Dissertation horloge de Baudelaire
Publié le 04/11/2023
Extrait du document
«
Ce poème de Charles Baudelaire, qui s’intitule « l’Horloge »
est un extrait de son recueil Les Fleurs du Mal publié en 1857.
Il
fait alors scandale et est interdit, avant d’être finalement publié
dans l’édition de 1861.
Baudelaire, grand poète du XIXe siècle, se
situe à la croisée des mouvements romantique et symboliste.
Il
initie ainsi le mouvement symboliste : selon lui, le langage
poétique est une façon d’accéder à la Beauté et à un monde idéal;
que la réalité révèle et masque à la fois.
Le poème se compose de
six quatrains en rimes embrassées avec des alexandrins.
«l'Horloge» est un "Memento mori", qui crie « Souviens-toi que tu
mourras.
».
Cette locution latine désigne ce genre de créations
artistiques picturales (les Vanités) et littéraires, dont le but premier
est de rappeler aux hommes qu'ils sont mortels.
Ainsi nous nous demanderons comment ce poème participe-t-il
à caractériser l’angoisse et le Spleen de Charles Baudelaire.
D’abord, nous pouvons détacher un premier mouvement avec
les deux premières strophes, qui font passer le temps pour un
ennemi redoutable, effaçant les moments de joie.
Les deux
quatrains suivants nous invitent quant à eux à profiter de chaque
instant.
Pour finir, les deux dernières strophes nous mènent vers
une victoire du temps, et donc de la mort.
Le poème débute par une apostrophe de l’horloge, ici
allégorie du temps: « Horloge !».
Le point d’exclamation vient ici
créer une tonalité violente, polémique.
L'horloge est personnifiée
et diabolisée au vers 1: « dieu sinistre ».
Le terme « dieu » montre
la supériorité de l'horloge sur les hommes, elle impose sa loi aux
Hommes.
Ce n'est pas une loi plaisante, comme le montre
l'adjectif « sinistre » au même vers.
L'énumération des trois
adjectifs négatifs «sinistre, effrayant, impassible» au v.1 lui
confèrent un aspect particulièrement horrible.
Impassible signifie
en effet que ce dieu n'a aucune pitié, et que la souffrance de
l'homme lui est indifférent.
Les allitérations en S très nombreuses
accentuent cette sensation de menace; elles prennent place dès le
début du poème et on les retrouve tout du long : « sinistre,
impassible, menace, cible , sylphide, coulisse, délice, instant...
»
Les allitérations construisent phonétiquement une atmosphère
sinistre et grinçante.
Cette incarnation du temps prend la parole au
vers 2, avec ces guillemets qui marquent le début d'un dialogue.
Il
s’agit d’une prosopopée, procédé que l’on retrouve fréquemment
dans Les Fleurs du Mal car il permet d’aller plus loin dans la
personnification.
Nous pouvons d’ailleurs noter que les guillemets
resteront ouverts tout au long du poème.
Au vers 2, le «doigt» du
dieu, du temps, qui est hostile, pourrait correspondre au doigt du
Dieu de l’Ancien Testament mais aussi, plus simplement, à
l’aiguille de l’horloge.
C’est comme si elles devenaient des
couteaux et transperçaient le cœur de l'homme ; la violence de la
blessure est traduite par le verbe planter, qui montre bien l'idée
d'une plaie à vif.
Le deuxième quatrain montre que le temps chasse les plaisirs.
Comme en réponse à "Douleur" du vers 3, le mot "Plaisir" au vers
5 a une majuscule, et l'adjectif qui le qualifie commence par un
« v » (« vibrantes Douleurs » / « Plaisir vaporeux »).
Cela
souligne l'antithèse entre ces deux notions.
L'adjectif « vaporeux »
évoque quelque chose qu'on ne peut retenir, comme une vapeur
qui s'envole.
Le plaisir, l’Idéal est aérien.
Au vers 7 et 8, le temps
ronge l'existence, et particulièrement ses moments heureux,
comme le montre la métaphore : « Chaque instant te dévore un
morceau du délice ».
Le temps est animalisé, car « dévorer » est
un verbe utilisé pour les animaux, et non pour les humains.
La
répétition de « chaque » sur les deux vers insiste quant à elle sur
l’universalité du temps qui passe, mais aussi sur la manière
spécifique de chacun de le ressentir.
Le mot saison au vers 8 est
encore une allusion au temps : le délice n'est accordé que pour une
saison, donc possède fatalement une durée limitée.
Le poète est obsédé par ce temps qui passe, le champ lexical
du temps est omniprésent dans tout le poème.
Au vers 9 (« Trois
mille six cents fois par heure »), la progression du temps répond à
une loi mathématique, donc que l'on ne peut changer : c'est une loi
de la nature.
Différentes unités du temps sont citées dans le poème
: "seconde", "minute", "heure", "jour", "saison".
Baudelaire veut
dresser un tableau le plus complet possible.
Dans les vers 9 et 10,
le temps s’adresse directement à l'homme : “la Seconde
chuchote”, donnant ainsi une personnification.
L'objet devient
également un animal avec la métaphore filée de....
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