Dissertation cahier de Douai Rimbaud
Publié le 17/11/2024
Extrait du document
«
Séquence poésie : Cahiers de Douai, Rimbaud
Sujet : Le processus d'émancipation par la création passe-t-il toujours dans les
Cahiers de Douai par une poésie qui se libère des conventions sociales, morales et
artistiques en rompant avec la tradition ?
En 1895, dans la préface pour les Poésies complètes de Rimbaud, Verlaine évoque,
au sujet de Rimbaud, le voeu “d'indépendance et de haut dédain de n'importe quelle
adhésion à ce qu'il ne lui plaisait pas de faire ni d'être“.
Il souligne ainsi la personnalité du
jeune poète qui n'hésite pas à s’affranchir des normes et règles littéraires classiques pour
laisser libre cours à sa création.
En effet, en 1870, lorsqu’il écrit ses premiers poèmes,
publiés ensuite sous le nom des Cahiers de Douai, Rimbaud n’a que seize ans.
Le très
jeune poète est connu pour son désir d’émancipation, tout d’abord familiale via ses multiples
fugues, mais aussi littéraire.
En effet, le poète innove dans ses thèmes et dans la forme.
Le
mot “émancipation” suggère l'idée de s'affranchir d'une forme d'autorité.
Il peut s'agir d'une
prise de liberté par rapport à une autorité parentale ou par rapport à certaines conventions
artistiques pour créer quelque chose de nouveau.
Par “convention”, on entend en général ce
qu'il est convenu de penser, de faire, dans une société.
A cette idée s’ajoutent les “traditions”
qui, elles, représentent des habitudes, ici artistiques, transmises au fil du temps.
Le mot
«création» désigne l'action qui consiste à concevoir quelque chose de nouveau.
Cela peut
être un être, un événement, une œuvre ou encore un monde.
Nous pouvons donc nous
demander si le processus d'émancipation par la création passe toujours dans les Cahiers de
Douai par une poésie qui se libère des conventions sociales, morales et artistiques en
rompant avec la tradition.
Pour cela nous verrons tout d’abord que Rimbaud se rattache à la
tradition dans sa poésie de jeunesse.
Toutefois, il y a une modernité et une volonté de
prendre des distances par rapport à cette tradition chez Rimbaud à travers l’audace formelle
mais aussi à travers ses thèmes.
En effet, Rimbaud dans les Cahiers de Douai s'inscrit dans une tradition poétique
héritée de ses prédécesseurs.
Premièrement, parmi les thèmes présents dans l'œuvre,
nombreux sont courants en poésie.
C'est le cas du thème de l’amour.
En effet, cette
thématique est présente dans des poèmes tels que “Première soirée”, “Les réparties de
Nina”, “Rêvé pour l'hiver “, “ La Maline” et “Roman “.
On y retrouve un champ lexical de
l'amour avec les termes “ baiser “, “ je t'aime”, “ amoureux “ ou encore “ adorée “.
Il révèle
aussi avoir une certaine culture mythologique, dans “Soleil et Chair”, Rimbaud fait référence
à des figures telles qu’Ariane, Cybèle, Astarté ou encore Aphrodite.
Dans “Vénus
Anadyomène ”, le poète revisite la naissance de Vénus.
De plus, le poète semble avoir une
certaine culture littéraire Européenne.
Par exemple, dans “ Ophélie “ il propose une
réécriture de la pièce Hamlet de Shakespeare et, dans «Le châtiment de Tartufe » il reprend
le célèbre personnage de Molière pour faire une critique de l’hypocrisie religieuse.
La
critique de Napoléon III est aussi un thème plutôt récurrent dans la poésie du XIXème siècle,
en particulier présente dans la poésie de Victor Hugo.
Dans “ Rage de Césars “, Arthur
Rimbaud dresse un portrait moqueur de Napoléon III emprisonné.
Il est notamment désigné
par la périphrase « l'homme pâle » qui ne le présente plus comme un conquérant.
Cette
critique du second Empire se retrouve aussi dans “Le Forgeron”.
Enfin, sa culture classique
est perceptible tout au long des Cahiers de Douai, notamment quand il traite la figure de la
muse dans “Ma Bohème”, qui pourrait être interprétée comme une force qui pousse le poète
à chercher la liberté et l'évasion à travers ses voyages et ses expériences ; Musset lui aussi
a exploré la figure de la muse dans des œuvres comme "La Nuit de mai".
Rimbaud s'inscrit également dans cette tradition sur le point stylistique de ses
prédécesseurs.
En effet, cela se ressent dans le choix d'une poésie versifiée et rimée ainsi
que dans le recours à l’alexandrin et au décasyllabe.
De plus, il utilise la forme traditionnelle
du sonnet.
Sur vingt-deux poèmes, douze sont des sonnets.
Ces choix stylistiques sont un
héritage de la Renaissance.
Ces formes poétiques classiques ont été popularisées et
perfectionnées par des poètes tels que Ronsard et du Bellay.
D'autre part, Rimbaud reprend
dans certains poèmes comme “Le Bal des pendus” la forme poétique médiévale de la
ballade.
Ce poème, à commencer par le titre, est une référence à François Villon et son
poème la “ Ballade des Pendus”.
De plus, dans “Le forgeron”, Rimbaud va jusqu'à reprendre
la forme de l’épopée en faisant des révolutionnaires de 1789 des véritables héros d'épopée.
Dans sa poésie de jeunesse Rimbaud perpétue donc bien une certaine tradition, autant
dans les idées que dans la forme.
Ainsi Rimbaud se rattache à la tradition dans la poésie de
jeunesse en conservant certaines formes poétiques classiques et sa culture sûrement en
partie scolaire classique se retrouve dans les thèmes qu’il aborde.
Mais il y a malgré tout
une modernité et une volonté de prendre des distances par rapport à cette tradition chez
Rimbaud.
Rimbaud dans les Cahiers de Douai apporte tout de même une modernité à sa
poésie, une volonté de prendre des distances, de s'émanciper par rapport à cette tradition.
Tout d’abord à travers de l’audace formelle.
En effet, bien que Rimbaud conserve certaines
formes poétiques classiques telle que le sonnet, ce dernier en modifie le rythme et invente
un nouveau rythme.
Tout d’abord, il déstructure le vers en employant des coupes non
classiques comme les rejet, les contre rejet et les enjambements.
Par exemple on retrouve
de nombreux rejets comme dans “Le dormeur du val” avec “Et la nuque baignant dans le
frais cresson bleu, Dort” où le mot “Dort” déborde sur le vers suivant ; ou encore des contre
rejets comme dans “Vénus anadyomène” avec “une tête” qui prend place au vers précédent
alors qu’il appartient au groupe de mots du vers suivant.
Et les enjambement ainsi que la
ponctuation forte casse le rythme, par exemple, dans “L'Éclatante victoire de Sarrebrück”, le
dernier vers ne respecte pas la césure puisque le vers est clairement découpé par les
virgules et les tirets: “ Se dresse, et, - présentant ses derrières -: “De quoi?...”“.
De plus,
Rimbaud, s’il choisit souvent le sonnet, il ne respecte pas systématiquement la versification
régulière.
Ainsi, dans les quatrains, les rimes sont très souvent croisées, au lieu d’être
embrassées, et différentes dans chacun, comme dans “ La maline “ ou “ Au Cabaret-Vert,
cinq heures du soir “.
Par ailleurs, Rimbaud s'émancipe des conventions poétiques en introduisant dans sa
poésie un vocabulaire nouveau jusqu’ici interdit, rompant ainsi avec la tradition poétique qui
privilégiait un langage plus formel et soutenu.
Dans les Cahiers de Douai, Rimbaud, encore
adolescent, explore un langage très personnel et parfois même enfantin.
À travers ses
poèmes, on retrouve une spontanéité et une fraîcheur qui rappellent parfois le langage de
l'enfance.
Cela se manifeste notamment à travers l'utilisation de mots simples, de sonorités
ludiques et d'images naïves.
En....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Synthèse – Fiche d’identité de l’œuvre – Les Cahiers de Douai – Arthur Rimbaud
- FRANCAIS - dissertation site - Ainsi soit-elle (1975), l'auteure féministe Benoîte Groult
- Sujet de dissertation : La Peau de chagrin est un roman fantastique , classé dans les Études philosophiques, et écrit par un écrivain que la tradition classe parmi les réalistes. Comment qualifieriez-vous La Peau de chagrin ?
- Dissertation: Toute politique n'est-elle qu'une lutte pour le pouvoir ?
- Vénus Anadyomène, Arthur Rimbaud