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Dans Gargantua , le rire est-il incompatible avec le savoir ?

Publié le 04/04/2024

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« Dans Gargantua , le rire est-il incompatible avec le savoir ? La période du XVIeme siècle marque, pour les auteurs humanistes, une réelle source d'inspiration avec notamment un retour aux sources antiques, caractère très présent dans Gargantua.

En effet, cette œuvre écrite en 1542 par François Rabelais, éminent écrivain français humaniste de la Renaissance, raconte l'histoire d'un géant en quête de savoir et d'une formation intellectuelle nécessaire à son devenir de roi.

Ainsi Rabelais, dans Gargantua, invite son lecteur à avoir une seconde approche en lisant son œuvre "à plus haut sens" afin d'en "sucer la substantifique moelle" et d'en tirer la "quintessence" intellectuelle. Pour ce faire, des sujets humanistes et fondamentaux y sont soulevés tels que la guerre, l'éducation, l'usage du pouvoir...

Nous nous interrogerons, sur la compatibilité du rire et du savoir, en nous demandant si l'on peut les combiner et dans quelle mesure ils peuvent être associés.

Dans un premier temps nous verrons en quoi Gargantua est un roman comique, ensuite nous étudierons les aspects plus sérieux que contient l’œuvre.

En définitive, nous analyserons en quoi le rire et le savoir semblent liés. Au premier abord, le roman de Rabelais semble être un roman léger et humoristique. En effet, Rabelais joue sur le nom des personnages et le comique de caractère.

On voit ce procédé à travers tous ses personnages.

Le prénom « Lasdaller », illustre bien cela.

C'est un pèlerin et son nom est un jeu de mot qui signifie "Las d'aller", cela évoque qu'il n'a pas envie d'aller en pèlerinage car il n'y trouve au fond pas grand intérêt.

A travers Lasdaller, Rabelais se moque de la docilité et de l’oisiveté de certains fidèles au sein de l'Eglise, partant en long pèlerinage sans but concret, laissant leur famille derrière eux.

En outre, on observe également cette méthode, via le nom du protagoniste Gargantua.

Il signifie, "Que grand tu as", en parlant de son gosier.

C'est son père, Grandgousier, qui trouve ce nom suite à la naissance de son fils, un passage au cours duquel Gargantua manifeste son insatiable envie de boire.

Le nom de ce personnage transmet au lecteur l'humour burlesque et absurde de cette œuvre. Ainsi, les noms donnés dans l'ouvrage sont des outils intelligemment utilisés par Rabelais, afin de transmettre aux lecteurs la personnalité en plus de l'essence de ses personnages. Ensuite, l'œuvre de Rabelais présente des aspects comiques par les situations proposées.

Au début du roman on peut assister à la naissance de Gargantua par l'oreille gauche de sa mère ; l'absurdité de cette scène la rend comique.

Suite à cela, les premiers mots de Gargantua sont "à boire, à boire, à boire".

À peine né, la première chose à laquelle pense Gargantua est de convier tout le monde à boire avec lui alors que ce n'est qu'un nourrisson.

Durant son enfance, Gargantua va rechercher le meilleur «torche-cul» : cet épisode fait recours à l'héroïcomique avec les mots grossiers employés comme «chier», «trou du cul», qui font référence au plaisir enfantin.

Nous retrouvons aussi le registre de de farce avec le décalage entre les démarches scientifiques et le sujet abordé ainsi et les énumérations («couvre-chef, d’un oreiller, d’une pantoufle, d’une gibecière, d’un panier») des objets utilisés lors de l’expérience de Gargantua, ce qui provoque le rire.

En plus de cela, durant 7 chapitres les pèlerins sont critiqués.

Surtout par Frère Jean, le moine de l'abbaye, qui se moque de la naïveté des pèlerins en déclarant «bien rentré de piques!».

Après, le comique repose sur la disproportion entre les pèlerins et les géants mais aussi lorsque Gargantua urine sur les Parisiens.

Enfin, des mélanges de mots incohérents discréditent la religion comme «Saint-Genou».

Ainsi, le comique a une place importante dans ce livre grâce aux situations présentées.

(trop d’exemples peu exploités : proposer plutôt l’absurdité avec la naissance / la disproportion avec l’épisode du « déluge urinal ») Enfin, Rabelais joue constamment sur le langage afin de faire rire le lecteur.

En effet grâce au vocabulaire scatologique, il apporte le rire : on peut le voir dans le chapitre 13 sur le « torche cul » lorsque Gargantua essaye de trouver le moyen le plus agréable de s’essuyer le postérieur.

Rabelais utilise différentes formes de langage afin de diversifier la lecture et d’installer un ton comique Les noms donnés aux personnages participent ainsi à créer cet effet de ridicule.

Par exemple, l’auteur emploie des jeux de mots comme " que grand tu as" pour expliquer l’onomastique du protagoniste, dont il tire ensuite le néologisme "Gargantuesque ».

Ainsi, Rabelais crée notamment son propre langage, utilisé tout le long du roman.

Le rire passe dans ce roman par de la grossièreté et des jeux de mots plus recherchés. Nous avons pu voir les différents aspects comiques dans l'œuvre de Rabelais.

D'une part avec un choix de personnages atypiques mais aussi avec des situations proposées et un jeu permanent sur le langage.

Ainsi nous pouvons dire que le roman de Rabelais apparaît avant tout comme une œuvre essentiellement comique.

Cependant, les aspects comiques ne sont pas les seuls centres d’intérêt de l’ouvrage Malgré l'apparence comique de l'œuvre de Rabelais, celle-ci n'est pas en manque de sujets sérieux. Effectivement, il présente des thématiques qui nous invitent à réfléchir sur son époque.

C’est le cas notamment avec un des sujets forts du livre: l'éducation. Lors de ses premiers apprentissages, Gargantua est exposé à une éducation sophiste telle qu’elle était proposée au Moyen-age, qui est montrée comme néfaste par Rabelais.

Cet enseignement, que reçoit Gargantua ne lui fait entendre que des histoires lues par ses précepteurs sophistes, il apprend des textes, la religion, boit, mange et dort.

Cette éducation lui enlève sa capacité de réflexion.

Bien critiquée par Rabelais, à travers le déroulement du récit ainsi que les propos d'Alcofribas, cette éducation est vite remplacée pour un modèle plus exemplaire, plus ludique, qui convient bien mieux à l'apprentissage de Gargantua, une éducation humaniste, un mouvement du XVIeme siècle auquel adhère Rabelais.

Ainsi, par un contraste entre l'éducation de son époque, bien souvent inutile, et celle qui, selon lui devrait être la meilleure, il s’inscrit dans une réflexion sur son époque. (penser plutôt à la guerre François Ier / Charles Quint ; aux tensions religieuses) Ensuite, Rabelais aborde, dans son œuvre, des sujets intemporels.

En effet, on remarque que la guerre est un sujet récurrent dans Gargantua : ainsi Rabelais, par un sujet en apparence frivole, élabore une réelle analyse du pouvoir avec notamment la mise en évidence de ses dérives.

En outre, on propose la critique de Picrochole, l'image du mauvais roi, colérique, superstitieux et avide de "vaine gloire" opposé à Grandgousier, symbole du roi humaniste caractérisé par sa prise de décision rusée et intelligente, son pacifisme et sa gentillesse.

L'intemporalité de ce sujet réside, en effet, dans la question du pouvoir encore aujourd'hui très présente dans les débats sociétaux et conflits géopolitiques.

De plus, l'éducation qui est le thème central de l'œuvre reste également un sujet intemporel, Gargantua est en quête d'une formation intellectuelle nécessaire à son avenir de roi.

Ainsi, il reçoit d'abord l'éducation de précepteurs sophistes qui lui sont en réalité inutiles puisque ceux-ci prônent "la nourriture excessive, beaucoup de sommeil et peu d'étude" au chapitre 21, ainsi que l'apprentissage de textes inutiles et la pratique de jeux rétrogrades au chapitre 22.

Encore une fois, le sujet de l'éducation est intemporel car celui-ci est en perpétuelle évolution avec les nouvelles techniques éducatives, connaissances et apports technologiques propres à notre époque.

De plus l'éducation est également représentée comme un moyen d'éviter les dérives du pouvoir et, en effet, ceci est mis en évidence avec le fait.... »

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