répliques des personnages ont tout d’abord
un but premier celui de raconter l’intrigue de la pièce.
Les dialogues peuvent
également faire passer des messages clairs et explicites tels que des reproches lors de
disputes : il s’agit du moyen le plus simple et le plus explicite pour faire comprendre
son mécontentement.
Mais, cela peut aussi passer par les confidences des
personnages.
Par exemple dans la tirade de Suzanne dans Juste la fin du monde elle
exprime ses sentiments et ressenti envers son grand frère parti de la maison familiale
: “SUZANNE.
— Nous éprouvons les uns et les autres, ici, tu le sais, [...] une certaine
forme d'admiration, c'est le terme exact, une certaine forme d'admiration pour toi.”
Dans, cette citation de la première partie et scène 3, Suzanne, la fille cadette de la
famille éprouve une certaine admiration, elle l’exprime donc par les mots, de plus
chaque spectateur peut en tirer son propre ressenti vis-à-vis des répliques des
personnages.
Ensuite, grâce aux répliques et notamment les monologues, les spectateurs ont
directement accès aux pensées des personnages, ainsi on peut en déduire leur
tourment mais aussi leurs émotions les plus intimes.
“Médée -- Ou veux-tu tomber, ô
ma colère, ou sur quel perfide ennemi diriges-tu tes traits ?” dans cet extrait du
monologue de Médée à l’Acte V, scène 1 de la pièce de Sénèque appelé Médée, le
personnage principal nous dévoile son ressenti envers une situation et le dramaturge
utilise donc les mots comme un outil de révélation des émotions, en particulier avec
des répliques courtes et percutantes comme des questions rhétorique pour interpeler
et faire réagir des spectateurs qui peuvent s’interroger eux-mêmes par la suite.
On
peut donc en faire un lien avec la catharsis défini par Aristote qui désigne une
purification des sentiments par le ressenti de celles-ci et par le biais des émotions des
personnages.
Les répliques laissent donc transparaître les tourments intérieurs des
personnages.
Ce dilemme cornélien peut également se retrouver dans la tragédie
qu’est Juste la fin du monde : “ma mort prochaine et irrémédiable, l’annoncer moimême, en être l’unique messager”.
Dans le prologue, le personnage Louis annonce le
dénouement de la pièce, de plus le mot messager est donc emprunté à ce genre
littéraire car cela respecte la règle de bienséance.
L’acteur ne doit pas choquer le
spectateur et donc la mort des personnages ne doit pas être dévoilé sur scène.
Enfin, à travers la double énonciation présente dans le théâtre, ce procédé qui
permet de communiquer à deux niveaux en même temps : entre les personnages sur
scène, et avec le public.
Cela créée des effets de décalages entre ce que sait le public,
et ce que savent les personnages.
Un aparté informe par exemple un personnage et le
public, mais laisse d’autres personnages dans l’ignorance : “Elle pense qu’elle va être
Antigone tout à l’heure [...].”.
Dans cette tragédie, Antigone est liée par le destin à la
fatalité, on nous apprend donc dans cette citation de la pièce de théâtre de Jean
Anouilh (Antigone) tirée du prologue que le dramaturge fait une distinction entre les
personnages et les acteurs.
Ainsi, à travers les mots, il peut se cacher deux messages :
un premier pour le personnage afin de faire avancer l’intrigue et un second pour le
public qui permet d’exprimer un tout autre sens de la pièce.
Dans diverses œuvres au théâtre les mots sont essentiels afin d’exprimer “le plus
important”, cela peut se traduire par l’expression des sentiments, mais aussi des
pensées des personnes et afin par une adresse directe au spectateur.
Malgré tout, les mots ne sont pas toujours suffisants alors il existe d’autres
procédés possibles au théâtre.
À travers, les mises en scène d’une pièce de théâtre, les acteurs peuvent faire
passer un message ou encore l’intrigue au public car une pièce est destinée à être joué
et non être lu.
Ainsi dans Juste la fin du monde, le dramaturge, Jean-Luc Lagarce,
laissent les didascalies aux personnages.
“ANTOINE -- Suzanne, s’il te plaît, tu le laisses
avancer, laisse-le avancer.” Dans cette réplique du frère cadet, les spectateurs
comprennent la mise en scène et ainsi peuvent en déduire le caractère des
personnages par leur attitude.
En effet dans cette scène, on comprend donc que
Suzanne semble être une personne assez active et impatiente.
En revanche, Antoine
nous apparaît comme étant assez autoritaire et dure.
Ainsi, le caractère des
personnages peut nous faire passer un message implicite.
Et les expressions faciales
facilitent la compréhension pour les spectateurs car on peut ressentir les mêmes
émotions et les comprendre.
Lors d’une représentation d’une pièce de théâtre, les choix du metteur en scène
concernant les sons, et le visuel comme les décors, les costumes ou encore la lumière
sont des indications très importantes pour le public.
Dans la pièce On ne badine pas
avec l’amour de Alfred de Musset on retrouve des indications pour la mise en scène
directement dans les répliques d’un personnage : “D’où venez-vous, Pluche ma mie ?
Vos faux cheveux sont couverts de poussière, voilà un toupet de gâté, et votre chaste
robe est retroussée jusqu’à vos vénérables jarretières.” Dans cet extrait de l’acte I,
scène 1, le chœur fait une remarque à Dame Pluche, celle-ci ayant accouru chez le
baron après l’annonce du retour de Camille du couvent.
Ce sont donc des indications
très importantes pour le metteur en scène car la rapidité et la précipitation sont mis
en avant par le choix du costume.
Il en est de même dans la scène 4 de l’acte III : “Dame
Pluche est pâle de terreur ; ses cheveux tentent de se hérisser, sa poitrine siffle avec
force et ses doigts s’allongent en se crispant.
“ Toutefois, il s’agit....
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